Fatoumata Barry à la barre : « les policiers et les gendarmes ont sorti leurs sexes et ont pissé sur moi »

Comme annoncé précédemment, les audiences publiques au compte du procès du massacre du 28 septembre 2009 ont repris ce mercredi, 15 mars 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry). Et, c’est Fatoumata Barry, une victime de « violences sexuelles », qui est à la barre. Dans son témoignage, elle a accablé un groupe de policiers et de gendarmes, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Devant le tribunal criminel, cette femme de 43 ans a commencé par retracer son parcours de chez elle au stade du 28 septembre et décrire l’ambiance qui régnait dans ce dernier endroit.

« Monsieur le président, j’ai été victime d’une violence sexuelle au stade du 28 septembre. C’était lors de la marche organisée par les forces vives de la nation pour dire non à la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara. La matinée de ce lundi, je suis sortie de la maison avec ma cousine pour nous rendre au stade où la manifestation était prévue. Arrivées aux environs du stade, nous avons trouvé monsieur Tiégboro, en compagnie de ses gardes, qui disait aux jeunes de reporter la marche… Ma cousine et moi, et d’autres manifestants avons continué notre chemin, nous sommes entrés au stade. L’ambiance y était festive. Et, les leaders, une fois au stade, ont tenu leurs discours. Quelques minutes après, j’ai aperçu monsieur Jean Marie Doré qui entrait dans le stade, les manifestants ont accouru vers lui pour le soulever et le porter », a-t-elle entamé.

Poursuivant son témoignage à la barre, Fatoumata Barry a expliqué comment les violences des forces de défense et de sécurité ont commencé sur les civiles désarmés au stade du 28 septembre.

« Quelque temps après l’arrivée de Jean Marie Doré, les militaires ont commencé à tirer. Il y avait eu des affrontements entre les militaires et les manifestants. Ensuite, les militaires avaient fermé les petites portes du stade avant de foncer vers la foule qui était à l’intérieur du stade. C’est là que le carnage a commencé, on a vu toutes sortes de choses… Ça fait 13 ans, mais jusque-là, quand je me couche, ce sont ces choses que je vois en première position… Le carnage qui a eu lieu au stade, on ne l’attendait pas. Ceux qui étaient censés nous protéger (les militaires) disaient : nous allons vous tuer, tous. Pendant une heure de temps, ils nous frappaient avec leurs matraques et les crosses de leurs fusils. Pendant une heure de temps, ils massacraient, ils tenaient des propos qui ne sont pas bons pour la nation… C’est en ce moment que j’ai poussé ma cousine pour qu’on aille chercher une sortie pour nous échapper. Finalement, ma cousine a réussi à s’échapper avec un groupe de jeunes », a-t-elle raconté.

Se remémorant ces scènes de violences, avec des répétitions par moment, Fatoumata Barry a indiqué les violences sexuelles dont elle a été victime de la part d’un groupe de policiers et de gendarmes.

« Je cherchais à m’échapper (…) quand un groupe de militaires est arrivé. Leur chef a administré une gifle à la dame qui était à côté de moi. Voyant cela, j’ai essayé de m’échapper par le grand portail. Mais, quand les policiers et les gendarmes m’ont arrêtée, c’était autre chose. Ils m’ont giflée, ils ont pris un couteau et ont déchiré mon pantalon et tout ce que je portais. Ils m’ont déshabillée, j’étais toute nue. On m’a jetée au sol, on m’a frappée avec des bois jusqu’à ce que j’ai cessé de pleurer… Ils ont écarté mes jambes, ils ont introduit leurs mains dans mon sexe. Je pleurais, je criais, je les suppliais. Le policier tenait un truc qu’il a aussi introduit dans mon sexe. Je ne pouvais rien faire. Ils (ce groupe de policiers et de gendarmes) disaient : tu es une belle femme, on va te baiser. Ils ont sorti leurs sexes et ont pissé sur moi. Mais, Dieu va les maudire durant toute leur vie… C’est un autre militaire qui venu leur dire : arrêtez comme ça. Mais, mes agresseurs ont répondu qu’ils ont reçu un ordre et ils doivent l’exécuter. Il y a une discussion entre eux ; et, finalement, c’est ce militaire qui m’a emmené vers la sortie. Pendant qu’il m’accompagnait, un autre du groupe de mes agresseurs est venu me donner un violent coup à la tête. Donc, je saignais quand je sortais du stade ; et, arrivée dehors (…), c’est une dame qui se trouve à côté du stade qui m’a prêté un pagne… C’est vers 20 heures que je suis rentrée chez moi », a-t-elle expliqué.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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