N’Zérékoré : Sékou Haba (Zogbélémou) raconte la création, le parcours du fondateur et le peuplement de la capitale de la Forêt

L’histoire de la ville de N’Zérékoré, capitale de la région forestière, serait peu connue par le public. Aujourd’hui, rares sont des personnes qui peuvent raconter exactement l’historique de cette ville. Pour en savoir davantage, le correspondant de Guineematin.com a rencontré le 5ème petit-fils du fondateur de la ville, qui a expliqué le passé glorieux du célèbre fondateur de la ville mais aussi la création de N’Zérékoré, l’arrivée des Blancs en 1912 et son peuplement par les différentes communautés. Selon Cécé Sékou Koly Haba Zogbélémou, la ville de N’Zérékoré a été créée vers 1400 par Molou Goïkoya Zogbélémou. Il s’est exprimé aussi sur l’unité des 7 familles Zogbélémou et les 7 carrefours qui caractérisent la ville de N’Zérékoré.

Guineematin.com : Bonjour monsieur, présentez-vous à nos lecteurs !

Sékou Haba (Zogbélémou) : je m’appelle Cécé Sékou Koly Haba Zogbélémou, connu sous le nom de Sékou Haba (Zogbélémou), 5ème petit-fils du fondateur de N’Zérékoré, homonyme de l’ex chef de canton HONKWÖLE, Koly Kourouma de Kpaya, homonyme de l’ex ministre de l’hydraulique et de l’assainissement, Papa Koly Kourouma.

Guineematin.com : vous êtes le 5ème petit-fils du fondateur de N’Zérékoré. Comment cette ville a été créée ?

Cécé Sékou Koly Haba Zogbélèmou

Sékou Haba (Zogbélèmou) : le fondateur de la ville de N’Zérékoré s’appelait Goïkoya Zogbélèmou, mais son vrai nom, c’est Molou. Il venait du district qu’on appelle Gah, dans la S/P de N’Zoo, préfecture de Lola, pour venir s’installer ici à Nzérékoré. Mais de son passage de Gah en passant par le Liberia via la préfecture de Yomou où il a été pris comme esclave, de là-bas, il s’est enfui pour venir ici. Alors, ses bourreaux ont dit ah le monsieur là Goïkoya ? C’est-à-dire qu’ il a un cœur profond (garde le secret sans partage). C’est pour cette raison qu’ on l’a pourchassé jusqu’ici. Mais en ce temps, il n’y avait pas N’Zérékoré. Il y avait un village seulement ici qu’on appelait Gbilita. Gbilita, ce sont les Gbilimou qui ont créé ce village, actuelle forêt sacrée où se trouve l’Escadron mobile. Tellement Goïkoya était très puissant, il avait créé son campement là où il y a la BICIGUI aujourd’hui. C’est là qu’il venait cultiver, il faisait sa chasse, ses promenades. Maintenant, Gbilita qui avait son fondateur Zowo Koly Gbilimou, a quitté son village pour aller créer un autre village appelé aujourd’hui Gbili. Maintenant Goïkoya a dit moi aussi, je ne vais pas rester dans ce village, là où il y a la gendarmerie mobile, je dois aller dans mon campement.  C’est ainsi qu’ il a aménagé son campement, actuel BICIGUI. C’est là qu’il est resté, tombé malade. Il est parti se promener auprès du petit marigot qu’on appelle Zaly aujourd’hui. Il s’est baigné là-bas et a bu un peu. Après, il s’est endormi à côté. Quand il s’est réveillé, il a vu que les gales qu’il avait sur son corps ont disparu. Quand tout a disparu, il a dit, ah bon! Zaly lô-bé-ha-Gha Kwolè ?  (Ah, j’étais à côté de mon médicament). C’est ce qui donne le nom de Zalykwolè qui a été transformé par N’Zérékoré par les Blancs.

Guineematin.com : nous apprenons qu’il y a 7 catégories de Zogbélèmou. Est-ce que nous pouvons avoir quelques précisions à ce sujet ?

Sékou Haba (Zogbélèmou) : oui, il y a effectivement 7 catégories de Zogbélèmou, mais aujourd’hui nous sommes devenus 8. Il y a les familles HAZALY, HOLOMOLO, GNÖMOU, WALAN, HIIN, KOMAN, ZONKPAYA et la notabilité. Ils sont venus en rang dispersé. Mais, ils sont tous des Zogbélèmou. Lorsqu’ils sont venus, on était obligé de diviser pour qu’on se marie entre nous parce que le Kpèlè n’accepte pas de se marier avec sa sœur ni la fille de son oncle.

Guineematin.com : est ce que les 7 familles Zogbélèmou étaient toutes les fils du fondateur ?

