Querelle entre imams à la mosquée Gassamaya de Kipé (Conakry) : opposé au 1er imam, Elhadj Mandiaye Magassouba démissionne

Le torchon brûle depuis quelques jours entre Elhadj Fodé Mandiaye Magassouba, deuxième imam de la mosquée Centrale Gassamaya de Kipé, dans la commune de Ratoma, et Elhadj Mohamed Aly Soumah, le 1er imam de ladite mosquée. Le malentendu a atteint des sommets au point qu’Elhadj Fodé Mandiaye Magassouba a annoncé sa démission, tout en portant plusieurs accusations sur le 1er imam. Dans la journée d’hier, lundi 10 avril 2023, un reporter de Guineematin.com a donné la parole aux deux protagonistes pour en savoir davantage sur les dessous de cette opposition.

Rencontré à son domicile, situé à Kaporo Rails, dans la commune de Ratoma, Elhadj Fodé Mandiaye Magassouba, démissionnaire de l’imamat de la mosquée Centrale Gassamaya de Kipé, a expliqué en détail les motifs de sa démission.

Elhadj Fodé Mandiaye Magassouba, imam démissionnaire

« J’ai démissionné de ma propre volonté. J’ai démissionné de la fonction d’imamat pour éviter le pire entre les croyants musulmans. C’est beaucoup de problèmes qui se sont accumulés et je suis pessimiste qu’ils ne veulent pas prendre le bon chemin. Alors, j’ai décidé de quitter pour ne pas que je sois la cause des troubles entre les fidèles musulmans. On ne me laisse pas jouer mon rôle. Un imam est le responsable de la mosquée et des musulmans. Mais dans notre mosquée, c’est le contraire. Tout ce qui se passe, c’est entre le premier imam et Sally (le muezzin, ndlr). Les imams n’ont aucune considération pour moi, sauf celui qui veut mentir. Le premier imam, il a l’art de parler, mais il n’est pas cohérent entre ses fidèles, surtout nous, le collège des imams qui sont avec lui. Tous les problèmes qui se passent au niveau de la grande mosquée, c’est le premier imam qui est la tête. Parce que quand il voyage ou quand il fait autre chose, il informe les muezzins. Moi, il ne m’informe pas. Il peut faire venir des imams d’ailleurs pour venir prier sans nous informer. S’il y a un problème entre les gens, ce sont les imams qui doivent les sensibiliser, mais si ce sont les gens qui viennent séparer les imams, c’est honteux. J’ai démissionné totalement et je ne veux plus être imam à Conakry ici », a-t-il lancé.

Poursuivant, notre interlocuteur a ajouté que tout est parti d’une mauvaise gestion des ressources financières. En plus, il accuse le grand imam Elhadj Aly Soumah d’être un ethnocentriste qui ne veut pas entendre d’autres langues au sein de la moquée que la sienne.

