Guinée : la banque mondiale organise un atelier de dissémination des résultats du rapport relatif à l’évaluation du genre

La Banque Mondiale a organisé un atelier de dissémination des résultats de l’étude sur l’évaluation de l’égalité du genre en Guinée dans la journée d’hier, mardi 9 mai 2023, dans un réceptif hôtelier de Conakry. Selon les organisateurs, cette évaluation de l’égalité du genre vise à explorer les défis, découvrir les obstacles auxquels sont confrontés les femmes et filles en Guinée par rapport à la gente masculine.

La rencontre a réuni la Ministre de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, la Gouverneure de la ville de Conakry, la Vice-présidente du Conseil national de la transition (CNT), des activistes de la société civile, a constaté sur place Guinéematin.com à travers un de ses reporters.

La Banque mondiale est engagée à promouvoir l’autonomisation des femmes et des filles, à soutenir le gouvernement à développer des politiques et les mettre en œuvre, à combler l’état des revenus entre les hommes et les femmes. Elle offre plus de choix et d’opportunités aux jeunes filles pour avoir les moyens et opérer les choix en matière de procréation les voies qui leur conviennent. Elle vise également à accroître la parité au niveau de l’éducation et lutter contre les violences basées sur le genre et faire en sorte que les femmes puissent disposer de plus de moyens économiques pour une participation plus accrue au niveau du développement du pays.

Nestor Koffi, représentant résident de la Banque Mondiale en Guinée

Dans son allocution, le représentant résident de la Banque mondiale en Guinée, est revenu largement sur les détails du résultat du rapport. « Il s’agit d’un diagnostic sur le statut des femmes et des filles par rapport à la gente masculine. C’est vrai qu’il s’agit d’une évaluation ; mais il ne s’agit pas seulement d’une évaluation, mais d’un regard aussi prospectif. Regarder vers l’avenir. Le rapport qui va être présenté de façon détaillée met en évidence des écarts importants dans différents domaines. Notamment les domaines de la santé, de l’accès à l’éducation, des opportunités économiques, et tout ceci de façon générale en matière de prise de décisions. Ces écarts entre l’homme et la femme se manifestent dans ce domaine. Quelques éléments d’illustration, plus d’une fille sur trois, dans la tranche d’âge de 13 à 18 ans, n’arrive pas à accéder à l’éducation secondaire ; chez les jeunes filles de 15 à 19 ans, les décès maternels représentent plus de 40% ; et nous notons aussi qu’il y a plus de 11 % de femmes, dans la tranche de 15 à 49 ans, qui utilisent les méthodes de contraceptifs. Deux (2) femmes sur (5), dans la tranche de 15 à 49 ans, ne participent aux prises de décisions dans les ménages. Seulement une (1) parcelle sur 4 sont détenues par des femmes. 95% des femmes exercent un travail qu’on pourrait qualifier de vulnérable. Une (1) sur quatre (4), dans la tranche d’âge de 20 à 24 ans, a été amenée en mariage avant l’âge de 15 ans. Et les mutilations génitales féminines sont presque une constante… Ces faits ne sont pas seulement des éléments de réflexion intellectuelle, mais ce sont des éléments pour la prise de décisions pour un changement des comportements ici en Guinée. Certes, ce ne sont pas des agrégats qui ne sont pas assez reluisants, mais nous pensons qu’au-delà des constats, il y a une corrélation qu’il faut établir, qu’il faut souligner notamment ces faits de discriminations négatives à l’égard de la gente féminine », a expliqué Nestor Koffi.

Pourtant, dit le représentant résident de la banque mondiale en Guinée, la promotion de la femme a des effets positifs sur la vie sociale. « Tout d’abord, la promotion de la gente féminine conduit à réduire l’existence de la pauvreté et la vulnérabilité, mais aussi augmente le revenu des ménages et permet de sortir … de la pauvreté. Combler les écarts entre les sexe en matière d’éducation, de santé et une participation économique pourraient donc conduire à une augmentation estimée de plus de 10% du produit intérieur brut, et cela suite aux différentes études que nous avons produites en 2019. Les progrès des femmes dans certains domaines peuvent également conduire à des progrès plus larges en matière de développement durable (…) et l’accès à des emplois de qualité et des salaires plus élevés », a laissé entendre Nestor Koffi.

