Un imam accusé de viol suivi de grossesse : la défense met en cause les résultats du test ADN et demande une contre-expertise

Entamé depuis le 25 octobre 2022, le procès d’Elhadj Amadou Barry, imam à la mosquée de Yimbaya, dans la commune de Matoto, s’est poursuivi ce mardi, 25 avril 2023 au tribunal criminel de Mafanco. Cet imam et maître coranique est accusé de viol sur D.K, une mineure de 14 ans au moment des faits, dans la mosquée où il officie la prière. L’audience de ce mardi a été consacré à l’examen de l’expertise médicale sollicitée pour déterminer la paternité du bébé issu du viol présumé, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les faits, qui avaient fait grand bruit à Conakry, se seraient produits en 2021. Elhadj Amadou Barry sera interpellé, inculpé et placé sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry le 09 décembre 2021.

L’audience de ce jour a été essentiellement consacrée par les parties aux procès (partie civile, défense, ministère public) à l’examen de l’expertise médicale ordonné par le tribunal afin de déterminer la paternité du bébé qui serait issu du viol dont est accusé Elhadj Amadou Barry.

Après avoir observé le rapport médical du test ADN, les avocats de la défense ont dénoncé le rapport et demandé au tribunal une contre-expertise. Maître Fodé Camara, membre du collectif de la défense, va expliquer les raisons de cette contestation. « Nous contestons le résultat de ce rapport médical. Nous le dénonçons et nous demandons une contre-expertise médicale parce que le médecin a violé son serment. Nous contestons ce rapport pour plusieurs raisons. Nous le contestons farouchement pour la bonne et simple raison que le médecin légiste qui a été requis par le parquet a violé les règles de la déontologie, les règles qui régissent le secret du contenu du travail qu’ils font. Parce que ce rapport, quand il a été fait, bien avant que le tribunal et le parquet ne reçoivent ce rapport, il y a la partie civile qui était déjà informée.  Il y a eu des coups de téléphone qui ont dit que le résultat est sorti et le test est positif. Cela veut dire que c’est l’imam qui est l’auteur de la grossesse. C’est ce que nous, nous rejetons de façon farouche. L’imam n’est pas du tout le père de l’enfant. Nous demandons au tribunal de procéder à une contre-expertise parce que nous ne sommes pas du tout d’accord… Le supposé père n’est pas Elhadj Amadou Barry et ce test, nous le contestons », a lancé maître Fodé Camara.

De son côté maître Paul Lazard Gbilimou, avocat de la partie civile, estime que comme la défense est en manque d’arguments, elle se livre à ce jeu. Pour l’avocat, il est convaincu qu’Elhadj Amadou Barry est l’auteur du viol. « Lorsqu’on n’a pas d’éléments de défense, on s’apprête à beaucoup de jeux. Et le jeu auquel nos confrères de la défense se sont prêtés, c’est un jeu de débutant. Un jeu de débutant dans la mesure où lorsque nous pensons contester les résultats d’une expertise bien motivée avec des preuves ; mais, ils envoient l’extrait d’une messagerie qui n’a absolument pas de destinataire et on dit que c’est de Orange.  Est-ce qu’une personne privée peut saisir Orange ? Ça, c’est impossible. Il y a aucun élément fiable pouvant admettre la contre-expertise dans ce dossier. C’est à juste valeur d’ailleurs que le juge a rejeté cette demande de contre-expertise… Moi, je suis convaincu qu’à l’issue de tous les débats contradictoires, il est auteur de ce viol. Et à lui de venir prouver le contraire de ce pourquoi il est poursuivi. Moi d’ailleurs, dès que j’ai vu l’enfant, j’ai dit : Bien écoutez, ailleurs on serait venu simplement demander pardon à la famille pour qu’on puisse s’occuper de l’enfant. Parce que l’enfant est né du viol. Il est le fruit de ce viol. Mais se prêter à un jeu de production de pièces aussi déloyale que celles produites devant ce tribunal ; ça, c’est quand même un jeu de débutant », a martelé l’avocat.

Dans la même lancée, le procureur Kanfory Ibrahima Camara a estimé que « ces résultats vont permettre au tribunal de déterminer sa conviction ».

Au terme de ces différentes interventions, le tribunal a finalement ordonné la comparution personnelle du médecin légiste, Dr Sadou Diallo, avant de renvoyer l’affaire au 3 mai 2023.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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