Abdoulaye Diallo sur son calvaire au camp Koundara : « les militaires nous bastonnaient, ils nous versaient de l’eau chaude, ils montaient sur nous… »

Abdoulaye Diallo, marchand et partie civile dans le procès du massacre du 28 septembre 2009

Comme annoncé précédemment, le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit ce mardi, 9 mai 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry). Et, ce sont toujours les parties civiles qui défilent à la barre pour faire leurs dépositions.

Appelé devant cette juridiction de première instance cet après-midi, Abdoulaye Diallo, marchand, a indexé le Sergent Paul Mansa Guilavogui (un des accusés dans ce dossier) comme étant l’un des militaires qui torturaient les gens au camp Koundara le 28 septembre 2009 et les jours suivants. Cette partie civile se plaint notamment de coups et blessures devant ce tribunal criminel.

« Ils (les bérets rouges) nous ont envoyés au camp Koundara lundi. On ne trouvait pas à manger et on nous faisait descendre à chaque moment pour nous bastonner. Ils nous bastonnaient 50 coups, ils nous versaient de l’eau chaude, ils montaient sur nous, ils nous bastonnaient copieusement. Ils nous ordonnaient aussi de nous battre entre nous. Ce sont les bérets rouges qui nous ont envoyés au camp là-bas. Et, sur place, on a pu identifier le commandant Beugré et Sergent Paul [Mansa Guilavogui]. Sergent Paul faisait partie de ceux qui nous torturaient », a-t-il déclaré à la barre.

Guineematin.com vous propose ci-dessous un extrait de cette déposition de Abdoulaye Diallo ce mardi devant le tribunal criminel de Dixinn.

« Nous sommes allés au stade, les militaires nous ont arrêtés là-bas, ils nous ont envoyés au camp Koundara. Ils nous ont fait monter à l’étage. On nous a envoyés là-bas le lundi, et nous sommes restés là-bas jusqu’au mercredi. On ne trouvait pas à manger et on nous faisait descendre à chaque moment pour nous bastonner. Ils nous bastonnaient 50 coups, ils nous versaient de l’eau chaude, ils montaient sur nous, ils nous bastonnaient copieusement. Ils nous ordonnaient aussi de nous battre entre nous. Ce sont les bérets rouges qui nous ont envoyés au camp là-bas. Et, sur place, on a pu identifier le commandant Begré et Sergent Paul [Mansa Guilavogui (un des accusés dans le dossier du massacre du 28 septembre)]. Sergent Paul faisait partie de ceux qui nous torturaient. On a été arrêté au stade, mais on n’a pas pu reconnaître ceux qui nous ont arrêtés. Parce qu’ils nous ont parqués comme des madriers, ils nous ont encerclés et nous ont envoyés au camp. Nous sommes restés au camp du lundi au samedi matin. Ils menaçaient de nous tuer. On était nombreux, mais il n’y avait pas de femme entre nous. Du lundi au mercredi à 14 heures, on n’a pas eu à manger… C’est mon grand frère qui a appelé un commandant qui était là, ce dernier a appelé Beugré, et par la suite j’ai été libéré », a déclaré Abdoulaye Diallo.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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