La Ministre de l’Action Sociale, de la Promotion Féminine et des Personnes Vulnérables, Aïcha Nanette Conté, a fait savoir que les femmes de notre pays sont confrontées à des difficultés. Elle a également fait savoir que des défis énormes sont à relever.

Aïcha Nanette Conté, ministre de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables

« Je voudrais adresser mes sincères remerciements à la banque mondiale, qui est toujours aux côtés du gouvernement pour la réalisation de nos objectifs à travers la mise en œuvre des programmes et projets en faveur des couches vulnérables. En témoigne la présente étude. La problématique du genre en République de Guinée constitue une préoccupation du gouvernement de la transition, comme en témoigne la lettre de mission assignée par Dr Bernard Goumou, le Premier ministre, aux différents départements ministériels qui accordent une priorité à la promotion du genre. Les femmes guinéennes, qui représentent 52% de la population, sont confrontées encore à beaucoup de difficultés découlant de  disparités sexistes et des pesanteurs socioculturelles qui ont pour conséquences la persistance des violences basées sur le genre avec un taux de 80,7% chez les filles et femmes âgées de 15 à 64 ans, une prévalence de 94,5% des mutilations génitale féminines chez les filles et femmes âgées  de 15 à 49ans, et 39% chez les filles de 0 à 14ans ; le taux élevé d’analphabétisme, le faible accès aux crédits et aux soins de santé et aussi, il faut noter que leur statut social de femme les empêche de participer pleinement aux prises de décisions d’une part et fait d’elles des victimes de plusieurs formes de violence basées sur le genre. C’est dire donc, qu’en dépit de l’existence d’une politique nationale du genre assortie de plan d’action, d’une stratégie nationale et d’un plan stratégique quinquennal sur les violences basées sur le genre, force est de reconnaître que des défis majeurs sont à relever. Il s’agit notamment de la désagrégation des données sexo-spécifiques, la poursuite du renforcement des capacités des acteurs à tous les niveaux sur les questions du genre et la budgétisation sensible au genre ».

En outre, Aïcha Nanette Conté est revenue sur ce qui est fait par le gouvernement pour inverser cette tendance. « Face à cette situation, le gouvernement, tout en souhaitant l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, à travers le département dont j’ai la charge, a fourni beaucoup d’efforts dans la création et le renforcement des capacités des services genre et équité au niveau de tous les départements ministériels, l’intégration du genre dans les politiques et programmes sectoriels, et tout récemment l’organisation des journées de consultations à l’intention des partenaires bi et multilatéraux, des organisations de la société civile, des secteurs privés et des chefs de service  genre et équité pour recueillir leur avis pour l’actualisation du plan d’action national relatif à la mise en œuvre de la résolution 13 25 du Conseil de sécurité des nations Unies ainsi que la création d’un fonds d’appui aux activités économiques des femmes au niveau du ministère de la promotion féminine de l’enfance et des personnes vulnérables », a laissé entendre la Ministre de l’Action Sociale.

Kadiatou Konaté, directrice exécutive du Club des jeunes filles leaders de Guinée

De son côté, Kadiatou Konaté, la directrice exécutive du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée a dénoncé la persistance des violences que subissent les femmes et files de Guinée. « Il est important à savoir que ce sont des études qui existaient et que ces données viennent démontrer combien de fois le problème continue à persister. Mais, on ne va pas réinventer la roue parce qu’il y a des outils dont nous disposons. Il y a des opportunités que nous avons, je parle en tant qu’actrice de la société civile et allant en ce sens, nous détenons un plan stratégique quinquennal de lutte contre le mariage d’enfants. Donc, est-ce qu’il faut carrément reprendre à faire autre chose ou veiller à mettre des moyens à disposition pour réaliser des activités ou actions prévues dans plan national stratégique de lutte contre le mariage enfants ? A côté, nous disposons de la politique nationale de la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF). La Guinée n’est qu’à à 95% de taux de MGF, c’est-à-dire le deuxième pays au monde qui pratique le plus les mutilations génitales féminines (MGF). Ce qui est très alarmant et désolant », a martelé Kadiatou Konaté.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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