Damaro Camara incapable de comparaître devant la CRIEF ? La Cour décide d’aller l’entendre en prison

Alors qu’il était attendu devant la CRIEF ce jeudi, 06 avril 2023, Amadou Damaro Camara n’a pas répondu présent. L’ancien président de l’Assemblée nationale dit ne pas être en mesure de comparaître actuellement devant la justice pour des raisons de santé. Finalement, la juridiction a décidé d’aller entendre le prévenu à son lieu de détention, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Après la comparution des autres personnes concernées par ce dossier, c’était au tour de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, de passer devant la CRIEF, ce jeudi 06 avril, pour s’expliquer sur ce qui lui est reproché. Il s’agit d’un détournement de 15 milliards de francs guinéens destinés à la construction du nouveau siège du parlement guinéen. Mais les gardes pénitentiaires qui étaient chargés de conduire le prévenu devant la chambre de jugement de la CRIEF n’ont pas pu le faire, parce qu’ils l’ont trouvé malade. Son avocat a profité de cette occasion pour solliciter la libération de M. Camara afin qu’il puisse se soigner avant de venir se défendre sereinement devant la justice. Maître Santiba Kouyaté rappelle d’ailleurs que parmi toutes les personnes poursuivies dans cette affaire de détournement de deniers publics et enrichissement illicite, Amadou Damaro Camara est le seul qui se trouve aujourd’hui en détention.

Me Santiba Kouyaté, avocat

« Tous les co-prévenus de M. Amadou Damaro Camara sont en liberté. Ce qui est valable pour eux, est valable pour lui aussi. Mais pourquoi ce cas particulier pour lui ? Et le même article préliminaire de notre Code de procédure pénale a érigé la liberté en règle, c’est-à-dire la liberté est la règle, la détention est l’exception. Monsieur le président, vous conviendrez avec moi que la personne qui en train de se battre contre des pathologies a sa faculté de compréhension altérée. La santé physique a une incidence négative sur la santé morale et intellectuelle de l’individu. Notre client étant malade, rongé par des pathologies, vous allez convenir avec moi qu’il ne peut pas être à même de venir par-devant vous, malgré la volonté nourrie par lui pour venir se défendre contre les charges qui pèsent contre lui. Ainsi, pour venir se défendre contradictoirement contre les charges qui pèsent sur lui, nous vous prions, au regard de tout ce que nous venons de vous dire, de bien vouloir accepter d’accorder la liberté à M. Amadou Damaro Camara », a plaidé Me Santiba Kouyaté.

Mais le ministère public n’est pas d’accord avec les arguments de la défense. Pour le parquet spécial de la CRIEF, le dossier médical de M. Damaro Camara ne dit pas qu’il n’est pas en mesure de venir répondre aux questions de la justice.

 

« Nous ne nions pas l’état de santé de M. Amadou Damaro Camara puisque je viens de vous faire personnellement un aveu de la part des grades qui sont partis le chercher pour qu’il comparaisse comme ses co-inculpés. Mais, monsieur le président, cet état n’est pas à analyser dans le cas de l’article 245 du Code de procédure pénale dont la défense vient de faire lecture. Quand vous voyez le bulletin médical de M. Amadou Damaro Camara, son tout dernier bulletin médical dit que le patient est conscient et coopératif, présentant un état général peu satisfaisant. Ça ne dit pas qu’il ne peut pas être en mesure de comparaître par-devant vous. La recommandation faite par les médecins, c’est de le soumettre à des examens », a souligné le procureur Lazare Bauret.

Par conséquent, le représentant du ministère public demande à la Cour de rejeter la demande de mise en liberté formulée par l’avocat de la défense. « Comme M. Amadou Damaro n’est pas présent ici à l’audience, nous estimons que cette demande (de mise en liberté) n’a pas existé. Pour nous, cette demande n’a jamais existé, et nous vous demandons qu’il vous plaise d’ordonner la comparution de M. Amadou Damaro Camara devant vous. Et si vous estimez éventuellement que son état de santé nécessiterait une expertise médicale, que vous l’ordonniez aux frais de l’Etat pour que des mesures idoines soient prises pour sa santé et qu’enfin, il puisse comparaître par-devant votre Cour », a requis le procureur. Une position soutenue par la partie civile, qui estime que l’absence du prévenu à son procès est « une manifestation de la mauvaise foi ».

Après Cour après avoir examiné les pièces versées au dossier, notamment le compte rendu médical transmis par le régisseur de la Maison centrale de Conakry et toutes les demandes formulées par les parties, la Cour a rejeté la demande de mise en liberté formulée par la défense du prévenu Amadou Damaro Camara. La juridiction annonce qu’elle se transportera sur les lieux de détention de l’ancien président de l’Assemblée nationale, à la Maison centrale de Conakry, le mardi 25 avril 2023, à l’effet de l’entendre en audience publique contradictoire médiatisée. La Cour a également ordonné la poursuite des débats concernant les autres prévenus dans cette affaire, Michel Kamano, Zénab Camara et le Chinois Jin Sun Cheng alias Kim.

Oumou Habana Barry, Fatoumata Diouldé Diallo et Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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