Conakry : 5 marins turcs jugés pour le trafic de 275 plaquettes de cocaïne

Cinq (5) ressortissants turcs comparaissent depuis plusieurs semaines devant le tribunal criminel de Kaloum. Ils sont accusés par l’État guinéen pour détention, importation et transport international de drogues à haut risque. Après la déposition de deux de ses co-accusés à l’audience précédente, Deniz DOGRU a livré sa version des faits dans cette affaire dans la journée d’hier, mardi 10 janvier 2023, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Il s’agit d’un navire turc, arraisonné le 15 février 2022, sur les eaux territoriales guinéennes. Il avait à son bord, selon la brigade des unités flottantes, de la marine nationale qui a procédé à son arraisonnement, 275 plaquettes de cocaïne enfouies dans 11 sacs, soit 299,29 grammes de cocaïne.

Selon Deniz DOGRU, pêcheur de profession, âgé de 46 ans, aucune drogue n’a été trouvée en leur possession. Il dit qu’ils ont été tous filmés par les agents de la brigade des unités flottantes de la marine au moment de leur arraisonnement. D’ailleurs, l’accusé sollicite la publication de cette vidéo pour, dit-il, démontrer qu’aucune drogue n’a été saisie dans leur navire. « À la base, il n’y a rien dans ce dossier. Tout le problème, c’est qu’on ne parle pas la même langue. En plus, on n’a jamais eu le temps nécessaire pour se défendre convenablement dans cette affaire. Ce jour, on est partis du port de Mercy, ville de Turquie, pour le Maroc, en principe. Mais, vu que nous avons connu des pannes en mer, nous ne sommes pas arrivés au Maroc. Moi, je ne suis pas spécialiste de bateau, on avait un capitaine de bateau qui nous conduisait. Comme c’était en période hivernale, on était obligé de passer dans beaucoup de pays comme la Guinée Bissau. Quand on a appelé au secours pour nous dépanner, il y a un navire Sénégalais qui est venu à notre rescousse. Ils nous ont demandé de payer un montant qu’on n’avait pas. C’est ainsi que, après trois jours passés en mer, la patrouille guinéenne est venue nous interpeller. Pour nous, ils venaient pour nous sauver. Ils nous ont tout d’abord fixés avec des projecteurs, ils nous ont filmés et pris des images. Ils ont dit de continuer sur Conakry pour les détails et le contrôle. Qu’ils sortent ces images pour voir, on n’avait rien de mal dans le bateau. C’est dans cette condition que nous nous sommes retrouvés ici, après avoir rencontré beaucoup de difficultés en route », a-t-il expliqué.

Même son de cloche chez Jusuf Uzunyigit, âgé de 68 ans, capitaine du bateau arraisonné, qui dit avoir bien vérifié le navire avant de monter à bord. Selon lui, il n’y avait pas de cocaïne au moment de leur arraisonnement par la gendarmerie maritime guinéenne.

Me Mountaga Kobélé Keita, avocat

« C’était la première fois que je conduisais ce navire. J’avais tout contrôlé à l’intérieur du bateau avant de bouger. Il n’y avait pas de cocaïne. La drogue saisie n’était pas dans notre bateau. On partait au Maroc pour la vente du Bateau, mais vu les difficultés et les pannes survenues en route, le propriétaire nous a demandé de continuer au Nigeria. Il nous a dit que le preneur au Maroc s’est découragé à cause du retard accusé en mer. Mais, il est impossible de mettre la drogue dans un compartiment du bateau sans que je ne m’en rende compte. En partance pour le Nigeria, on est encore tombé en panne. On a appelé au secours pour qu’un autre bateau puisse venir nous dépanner. C’est dans cette situation qu’on s’est retrouvés aux abords des eaux territoriales guinéennes. Quand les gendarmes sont arrivés, ils nous ont tous mis à plat ventre, ils ont pris tout ce qu’on avait sur nous (téléphones, argent…). Ensuite, comme cela ne suffisait pas, ils nous ont demandé de leur donner de l’argent qu’on a dans le navire. On leur dit qu’on n’a rien dans le navire, mais ils n’ont pas cru. Finalement, ils ont dit que si on ne leur donne pas de l’argent, ils vont nous amener au port de Conakry. C’est ainsi qu’ils nous ont conduit ici », a expliqué le doyen et capitaine de l’équipage.

Au terme de l’audience, Me Mountagha Kobélé Keita, avocat de la défense, a fustigé l’absence répétée des avocats de la partie civile dans ce procès. Ce qui selon lui est un mépris pour la procédure en cours et un manque de preuves contre ses clients. « C’est la troisième évocation du dossier. Les accusés ont fait comprendre au tribunal que les faits articulés à leur endroit ne sont pas constitutifs du délit de trafic international de la cocaïne, puisque le parquet même est incapable de démontrer que l’infraction qu’on leur reproche mérite d’être élucidée. Donc, le parquet n’a pas apporté des preuves pour faire asseoir la conviction du tribunal. C’est vrai que l’initiative de cette poursuite vient du ministère public, mais toujours est-il que la partie civile a un avocat au compte de l’agent judiciaire de l’État. Il y a eu une première audience où l’avocat de la partie civile était présent et après cette audience, il a toujours brillé par son absence. Ce qui veut dire qu’il n’accorde pas de l’importance à ce dossier. Sinon, s’ils savent que les faits sont constants, ils auraient dû venir. S’ils ne sont pas là, c’est de façon fantaisiste qu’ils ont initié cette procédure », a-t-il déclaré.

Le tribunal a renvoyé l’affaire au 24 janvier 2023, pour la suite des débats.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27 

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