Le dossier des frères Mohamed Sidy Diallo et Abdoul Mazid Diallo (en fuite), Saa David Kamano, Lamine Kanté et Sékou Oumar Keïta (tous en détention depuis le 2 septembre 2016), a été examiné hier, jeudi 23 mars 2023, par la Cour d’appel de Conakry. Ils sont tous poursuivis pour des faits de séquestration, prise d’otage, vol à main armée, détention illégale d’armes de guerre, association de malfaiteurs et complicité. Des infractions qui auraient été commises au quartier Kaporo, dans la commune de Ratoma, au préjudice des nommés Alpha Souleymane Baldé, Mme Kadiatou Lamarana Bah, Aïssatou Bah, tous parties civiles dans la présente procédure.
Ces accusés ont été déclarés coupables des faits à eux reprochés par le tribunal criminel de Dixinn, où ils ont été condamnés 20 ans de réclusion criminelle. Non satisfaits du jugement rendu, les condamnés ont interjeté appel devant la Cour d’appel de Conakry. Et le dossier a été évoqué hier, jeudi 23 mars 2023, devant cette juridiction supérieure.
A la barre, les trois accusés ayant comparu en première instance (Lamine Kanté, Sékou Oumar Keïta et le Margis chef Sâa David Kamano) ont plaidé non coupables des faits mis à leur charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Lamine Kanté, peindre de profession, a déclaré qu’il n’a jamais détenu une arme et n’a jamais participé à la séquestration de qui que se soit. Il a fait savoir qu’il réside à Kindia et que c’est de là-bas que son ami, Abdoul Mazid Diallo (accusé au même titre que lui dans cette procédure, mais qui est en fuite avec son frère Mohamed Sidy Diallo), l’a invité à venir à Conakry. Selon lui, c’est ce dernier d’ailleurs qui lui a envoyé 150 000 francs guinéens comme frais de transport via Orange money.
« Je suis venu le trouver à Cosa, il m’a dit que c’est son frère qui a besoin d’aide. Le soir, son frère Sidy est venu. Nous sommes allés à Kipé dans un restaurant. Sidy m’a demandé si j’ai des relations au niveau des corps habillés (police, gendarmerie, armée), je lui ai répondu par l’affirmative, expliquant que j’ai un ami gendarme qui est en service à Matoto. Je lui ai passé le contact de mon ami, Margis chef Sâa David Kamano. Quand Sidy l’a appelé, il était au service. Après le service, il est venu nous trouver à Kipé. C’est ainsi que Sidy Diallo nous a dit qu’il est en conflit domanial avec un vieux commerçant, qui veut s’accaparer de ses parcelles de 12 hectares.
Il a demandé à David Kamano de l’aider. David a demandé : « comment on va t’aider ? » Sidy a répondu : « C’est un peulh, dès qu’il voit un militaire, il va avoir peur ». Mais, mon ami David lui a dit dans ce cas, il n’a qu’à porter plainte contre ce commerçant.
Sidy nous a achetés à manger au restaurant ; puis, nous nous sommes séparés. Trois jours après, je suis allé au Libéria où j’ai passé deux semaines. Durant mon séjour au Libéria, David a tenté de m’appeler, mais ça ne passait pas. C’est à mon retour que j’ai été interpellé à Kindia (Séguéya) soi-disant que je suis impliqué dans une affaire de Kidnapping et de séquestration. Alors que moi, je n’ai jamais participé à l’arrestation de quelqu’un. C’est au tribunal de Dixinn que j’ai vu pour la première fois la victime, Alpha Souleymane Baldé. Donc s’il y a eu séquestration, cela ne s’est pas passé en ma présence, parce que je n’étais même pas en Guinée », a déclaré Lamine Kanté.
De son côté, Sékou Oumar Keïta, machiniste en service dans une société de la place, a expliqué qu’il a accompagné le Margis chef Sâa David Kamano à Kaporo pour « aller effrayer un vieux commerçant ». Il précise que Sâa David Kamano lui avait dit de l’accompagner pour aller effrayer un vieux qui est en conflit domanial avec le frère de son ami. « Aux environs de 16 heures, je l’ai accompagné jusqu’à la ferme de Kaporo, je me suis limité à ce niveau. David est allé seul. Quelque temps après, il est revenu. Mais je ne sais pas qu’est-ce qu’il a fait là-bas ou qui il a rencontré. En tout cas, moi, je n’ai pas participé à un enlèvement ni à une séquestration », a-t-il dit.
Également appelé à la barre, le Margis chef Sâa David Kamano a rejeté aussi en bloc les griefs articulés contre lui. « Je suis gendarme en service à Matoto, mais je ne suis pas doté en arme, et je n’ai jamais marché avec ma tenue après le service. Moi, quand mon ami m’a expliqué cette affaire de conflit domanial, je lui ai dit que cette affaire est purement familiale, il faut porter plainte soit à la gendarmerie ou à la police. Mais on ne peut pas agir comme ça », a laissé entendre cet accusé, tout en faisant remarquer que depuis 7 ans, il est en détention et il n’a pas touché à son salaire.
Au terme de ces dépositions, la Cour a renvoyé l’affaire au 13 avril pour la comparution des plaignants.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com