Sékou Haba(Zogbélèmou) : Non !

Guineematin.com : comment sont-elles venues alors ?

Sékou Haba(Zogbélèmou) : les gens de Gnômou-koly, les Gnômou, ils sont venus après. Ce sont des frères de Goïkoya comme ils ne s’attendaient pas au village, alors Goïkoya a pu les abandonner au village là-bas à Gah. Il a quitté, après on a dit vous avez un frère qui est devenu aujourd’hui célèbre à N’Zérékoré, il a même créé son village qu’on appelle Zalykwolè. Alors, ces frères-là ont quitté pour rejoindre leur frère à Nzérékoré. C’est pour cette raison, il a dit à Holomôlô (grand-frère), allez-y vous s’installer au carrefour. S’il y a la guerre qui quitte Lola ou Gouécké, vous allez m’informer, on va se défendre. C’est pour cette raison Dolota (Dorota) a été créé par Dolo, on dit Hèlègbè Dolo. C’est un grand frère à Goïkoya. Les autres sont venus comme ça maintenant ; par-après, d’autres ont quitté sous Manalaye, le Libéria, ils sont venus rejoindre la famille ici.

Guineematin.com : on nous apprend qu’il y a 7 carrefours ici. Dites-nous comment les 7 carrefours sont-ils venus ?

Sékou Haba(Zogbélèmou) : non, c’est les 7 Zogbélèwa-là qu’on appelle les 7 carrefours. On le dit mais pratiquement, il n’y a pas 7 carrefours. Mais c’est le fait qu’il y a 7 familles Zogbélèmou, c’est pour cette raison qu’on parle de 7 carrefours.

Guineematin.com : Les 7 familles Zogbélèmou sont-elles unies ?

Sékou Haba (Zogbélèmou) : maintenant oui, mais avant non ! Ils ne se connaissaient pas. C’est notre organisation avec le vieux Hazaly, paix son âme, et les prêtres, qu’on a pu organiser les 8 familles dont la notabilité. Eux, ils sont tous Zogbélèmou. C’est en ce temps-là qu’on s’est connu et c’est moi d’ailleurs qui les guidait, que tel est de telle famille, tel est de telle catégories de famille. Il y avait des forgerons, des Zowo (prêtres de la forêt sacrée), des guerriers…

Guineematin.com : comment N’Zérékoré s’est peuplé à travers les différentes communautés ? C’est-à-dire, comment les communautés se sont-elles installées par ordre d’arrivée ?

Sékou Haba(Zogbélèmou) : le premier qui est venu ici, il s’appelle Koniba Diabaté(Konianké). Il est venu en tant qu’interprète des blancs en 1912. En ce moment, le Kpèlè ne connaissait pas l’argent (espèce). On faisait du troc, c’est-à-dire quand tu demandes un coupe-coupe, on te donne un ou deux poulets. Alors, ce troc a continué jusqu’à l’arrivée des Blancs. Les Français sont venus, ils sont rentrés par Beyla. De Beyla Gouécké en 1905. En 1912, ils sont rentrés à N’Zérékoré avec à la tête le capitaine Eukhé, ils ont sillonné tout le cercle de N’Zérékoré. Mais, ils ont calculé : entre N’Zérékoré Gouécké 42 km, Nzérékoré- Koulé 42 km, Nzérékoré- Lola 42 km, N’Zérékoré- Yomou 60 km, ils ont dit bon, le centre c’est N’Zérékoré. Ce n’est pas parce que Goïkoya était très fort ou ce n’est pas parce que il était tel ou tel ou bien N’Zérékoré était spécial, non ! Mais c’est parce que c’était le centre du cercle de la région de N’Zérékoré et il avait 21 Cantons. Donc, c’est pour cette raison qu’on a dit à Koniba de faire payer des impôts aux Kpèlè et aux Manons parce que il y a 3 cantons Manons au cercle de N’Zérékoré. Il a dit alors, comment je peux les faire payer ?  Ils ont dit, trouves un moyen quand-même !  C’est ainsi que Koniba a fait venir Sékou Diané, le premier commerçant, Cébory Kourouma 2ème, Sékou Cissé 3ème commerçant, tous de la communauté de Kankan. Ils sont venus, les Kpèlè sont allés cueillir la Cola, alors ces gens-là sont allés vendre la cola à Kankan. C’est devenu l’espèce en franc CFA et ils sont venus, ils ont donné aux Blancs et ça faisait le Nihôwô comme aujourd’hui les impôts.

Entretien réalisé par Foromo Gbouo LAMAH pour Guineematin.com

Tél. : +224620166816/666890877

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