Laye Sékou Camara à la presse : « il n’y a plus de délestage à Conakry mais des coupures liées à des travaux sur le réseau »

Laye Sékou Camara, directeur général d'EDG

Laye Sékou Camara, le Directeur général de l’Electricité de Guinée (EDG), entouré de son adjoint Abdoulaye Koné et du responsable de la communication, Naby Camara, a animé une conférence de presse, ce lundi 10 avril 2023, au siège de ladite société, a constaté Guineematin.com, à travers un de ses journalistes.

Le thème de cette rencontre avec les hommes des médias portait sur les coupures et délestages de l’EDG. Ce qui a permis au Directeur général de l’EDG d’aborder plusieurs autres sujets comme le départ du bateau turc, l’électrification de la Haute Guinée, l’arrivée sur le réseau interconnecté de N’Zérékoré, l’avancement des travaux d’interconnexion électriques dans le cadre du WAP, l’utilisation de l’énergie produite par la Guinée à travers ses différents barrages, l’annonce d’une nouvelle méga centrale à gaz, le transport et la distribution, la facturation, le recouvrement et bien d’autres questions ont été traitées par Laye Sékou Camara et ses collègues.

Dans un langage clair et précis, le patron de l’EDG a écarté toute relation entre les coupures enregistrées sur le réseau et le départ du bateau turc qui fournissait un complément d’électricité à la Guinée depuis deux ans. D’ailleurs, Laye Sékou Camara souligne que depuis que le courant produit par le complexe Kaleta-Souapiti est sur le réseau, il n’y a plus de délestage à Conakry.

« Je veux que vous sachiez qu’il n’y a pas délestage à Conakry. Le délestage n’existe pas à Conakry depuis qu’on a le complexe Kaleta-Souapiti. On ne parle plus de délestage parce que nous avons suffisamment de production pour alimenter la capitale. Mais n’oubliez pas, même si on ne connaît plus de délestage aujourd’hui à Conakry, si on n’investit pas dans la production d’ici à 2025 et 2026, la production que nous avons aujourd’hui va aussi diminuer et on risque de retomber dans le délestage à Conakry », a-t-il averti. Pour lui, le taux de délestage et de coupure sur le réseau ne dépasse pas actuellement les 5%. Et les coupures actuelles sont liées à des travaux effectués sur le réseau, a-t-il indiqué.

Dans le futur, EDG mise sur la production du barrage d’Amaria et d’autres sources en étude pour fortifier sa puissance énergétique et se positionner comme leader de ce secteur dans la sous-région.

« Nous avons le projet sur le fleuve Konkouré qu’on appelle Amaria qui fait une puissance de 300 mégawatts. Cette puissance viendra s’ajouter à l’ensemble de la puissance qu’on a déjà, c’est-à-dire Souapiti-Kaléta qui nous fait un total de 690 mégawatts. De notre côté, nous travaillons sur l’amélioration du système Samou. Le système Samou, ce sont les barrages existants (Banéah, Donkéya et grandes chutes pour plus de 15 Mégawatts), sans oublier le barrage de Garafir qui fait 75 MW. Nous sommes en train de faire des travaux pour améliorer le rendement de ce système parce que la durée de vie d’un barrage, c’est 50 ans. Après 50 ans, il faut la rénover. Le barrage des Grandes chutes est donc entré dans cette phase de rénovation et au mois de juillet prochain, nous allons avoir deux groupes au niveau des grandes chutes. Au niveau de Donkea, nous venons de signer un contrat pour la rénovation complète de Donkea qui est une centrale d’une puissance (15 mégawatts) mais va être rénovée pour revenir dans le portefeuille. Garafiri qui est une centrale qui a été mise en service en 1997, n’a pas connue de grands travaux. Nous sommes donc en train de négocier avec des entreprises pour avoir de grands travaux sur cette centrale afin qu’elle soit disponible. Sinon à date, elle fonctionne correctement ».

Mais ce n’est pas tout, la Guinée est prête à accueillir sur son sol une centrale à gaz d’une très grande capacité, dépassant de très loin toute la puissance actuellement installée sur le réseau. Et d’autres micros barrages sont listés dans le programme de réhabilitation. C’est le cas de Tinkisso à Dabola, de Samankou à Télimélé (où il est même prévu de mettre une ligne de transport à partir de Kaleta), le barrage de Lofa à Macenta…

