Grogne à l’usine Diamond Cement de Kagbelen : des travailleurs dénoncent leurs pénibles conditions de vie et de travail

Des travailleurs de la société Diamond Cement Guinea S.A ont manifesté leur colère dans la matinée de ce jeudi, 2 mars 2023, dans l’enceinte de ladite société à Kagbelen, dans la préfecture de Dubréka. Ils protestent contre leurs conditions de vie et de travail qu’ils jugent pénibles au sein de cette unité industrielle multinationale. Ils ont dénoncé le refus catégorique de la direction d’accéder à leurs revendications, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Ils étaient munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans comme : 8 ans dans la sous-traitance, trop c’est trop ! Pas de prise en charge sanitaire!. Ces employés de cette usine de fabrication de ciment, située dans la zone industrielle de Kagbelen, exigent de leur employeur la satisfaction de leurs revendications.

Sékouba Kouyaté, porte-parole de la délégation syndicale de la société Diamond Cement Guinea S.A

Prenant la parole au nom de ses collègues travailleurs, Sékouba Kouyaté de la délégation syndicale de la société Diamond Cement Guinée, a rappelé les démarches menées pour éviter qu’on en arrive là. « Dès notre élection le 22 juillet 2022, nous nous sommes mis à la recherche d’un cadre de dialogue avec nos collaborateurs (employeurs, ndlr), mais en vain. C’est un refus catégorique du côté du management de l’usine à ouvrir les négociations dans l’intérêt supérieur de la société. Cette position stérile de la direction ne nous a pas laissé le choix que de faire recours à un préavis de grève qui a été suivi d’un avis de grève, conformément aux dispositions légales, qui d’ailleurs a expiré ce mercredi, 1er mars 2023, à minuit. Par conséquent, après toutes ces rencontres avec les membres de la direction à l’enceinte de l’usine, puis d’autres pourparlers à l’Inspection Générale du Travail sans succès, nous avons décidé d’aller en grève à partir de ce jeudi, 2 mars 2023 conformément aux articles 431.1 ; 431.2 ; 431.3 et suivants du Code du travail de la République de Guinée », a-t-il expliqué.

Poursuivant son allocution, le porte-voix de ces grogneurs, à bout de souffle, est revenu sur les difficultés auxquelles ils font face au quotidien. « Nous déplorons le sort des travailleurs évoluant dans cette entreprise depuis la construction jusqu’à maintenant (…). Huit (8) ans dans la sous-traitance, trop c’est trop. Figurez-vous, nous buvons une eau de forage sans un seul filtre. On n’a pas de cantine, on n’a pas d’assurance santé, on n’a même pas un département de santé et sécurité au travail. Nous sommes pourtant des êtres humains, des guinéens, des enfants, des maris et des pères d’autrui. Sachez que ce n’est pas la première fois que nous allons en grève ici. C’est la 3ème fois en l’espace de 7 ans et tant qu’on ne trouve pas de solutions, les problèmes surgiront encore et encore », a-t-il laissé entendre.

Karamo Fofana, employé gréviste

Karamo Fofana, employé à l’usine Diamond Cement, affirme qu’aucune mesure n’est prise pour leur protection contre la poussière. Il regrette même la mort d’un des leurs à cause de la poussière et promet que le mouvement va se poursuivre. « Depuis que nous sommes là, certains ont fait 3 ans, d’autres même 5 ans voire plus, sans être embauchés. Quand nous tombons malades ici, on a droit qu’à deux comprimés de Paracétamol. En plus, on ne mange rien à l’usine. Si tu n’achètes pas, tu ne manges pas. Nous avions tout fait pour changer cette situation, mais impossible. Ce n’est pas la première fois qu’on fait la grève. Mais cette fois-ci, tant que nos revendications ne sont pas prises en compte, on ne s’arrêtera pas. Dans cette affaire, quand tu approches les Indiens, ils vous disent que le problème se situe au niveau de nos frères guinéens, et quand vous allez voir les chefs noirs, ils vous disent que ce n’est pas eux, que c’est la faute aux Indiens. Nous, on ne sait plus à quel saint se vouer. Ici, nous vivons quotidiennement dans la poussière, sans protection. On vient de perdre un ami du nom de Fodé Soumah, c’est la poussière qui l’a tué. Même moi qui vous parle là, je viens de me remettre il n’y a pas longtemps. Je souffrais d’un terrible rhume. Même ce matin, si vous voyez que tout le monde n’est pas venu, c’est parce que beaucoup sont malades. C’est pourquoi, nous sommes sortis ce matin pour que les autorités puissent faire face à notre situation. On n’est pas venu pour jeter des cailloux, nous voulons être entendus à travers l’ouverture d’un couloir de négociations afin de prendre en compte nos préoccupations. Le président Doumbouya nous a dit qu’il est venu nous libérer. S’il y a eu changement, nous voulons que ce changement nous arrive nous aussi », a dit ce gréviste.

Selon les responsables syndicaux, la grève continuera jusqu’à la satisfaction de leur plateforme revendicative. Toutefois, ils se disent être ouverts et preneurs de toute proposition allant dans le sens de l’ouverture d’un cadre de dialogue franc et sincère.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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