Dadis Camara à la barre : « je ne voulais pas aller à Labé, mais… »

La 28ème audience dans le procès du massacre du 28 septembre 2009 s’est tenue hier, lundi 12 décembre 2022, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry). Et, c’est le capitaine Moussa Dadis Camara qui était à la barre. Dans sa déposition, l’ancien président du CNDD (conseil national pour la démocratie et le développement) a évoqué son voyage à Labé (dans la région de la Moyenne Guinée) à la veille du massacre du 28 septembre au stade du même nom à Conakry. Il assure qu’il ne voulait pas aller à Labé, en dépit de la demande qui lui avait été faite par les sages de la Moyenne Guinée. Mais, il est quand allé pour éviter d’être taxé de « président ethnocentriste » dans un pays où le repli ethnique et régionaliste est très répandu.

« Avant les événements du 28 septembre, j’ai reçu la visite des vieux sages du Foutah. Quand ils sont venus, au cours de laquelle visite, ces vieux sages m’ont demandé de leur rendre visite au Foutah. Chose qui n’a pas été facile. Parce que j’avais déjà un programme concernant le 28 septembre. La génération actuelle, c’est seulement la fête du 02 octobre qu’elle connaît. Les gens ne voient pas le 28 septembre. Le 28 septembre, les vrais compagnons de l’indépendance sont célébrés. Une journée de pardon et de recueillement. Dieu m’a donné cette initiative. C’est pourquoi j’ai fait passer un communiqué de journée chômée, payée et fériée. Et, qu’à cette occasion je fasse un discours ou ça devait se tenir pour rendre hommage aux compagnons de l’indépendance.

Avant d’aller à Labé, j’ai demandé au ministre de l’administration de faire de cette journée fériée. Et, j’ai donc pris courage d’aller au Foutah. Je ne voulais pas aller au Foutah. Pourquoi ? Parce que lorsqu’un homme prend le pouvoir, il faut d’abord se rendre dans ton village pour voir les parents, chercher leurs bénédictions. Mais, je me suis dit que pour éviter de tomber dans l’ethnocentrisme, si je refuse ces vieux sages du Foutah, ils vont dire que c’est parce ce n’est pas notre fils, c’est pourquoi il ne veut pas aller au Foutah. C’est ce qui m’a obligé moralement d’aller au Foutah.

Donc, à Labé, une réception qui a vraiment tenu toutes ses promesses. Ma délégation a perdu assez de temps. On est allés saluer les commandements. Il était presque 18 heures. Je me suis excusé, je viens à la station. Qu’est qui se passe ? On met du gasoil dans mon réservoir, à la place de l’essence. Donc, il fallait tout vider. Le temps de vider, nous sommes rentrés tard à Conakry dans la nuit du 28 septembre à 00 heure », a expliqué le capitaine Moussa Dadis Camara.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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