Affaire Oyé Guilavogui : la Cour suprême rabat le délibéré et renvoie le dossier au 24 janvier pour la réouverture des débats

Oyé Guilavogui, ex ministre d'État de l'Environnement des eaux et forêts

L’ancien Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts, Dr Oyé Guilavogui devait être fixé sur son sort ce mardi, 10 janvier 2023, à la Cour suprême par rapport à sa demande de mise en liberté. Mais la Cour suprême a décidé de rabattre le délibéré au 24 janvier, tout en ordonnant la réouverture des débats dans cette affaire. Motif invoqué ? Il y a une nouvelle composition de la Cour Suprême, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dr Oyé Guilavogui, ancien ministre des transports sous le régime d’Alpha Condé est poursuivi dans cette affaire devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment d’argent et corruption d’agents publics.

La chambre de contrôle de l’instruction de la CRIEF avait pris une ordonnance de placement sous contrôle judiciaire en faveur du prévenu ; mais le parquet, qui n’était d’accord avec cette ordonnance, s’est pourvu en cassation devant la Cour suprême. Au terme des débats devant la chambre pénale de la Cour suprême, cette affaire avait été mise en délibéré pour décision être prise ce mardi, 10 janvier 2023.

Mais la Cour Suprême en a décidé autrement, en rabattant le délibéré. Elle a ordonné de rouvrir les débats et renvoyé le dossier au 24 janvier prochain. Selon la Cour, qui dit être à la croisée des chemins, les raisons de la reprise des débats sont liées à la nouvelle composition de la Cour.

Une situation pas du goût de maître Salifou Béavogui, avocat du prévenu. « Je me sens abattu, je me sens triste, je me sens sérieusement effondré, touché dans l’âme, lorsque des innocents continuent à croupir en prison et que très malheureusement, la justice qui est le dernier rempart à mon avis, tarde à prendre une décision n’importe laquelle. Il faut que le droit soit dit. Il faut qu’on avance. Aujourd’hui, mon client monsieur Oyé Guilavogui est victime de son destin. Ce n’est pas parce qu’il a commis des infractions qu’on lui reproche, c’est parce tout simplement le rapport de force ne milite pas en sa faveur. C’est parce que tout simplement aujourd’hui, la situation a changé. C’est parce que tout simplement, il est resté près de onze ans, un des fidèles du régime défunt… Sinon, voilà 9 mois et quelques jours, aucune preuve n’a été administrée dans le dossier de la procédure qui atteste qu’il a détourné un seul centime de l’argent appartenant à l’Etat. On se contente simplement des proclamations, des affirmations et des références. On nous dit tout simplement qu’il a géré telle entreprise ou telle entreprise pendant qu’il était ministre, il a géré tel département, mais ça ne suffit pas. Ce n’est pas un crime ça. Gérer un département n’est pas un crime. Il n’y a aucune preuve, aucun rapport d’enquête, aucun d’audit qui vient établir une quelconque défaillance dans sa gestion, absolument rien. Malheureusement, on continue à le garder en prison. On peut même croire que c’est pour des raisons politiques parce qu’il était un des militants du RPG », a lancé Me Salifou Béavogui.

Plus loin, Me Salifou Béavogui accuse la Cour suprême de n’avoir pas voulu prononcer son arrêt dans cette affaire mise en délibéré depuis près d’un mois. « Nous sommes à la Cour suprême. Depuis deux mois, nous ne faisons que tourner et retourner, rien. Un dossier qui a été débattu et mis en délibéré. Le jour du délibéré, délibéré prorogé, une deuxième fois, délibéré prorogé et aujourd’hui encore on rabat le délibéré et on ouvre de nouveau les débats dans ce dossier. C’est pour gagner en temps, c’est pour continuer à le garder en prison. Pour moi, le délibéré aurait pu être vidé, et la vie continue. Parce qu’à mon avis, le changement dans la composition n’était que pour les dossiers qui n’ont pas été appelés, les dossiers qui n’ont pas été débattus, ce sont ces dossiers qui devaient attendre que la nouvelle composition prenne fonction pour redémarrer les nouveaux dossiers. Mais des anciens dossiers qui étaient déjà débattus et mis en délibéré pendant près d’un mois, mais une chose reste claire : à l’impossible, nul n’est tenu. Nous souffrons dans tous les sens, pour défendre la justice, pour défendre la liberté, mon client a un moral d’acier. Il est tranquille. Il met ce parcours là au compte du destin. Et c’est pour vous dire que moi qui suis son avocat, pas plus qu’aujourd’hui, j’ai introduit une requête devant la CRIEF et je suis sûr que cette requête devant la CRIEF va prospérer », martèle-t-il.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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