Meurtre de Mahawa Traoré à Kobaya (Conakry) : deux autres accusés à la barre du tribunal criminel de Dixinn

Plusieurs personnes sont jugées au tribunal criminel de Dixinn pour assassinat, meurtre et complicité sur Mahawa Traoré, une fillette âgée de 4 ans au moment des faits. Pour l’audience du lundi dernier, 22 mai 2023, c’est Mohamed Alimou Diané et Roughiatou Daffé qui ont comparu à la barre. Ils ont été interrogés sur ce qu’ils savent suite à la découverte du corps de la fillette, au quartier Kobaya, dans la commune de Ratoma. A la barre, ils nient toute implication dans cette affaire, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les accusés dans cette affaire sont Lansana Kaba, Papa Koly Doumbouya, Ousmane Ben Camara, Ibrahima Barry, Mohamed Alimou Diané et Roughiatou Daffé. Les faits se sont produits en novembre 2022 au quartier Kobaya.

A l’audience de ce lundi, le premier à comparaître est Mohamed Alimou Diané, gardien de la clinique derrière laquelle le corps de Mahawa Traoré été retrouvé. À la barre, il a dit ne rien savoir de cette affaire. « Dans la nuit du 27 novembre 2022, j’étais de garde. J’étais assis dans les environs de 21h, j’étais en plein service. J’ai entendu les bruits à l’arrière-cour. J’ai demandé, on m’a dit que ce sont les gens qui sont en train de chercher un enfant dans la cour voisine. Après, les patients sont arrivés pour frapper à la porte de la clinique. J’ai ouvert la cour, les patients sont rentrés. C’est tout ce que je connais dans cette affaire. Mon travail était de surveiller ce qui se passe dans la cour, mais pas ce qui se passe en dehors. Mon poste est situé à l’intérieur de la Cour. Ma mission essentielle, c’est de veiller sur les biens qui se trouvent à l’intérieur de la cour. Je voyais Mahawa Traoré ; mais, il n’y avait pas de connaissance entre elle et moi. C’est sa maman que je connais parce qu’elle revend à côté de nous. Je ne reconnais pas avoir donné la mort à Mahawa Traoré. C’est à 21 h que notre médecin-chef nous a appelés pour prendre nos noms. En ce moment, il y avait des agents de la gendarmerie qui étaient venu dans notre clinique. Notre chef nous a dit de suivre les agents et qu’ils vont nous poser des questions. C’est comme ça que j’ai appris le meurtre de Mahawa Traoré. Concernant les traces qui étaient sur les murs de la clinique, personne ne m’a parlé de ça. Si Mahawa Traoré a subi des violences sexuelles, je n’en sais rien aussi. J’ai passé la nuit dans la clinique, le jour où il y a eu meurtre. Ce que je sais, personne n’est rentré dans la cour à part les patients. Je ne me reproche de rien dans cette affaire. Je demande au tribunal de me libérer », a-t-il laissé entendre.

À son tour, Roughiatou Daffé, l’une des accusés, qui a été la première à découvrir le corps de Mahawa Traoré, a donné sa version des faits. « Je ne reconnais pas les faits de complicité. Ce que je connais, c’était un lundi, j’ai mis le café au feu et j’ai envoyé mes enfants à l’école. Quand je suis revenue, j’ai pris les ordures pour aller les jeter. Là où on jette les ordures, c’est là-bas que j’ai vu le corps de l’enfant et j’ai commencé à crier, parce que j’étais paniquée. Quand j’ai crié, c’est David qui est venu me prendre. J’ai appelé Monsieur Ben et sa femme, parce que je loge dans cour de Monsieur Ben. Quand Monsieur Ben est sorti, il n’est pas allé directement voir le corps. Il a dit aux enfants d’aller voir sur les lieux. Le corps a été retrouvé sous les fleurs dans la cour de Monsieur Ben. Mais, je pense que le corps a été transporté là par quelqu’un. Parce que je n’ai pas vu les traces sur les murs de la clinique. Quelque temps après, les gendarmes ont été appelés. Quand les gendarmes sont venus, on est parti à la gendarmerie de Kipé où ils m’ont posé des questions. J’ai expliqué ce que j’ai vu. Je ne connais rien de tout ça. Je ne sais pas qui a jeté le corps dans la cour. Si je connaissais l’intéressé, j’allais le dénoncer », a dit Roughiatou Daffé.

Du côté de la famille de fillette retrouvée morte, c’est Mohamed Traoré, père de Mahawa, qui a été appelé à la barre. « Ce jour-là, j’ai passé toute la journée avec mes enfants. Vers les 17h, j’ai quitté la maison pour la ville. J’ai laissé ma femme et mes enfants là où elle revend la salade. En quittant chez mon ami, il m’a donné deux boîtes de jus, me disant amène ça pour tes enfants. Quand je suis arrivé à la maison, j’ai vu la jeune sœur de Mahawa Traoré. Je lui ai demandé où est Mahawa, elle me dit qu’elle est chez mon voisin Monsieur Kaba… Comme mes enfants ont l’habitude d’aller chez Monsieur Kaba qui est un voisin, j’y suis allé voir, on ne l’a pas vu. On s’est mis à rechercher ma fille. Je suis parti faire la déclaration de perte à la police et à la gendarmerie. Après, je suis revenu à la maison. C’est quand je me suis mis à crier, la foule est sortie pour venir m’aider. La clinique, la maison de Monsieur Lansana Kaba et ma maison sont très proches. Comme je n’ai pas vu ma fille, à mon entendement, j’ai eu le réflexe que ma fille était entre la maison de Monsieur Kaba et la clinique. Parce que chaque jour, elle joue avec les enfants de Monsieur Kaba. Avec la foule, on est parti à la clinique, mais on n’a pas pu avoir accès parce qu’il y avait déjà les gendarmes qui ont lancé le gaz lacrymogène sur la foule. Le gardien de la clinique qui dit qu’il ne connaît rien était là-bas. Donc, dans la recherche de ma fille, quelqu’un a dit qu’un corps a été retrouvé dans la cour de Monsieur Ben. Mais, quand je suis venu voir le corps, j’ai vu que c’était ma fille. Mais quand j’ai vu le corps, j’ai vu une corde au niveau de son cou, j’ai compris que quelqu’un a mis la corde au cou de mon enfant pour lui faire descendre dans la cour de Monsieur Ben.  Et je pense que c’est sur le mur de la clinique que la personne s’est arrêtée pour faire ça. Mon enfant a été vidé de son sang, violée sexuellement et étranglée », a-t-il soutenu.

Après ces débats, le ministère public et les avocats de la partie civile ont demandé le renvoi de l’affaire à une date ultérieure pour des suppléments d’information. Demande à laquelle la défense va s’opposer. Les avocats de la défense ont mis l’occasion à profit pour demander la mise en liberté de leurs clients, s’il faut renvoyer l’affaire pour supplément d’information. Ils ont estimé que le ministère public et la partie civile ont eu suffisamment de temps pour mener leurs enquêtes.

Dans sa décision, le tribunal, après en avoir délibéré, a rejeté la demande concernant le renvoi pour le supplément d’information et a aussitôt ordonné la continuation des débats.

Par ailleurs, le tribunal a procédé à la mise en liberté d’Ibrahima Barry, l’un des accusés, pour lui permettre de terminer ses études supérieures.

L’affaire a été renvoyée au 12 juin 2023 pour réquisitions et plaidoiries.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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