Affaire Damaro Camara à la CRIEF : voici pourquoi le mandat d’amener contre lui n’a pas été exécuté

Amadou Damaro Camara, ex président de l'Assemblée nationale

Le mandat d’amener décerné par la chambre de jugement de la CRIEF contre Amadou Damaro Camara, ex président de l’Assemblée nationale sous le règne d’Alpha Condé, n’a finalement pas été exécuté hier, lundi 5 juin 2023. Le ministère public en charge de l’exécution de ce mandat s’est heurté à des difficultés liées au mauvais état de santé du prévenu. Peu après l’ouverture de l’audience, un rapport médical établi par son médecin traitant a été lu à l’audience par la défense, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans ledit rapport, le médecin traitant fait état d’un risque d’accident cardiovasculaire élevé qui aurait empêché Amadou Damaro Camara de comparaître devant la Cour pour être entendu sur les faits mis à sa charge. Après la lecture du rapport en question, la Cour a donné la parole aux parties afin de donner leur avis sur les motifs de la non-comparution du prévenu à la barre.

La partie civile qui dit ne pas être convaincue du contenu de ce rapport médical sollicite de la Cour la désignation d’un autre médecin pour une contre-expertise médicale permettant à la Cour de mieux savoir de quoi souffre réellement l’ancien président de l’Assemblée nationale au point de ne pas pouvoir comparaître devant elle.

« Je crois, monsieur le président, qu’il est nécessaire qu’un autre médecin fasse une contre-expertise médicale pour vous donner la quintessence de ce que le médecin traitant a mis dans le rapport médical afin qu’on puisse savoir si monsieur Amadou Damaro Camara peut comparaître ou pas devant votre Cour. Parce qu’à lire le rapport fourni par son médecin traitant, ce compte rendu médical, rien ne nous dit que monsieur Amadou Damaro Camara ne peut pas comparaître. Parce que les risques cardiovasculaires, presque 50% des Guinéens ont ces risques-là, mais chacun vaque à ses affaires monsieur le président. Et d’ailleurs, monsieur Amadou Damaro Camara lui-même aspire à gérer ce pays avec cette pathologie. Monsieur le président, c’est qui ne peut l’empêcher de comparaître devant votre Cour. Mais, pour le respect dû à la personne, je veux parler pas de lui, mais de toute personne, je trouve nécessaire qu’on fasse intervenir un autre médecin pour se rassurer même du contenu de ce compte rendu fait par le médecin traitant de monsieur Amadou Damaro Camara », a plaidé Me Amadou Babaein Camara, un des avocats de la partie civile représentée par l’agent judiciaire de l’Etat.

De son côté, le ministère public représenté à cette audience par Mamady Lazare Boret, a plutôt demandé que des médecins comparaissent devant la Cour pour donner des explications précises sur les pathologies dont souffre Amadou Damaro Camara en lieu et place de faire comparaître le prévenu Amadou Damaro Camara en question.

« Pour ce qui est de la comparution de monsieur Amadou Damaro Camara, force est de reconnaître, nous sommes toujours butés sur son état de santé répété par ses médecins traitants qui estiment qu’à cet état, il ne peut pas faire face à la tenue d’une audience publique. Je pense que cela a été relayé lors de la précédente audience et comme je l’ai dit tantôt, c’est toujours par avis de ses médecins que monsieur Amadou Damaro Camara ne comparaît pas par devant votre Cour. Pour ce qui est des autres motifs de renvoi, je pense que vous pouvez donner suite et ordonner la continuation des débats. Le médecin traitant de monsieur Amadou Damaro Camara dit qu’il y a un risque d’accident cardiovasculaire élevé. Cela veut dire que si Monsieur Amadou Damaro Camara ne passait pas ses examens, il risque donc de faire un accident cardiovasculaire. Nous ne le souhaitons pas. Mais, cela vient de l’avis du médecin traitant. C’est à cela que nous nous heurtons chaque fois qu’il est question de le faire comparaître. Alors, pour ce qui est de ces examens, il a été soutenu tout au long de la phase d’introduction que ce sont des examens qui ne peuvent se faire dans nos hôpitaux. Ce qu’on n’a pas pu vérifier, bien évidemment. Mais, à lire le rapport, il ressort que ce n’est pas la première fois que cette demande est formulée par le médecin traitant. Et le but, c’est de s’assurer effectivement que les organes vitaux du prévenu ne sont pas entamés. Donc, monsieur le président, puisque ce sont des termes médicaux, et tout ce qui est à mon sens, très visible, c’est bien le risque élevé d’un accident cardiovasculaire. Et, au plus d’explications, il serait judicieux de demander l’avis des médecins pour ne pas dire de ce médecin, pour vous expliquer de manière succincte la pathologie observée chez le détenu et d’éventuellement dire de manière précise. Puisque les médecins tout comme les magistrats sont sous serment, devant votre Cour en quoi la pathologie développée par monsieur Amadou Damaro Camara ne lui permet pas de prendre part à la tenue d’une audience publique », a dit Mamady Lazare Boret, substitut du procureur spécial.

Finalement, la Cour a renvoyé le dossier au 8 juin 2023 pour la suite des débats.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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