Elhadj Fodé Mandiaye Magassouba, imam démissionnaire

« Ce qui m’a choqué la dernière fois, et qui m’a poussé à quitter, il y a eu un décès à côté de la mosquée. Quand nous sommes partis au cimetière, moi je pense en tant que deuxième imam, c’est moi qui coordonne les choses si le premier imam n’est pas là. Mais ce qui est honteux, l’argent qu’on réclame pour les creuseurs de tombe et le gardien du cimetière, pourquoi les imams partagent ça entre eux et des gens ? Si tu n’augmentes pas cet argent en tant qu’imam, mais ne diminue pas. Après avoir pris l’argent au nom de Dieu, ils prennent ce qu’ils veulent, ils mettent en poche. Après, ils donnent le reste aux creuseurs de tombe. Moi, je leur ai dit que ça ne se fait pas. Quand j’ai demandé à Keïta où est l’argent qu’on vous a donné au cimetière, il me dit ce n’est pas à toi que je dois faire le compte rendu, c’est au grand Imam. Je suis allé soufflé aux oreilles du premier Imam. Lui, il me dit Magassouba, tu parles trop. Ça, ce sont des histoires de la mosquée. Donc, allons-y pour en parler. Si tu n’as pas d’autres intentions, est-ce que c’est comme ça qu’on doit répondre à un plaignant ? Ainsi, il dit Magassouba, tu insultes les gens à ma présence, en ma qualité modeste. Arrivé à la mosquée, je lui ai appelé, il me dit qu’il est en réunion, il dit, je t’ai nommé. J’ai répondu que ce n’est pas toi qui m’a nommé. Et tu ne peux pas me nommer et me rendre indigne. Quand on a fini de parler, je suis allé chez sa mère. J’ai expliqué le problème. Sa mère a dit peut-être c’est quelqu’un qui est entre vous. J’ai dit prions pour que Satan ne s’installe pas entre nous et j’ai quitté. Le lendemain, il m’a appelé à la mosquée. Je suis venu et il dit aux sages de juger entre Keïta et Moi. Il dit celui qui a tort, nous allons le sanctionner. J’ai dit Imam, ce n’est pas entre moi et Keïta, c’est entre toi et moi. Parce c’est toi qui n’est pas honnête. Il dit Magassouba je parles tu parles ? J’ai dit tu n’es pas un Dieu, tu n’es qu’un imam. Un imam doit être juste. Personne n’ose te parler de tes mauvais comportements. J’ai dit vous êtes trop raciste. Vous n’acceptez pas qu’on fasse le sermon dans aucune langue ici, sauf en Soussou. En règle de mosquée, quand le premier imam est malinké, il faut que le second soit soussou et le troisième soit Peulh pour équilibrer. J’ai dit aux sages que si personne n’ose dire la vérité à l’imam, moi je vais le dire. La grandeur d’un homme c’est ton honnêteté. Depuis que j’ai soupçonné ça, j’ai décidé de démissionner et je ne veux plus être Imam n’importe où. Je continue d’y aller prier. La mosquée appartient à Dieu », a martelé Elhadj Magassouba.

Interrogé à son tour, Elhadj Mohamed Aly Soumah, premier imam de la mosquée centrale Gassamaya de Kipé, a apporté un démenti à tous les propos tenus par Elhadj Mandiaye Magassouba. Il déclare d’ailleurs qu’il ne le reconnaît pas comme étant le deuxième imam de la mosquée.

Elhadj Mohamed Aly Soumah, premier imam de la mosquée Gassamaya de Kipé

« Premièrement, je vais vous dire il n’y a pas de deuxième imam dans toutes les mosquées de la République. Ce que le secrétariat des affaires religieuses nous a dit, il n’y a pas d’affaires de deuxième imam dans une mosquée. Il y a le collège des imams, après le grand imam. Ça veut dire que celui qui vous a dit qu’il est deuxième imam, il s’est trompé. La ligue islamique a constaté qu’il y aura toujours des problèmes. Quand le premier imam meurt, ça trouvera souvent qu’il y a un deuxième imam qui ne peut pas tenir le sermon, qui n’est pas bien instruit. Ça trouvera que le 4ème ou le 5ème imam sont très bons. C’est à cause de ça que la ligue a regardé et a dit le 1er imam est le président du conseil de mosquée et tous les autres imams constituent le collège des imams. Et quand le 1er imam n’est plus, on vient faire le concours entre le collège des imams. Celui qui gagnera, c’est lui qui va diriger la tête. Moi, je ne sais qui a dit à Magassouba qu’il est le 2ème imam. Avant que la ligue ne prenne cette décision, moi j’étais deuxième imam. Mais quand le premier imam est décédé, moi je l’ai remplacé. Et c’est après ça que la ligue a pris la décision d’ordonner les choses. Magassouba était à Kakimbo. Si ce n’est pas l’amour, je n’allais pas l’amener directement à la grande mosquée ici. Les gens m’ont dit, tu as envoyé celui-ci tu ne l’as pas testé. J’ai dit, je cherche des jeunes pour les former. Parce qu’il ne faut pas être égoïste et la mort vient à tout moment. Et ça doit trouver que tu as préparé tes successeurs. Il y a deux imams qui sont plus âgés ici mais, ils ne peuvent pas faire prier les gens. Mais souvent, quand moi je veux voyager, j’appelle Magassouba. C’est entre moi et Dieu. Magassouba, souvent il voyage dans son village, il ne me dit pas au revoir. Mais je ne lui ai jamais fait le reproche devant les gens. Quand tu veux voyager au village parce que tu as une radio tu ne me dis pas, ce n’est pas bon. Mais je ne me suis jamais fâché contre lui. Tout le monde sait combien de fois j’ai laissé Magassouba diriger le sermon ici. Parce que je veux donner la chance aux jeunes pour qu’ils soient connu… »

De l’origine du différend !

