Conakry : accusé d’avoir accidenté un élève, voici ce que risque le gendarme Kabinet Traoré

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Le gendarme Kabinet Traoré, jugé au tribunal de première instance de Dixinn délocalisé à la mairie de Ratoma, risque une peine d’un an d’emprisonnement et le paiement d’une amende de 2 millions de francs guinéens. C’est ce que le substitut du procureur Alpha Bacar Cissé a requis contre lui hier, mercredi 7 juin 2023, dans une affaire de non-assistance à personne en danger et risques causés à autrui. Il est accusé d’avoir provoqué un grave accident tout en abandonnant la victime présumée, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Kabinet Traoré, qui relève de l’unité d’intervention de la gendarmerie de Sonfonia, est poursuivi par le parquet de Dixinn pour avoir accidenté Wandera Kantambadouno, élève en terminale. Selon nos informations, les faits se sont produits au quartier Concasseur, dans la commune de Ratoma, le 2 octobre 2022. Après avoir causé cet accident, le présumé auteur Kabinet Traoré, serait resté indifférent face à la victime, Wandera Kantambadouno. Gravement blessé à la tête, le jeune élève a été conduit dans un 1er temps au centre médical communal de Ratoma avant d’être évacué au Centre Hospitalier Universitaire de Donka où il a subi une intervention chirurgicale. Nos sources ajoutent que sur les lieux de l’accident, le gendarme aurait confisqué la moto de la victime de l’accident avant de continuer son chemin.

C’est face à cette situation que le frère de la victime, Félix Kantambadouno a porté plainte contre le gendarme. Il a été mis aux arrêts et placé sous mandat le 2 juin 2023.

Le procès s’est ouvert ce mercredi 7 juin 2023. Dans sa déposition, Félix Kantambadouno a expliqué que depuis le drame, ni l’auteur ni sa femme ne se sont déplacés pour s’enquérir de l’état de santé de Wandera Kantambadouno. « Il n’a jamais été à l’hôpital. Je suis allé jusqu’à son domicile. J’ai laissé mon numéro avec lui.  Mais ni lui, ni sa femme n’ont fait le déplacement. Mon jeune frère est aujourd’hui  couché à  la maison. Il devait faire cette année le baccalauréat… Sans compter les autres frais, j’ai dépensé 15 millions 500 mille francs guinéens pour l’opération de sa tête. Je réclame toutes les dépenses que j’ai effectuées », a dit Félix Kantambadouno.

Cependant, le gendarme, droit dans ses bottes, soutient mordicus que ce n’est pas lui qui a occasionné l’accident. « Ce n’est pas moi. Je ne reconnais pas les faits », a-t-il déclaré, avant de soutenir que depuis son arrestation, la hiérarchie n’a pas été informée.

De son côté, le procureur Alpha Bacar Cissé, après avoir longuement expliqué les faits, a demandé au tribunal de le retenir le gendarme dans les liens de la prévention en le condamnant à un an avec sursis et au paiement de 2 millions de francs guinéens d’amende.  Pour le procureur, « l’heure est grave dans la mesure où celui qui a l’obligation de protéger les citoyens et leurs biens agit de la sorte. Le protecteur de la population a failli à ses obligations. La loi lui a confié une mission, celle de protéger les citoyens et leurs biens. Au lieu de suivre cette mission qui lui est assignée, il est tombé bas. Même si Kabinet Traoré n’était pas l’auteur, il devait porter assistance aux personnes en danger. C’est ça sa mission. Les citoyens paient l’impôt et taxes à l’Etat et en contrepartie, l’Etat protège et assiste les citoyens. Kabinet Traoré s’est heurté à son propre piège. Si c’était un fils à lui, ou un jeune frère à lui, est-ce qu’il allait laisser cet accidenté et continuer. C’est pourquoi j’ai dit que l’heure est grave. En République de Guinée, les citoyens accordent un respect aux corps habillés. Mais fort de son manteau de gendarme, il a causé l’accident et il est parti. Il a pensé qu’il peut se permettre de tout faire parce qu’il a des relations, parce qu’il est fort de sa tenue. Or, il n’a pas porté sa tenue contre les citoyens, mais pour les citoyens. Son salaire et sa tenue, ce sont les citoyens qui contribuent… Il a même fait disparaître les preuves sur les lieux. Ce n’est pas un bon exemple. Le petit était dans une situation calamiteuse. Mais ni lui ni sa femme n’ont été voir l’état de l’enfant. Il a voulu utiliser ses relations, sa force, sa tenue pour étouffer l’affaire. Je vous demande de constater la gravité des faits. Parce que dès que tu vois les images de cet accident, tu es choqué, tu es meurtri. Ici, ce n’est pas les 25 millions de francs guinéens que la partie civile réclame que vous allez voir, mais les douleurs subies. Sa vie est en danger. Est-ce qu’il pourra s’en sortir de ces blessures ? Est-ce qu’il va pouvoir continuer ses études ? Est-ce qu’il aura désormais la tête tranquille ? C’est pourquoi je vous demande de le retenir dans les liens de la prévention. Pour la répression, vous le condamnerez à un an d’emprisonnement assorti de sursis et au paiement de 2 millions de francs guinéens d’amende. Je vous demande de tenir compte des intérêts de la partie civile et de prendre une décision de sanction-réparation », a martelé Alpha Bacar Cissé.

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 21 juin 2023.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel :620 589 527/664 413 227

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