« Nous venons de signer un contrat avec une entreprise américaine au niveau de Boké qui va installer une puissance de 1800 mégawatts en gaz LNJ. Cette puissance va servir à nos entreprises minières d’aller à la production de la bauxite à l’alumine comme cela est prévu par le gouvernement. Cette centrale va servir uniquement à la production de l’alumine. Cependant, nous avons dans ce contrat-là aussi, un accord qui permet de rétrocéder une partie de cette énergie à EDG pour accroître sa production. La recherche qu’on a aujourd’hui, c’est la réduction du coût du kilowattheure. 80% aujourd’hui de l’achat d’énergie sont dus au niveau de l’hydraulique. Chaque année, le prix augmente. Vu le niveau de production aujourd’hui, on peut dire Dieu merci », a dit le Directeur général de l’EDG qui mise également sur le réseau interconnecté pour pallier au déficit énergétique dans certaines parties du pays. C’est le cas en région forestière où la ville de N’Zérékoré est connectée sur le réseau WAP, grâce à la coopération avec la Côte d’Ivoire. Mais la Guinée n’est pas le seul pays à acheter de l’énergie avec les ivoiriens, il y a également le Libéria et la Sierra Léone. Pour sortir la Haute Guinée du noir, la solution est toute trouvée, selon Layé Sékou Camara.

« Il s’agit du réseau interconnecté Guinée-Mali. Toutes les villes de la Haute Guinée, seront électrifiées, au terme de ce projet qui a déjà démarré et pourra finir d’ici fin 2024. Mais d’ici là, EDG s’engage à améliorer la desserte dans la capitale régionale de la Haute Guinée qui reçoit le courant, depuis peu, de 18 h à 6 h du matin », a tenu à préciser M. Camara.

Sur le réseau électrique guinéen, EDG dispose d’une puissance installée suffisante pour ses abonnés. Mais le problème réside au niveau du transport et de la distribution, a révélé Laye Sékou Camara.

« L’un des plus gros problèmes que nous avons au niveau du complexe Souapiti-Kaleta, c’est le problème de transport. C’est quoi le problème de transport : c’est qu’on a les 690 mégawatts installés qui devraient être évacués mais on n’y arrive pas parce que les lignes de transport construites pour venir à Conakry ne peuvent pas supporter toute cette capacité pour envoyer la production du complexe Souapiti-Kaléta à destination. Actuellement vous avez Tombo 3, Tombo 5 et la centrale thermique de Kipé qui tournent correctement. Ce qui met à l’abri de tout délestage dans le grand Conakry. Et le tout réuni, nous sommes à plus de 800 MW d’énergie. D’ailleurs, à la fin de construction du poste de distribution de Linsan, comme celui de Boké est fini, notre pays sera en mesure de revendre de l’énergie à ses voisins de la Guinée Bissau, de la Gambie et du Sénégal », a-t-il indiqué.

Pour le cas de Labé et des autres villes de la Moyenne traversées par l’interconnexion, Laye Sékou Camara soutient qu’il n’y a aucun problème.

« Pour le cas de Labé, il était question que l’agence régionale respecte le programme de délestage, en attendant la fin de construction du plus grand poste électrique, après celui de Linsan, à Labé. Une fois ces travaux finis, Labé, les villes et localités traversées par cette ligne d’interconnexion avec le Sénégal, ne connaîtront plus de délestage. Ces localités seront servies comme Boké, Kolabounyi, Kamsar et autres qui ont été récemment branchées sur la ligne interconnectée », a annoncé le premier responsable de l’EDG.

Dans les questions réponses, Laye Sékou Camara et ses collègues se sont voulus rassurants quant à la performance de l’EDG en matière de production d’électricité, d’entretien du réseau et son extension. Ils demandent à tous les abonnés, dont ils reconnaissent le droit d’exiger une fourniture d’un courant électrique permanent et de qualité, de payer les factures de l’EDG, en bon citoyen.

« C’est ce qui permettrait à l’entreprise de se prendre en charge et même d’aider l’Etat à financer dans des secteurs sociaux comme l’éducation. Le paiement des factures par les abonnés est l’autre plus gros problème que nous avons. A titre illustratif, ce n’est qu’en 2022, pour la première de son histoire, que l’EDG a réussi à encaisser 1.070 milliards de francs dans ses caisses. Ce qui représente quelque 60% de ses abonnés. C’est très peu. Parfois la barre est inférieure à 50%. C’est inacceptable avec tous les efforts que l’Etat fournit pour subventionner le coût de l’électricité », a-t-il fait savoir non sans avoir donné le coup de production du kwh qui dépasse les 11 cents à l’hydraulique pour un prix de vente de 03 cents au citoyen.

Avant de finir, Laye Sékou Camara a insisté sur le fait que les incendies enregistrés çà et là, parfois liés à des courts-circuits, ne sont pas de la responsabilité de sa société. Une loi est même nécessaire pour clarifier les responsabilités des différents acteurs qui interviennent dans ce domaine, at-il martelé.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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