Elhadj Mohamed Aly Soumah, premier imam de la mosquée Gassamaya de Kipé

« Un jour, nous avons un frère, Ousmane Soumah qui est décédé ici. Le jour de l’enterrement, on est venu c’était à 14h. Tous les imams étaient là. J’ai fait passer Magassouba en disant fait le 14h. Il a fait la prière de 14h. Quand on a fini la prière de 14h, j’ai demandé à tout le monde de me laisser prier sur le corps parce que c’était mon jeune frère. Quand on a fini de prier, je ne sais pas où est passé Magassouba. J’ai dit que je suis un peu fatigué, je ne peux pas aller au cimetière. Remplaces-moi. Mais quand l’enterrement fini, appelle-moi, on va se rencontrer dans la famille mortuaire. Je ne sais pas ce qui s’est passé là-bas. Keïta m’a dit que Magassouba l’a manqué de respect. J’ai dit à ce dernier pardon, il ne faut pas considérer ça. Entre temps, Magassouba a voulu prendre la parole, j’ai dit Magassouba laisse, on va aller à la mosquée, mais pas devant les gens ici. Il s’est énervé en insultant l’autre imam Keïta devant moi. J’ai dit Magassouba, tu as exagéré. Ce n’est pas lui que tu as insulté. C’est moi. Parce que c’est moi le chef. Moi, j’ai quitté là-bas, je partais à une réunion. Je suis resté là-bas, il m’a appelé. J’ai dit, je ne peux pas prendre ton téléphone tu m’as manqué de respect. Moi, je n’ai jamais fait ça à mon supérieur. Il est parti voir ma maman. Ma maman m’a parlé de laisser tomber quel que soit le problème. J’ai dit d’accord je vais laisser. Tout le monde sait que Mohamed Aly n’est pas raciste mais la mosquée ici, on ne peut pas dire qu’on va parler Soussou et traduire après en d’autres langues. Moi, je connais des milliers de peulhs qui viennent écouter mon sermon et ils quittent là où on parle Poular. Entre-temps, j’ai voulu laisser tomber le problème, j’ai appelé les conseils des sages de la mosquée. J’ai dit Magassouba a insulté Keïta, je veux que vous parliez et vous tranchez entre eux. Et celui qui a tort, je vais le sanctionner. Magassouba a été appelé à la mosquée, il est venu. Quand il est venu, il a dit que ce n’est pas un jugement. J’ai répondu que c’est un jugement. J’ai dit l’impolitesse que tu as faite, tu vas expliquer et l’autre aussi va s’expliquer. Et celui qui a tort, je vais le sanctionner. Il me répond que je ne suis pas un Dieu. Moi, je n’ai pas peur de toi », a expliqué le premier imam de cette mosquée située à Kipé Dadya.

Elhadj Mohamed Aly Soumah, premier imam de la mosquée Gassamaya de Kipé

En outre, Elhadj Aly Soumah pense que son adversaire veut juste le salir. « Tout ce qu’il dit de moi n’est pas vrai. Il s’est moqué de moi devant tous les sages. À mon absence, les sages ont parlé, Magassouba a eu tort. Les sages ont dit, on va se joindre à toi pour demander pardon au grand imam. Il leur a dit qu’il n’y a pas de problème. Quand ils ont fini, à leur fort étonnement, Magassouba les appelle pour leur dire qu’il démissionne et qu’il ne veut plus être imam. Quand les sages m’ont rendu compte, j’ai dit parce qu’il n’est pas imam. Premièrement, un imam ne parle même pas de racisme. Lui-même, il est raciste. Sinon, l’imam devait dire aux gens de ne pas faire le racisme. Et tout le monde sait qu’il n’y a pas de problème de racisme ici. Il a dit à l’autre imam Keita qu’il est mal né. Un imam peut dite ça à son confrère dans une mosquée ? C’est ça qui s’est passé. S’il a démissionné, mais pourquoi maintenant il part à la radio. Mais lui, il ne peut pas me salir moi. Tu peux salir quelqu’un que les gens ne connaissent pas. Je n’ai pas peur de dire la vérité. Lui, il ne fera plus jamais faire prier les gens ici. S’il dit qu’il est malinké, moi je parle bien Maninka plus que lui », soutient Elhadj Mohamed Aly Soumah.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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