Libération des emprises de la route à Conakry : désemparés, des menuisiers Kipé ne savent plus où aller

Certains occupants des boutiques, restaurants, ateliers de menuiserie et autres baraquements situés aux abords de la route, sur le tronçon Kipé-Ratoma-Taouyah, dans la commune de Ratoma, ont été déguerpis par les agents de forces. Les opérations ont eu lieu dans la journée de ce vendredi 7 avril 2023 avec des engins lourds qui ont tout raclé sur leur passage. Désemparés, les tenanciers des lieux disent ne plus savoir à quel saint se vouer, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les autorités de la transition avaient annoncé le 17 janvier dernier la reprise des opérations de démolition des encombrants physiques qui obstruent les chaussées de la capitale. C’est dans cette dynamique que s’inscrit cette opération lancée ces derniers jours dans divers quartiers de Conakry.

Les citoyens atteints par cette opération de salubrité publique ne savent plus où trouver de la place pour se débrouiller :  

Khaly Bangoura, menuisier

Khaly Bangoura, menuisier : « ils ont déjà commencé le déguerpissement. Ça fait la deuxième fois qu’ils déguerpissent ici. Ils sont venus pour la première fois pour nous dire d’enlever nos effets, quelques baraques qui sont au bord de la route. On a fait ça. Mais, on n’a nulle part où aller. On a des enfants, nos mamans sont au village, c’est ici qu’on gagne notre pain. Il y a des boutiques qui sont juste au bord de la route, mais comme pour eux c’est joli, on ne leur a rien dit. Pour nous, c’est un peu éloigné de la route, mais comme ce n’est pas joli, ils sont venus décoiffer. Ici, c’est pour l’Etat. Donc, si c’est pour peindre, rendre joli, qu’ils nous le disent. On ne s’oppose pas à ce que l’Etat fasse son travail, mais qu’il le fasse dans la transparence », a laissé entendre le menuisier.

Albert Mady Soumah, menuisier

Albert Mady Soumah, menuisier : « oui, ils ont déjà commencé le déguerpissement. Ils avaient déjà prévenu à la radio, cela fait deux à trois mois de cela. Ils ont dit à tous ceux qui ont des boutiques au bord de la route de mettre du béton ou des pavés devant leurs locaux. Ce déguerpissement va vraiment nous fatiguer. C’est un peu difficile. On n’a pas de soutenance en Guinée ici, on n’a pas de village artisanal. Pourtant, nous aussi on participe au développement du pays. Mais ici, on n’a pas de banques pour nous donner des crédits ni rien. Le peu qu’on gagne, ils viennent gâter tout ça ici. Ce n’est vraiment pas facile pour nous. L’Etat doit revoir ça pour nous… ».

Ibrahima Sory Camara, menuisier

Ibrahima Sory Camara, menuisier : « les autorités nous avaient déjà prévenus. Normalement, notre pays doit avoir une bonne image, les étrangers qui viennent chez nous doivent avoir une bonne image de nous. Mais si c’est sale, les boutiques sont mal entretenues, ce n’est pas bon pour nous, ni même pour les clients qui viennent acheter nos produits, parce que s’ils voient que c’est sale, ça ne leur donne pas le courage d’acheter. Mais si c’est propre, ça encourage les clients à venir vers vous une prochaine fois. Donc ce matin, les gendarmes sont venus décoiffer les parties qui doivent être arrangées et nous sommes prêts à enlever ça. Cependant, nous n’avons nulle part où aller. C’est ici qu’on connaît et c’est ici qu’on se débrouille. Donc, il faut que l’Etat nous donne la chance de corriger ça… ».

Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

 Tel: 621927298

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