Sierra Leone : des citoyens demandent des élections libres, transparentes et crédibles

La Sierra Leone a vécu une période de tension à l’approche des élections générales prévues ce samedi (24 juin) avec notamment des violences recensées dans la capitale Freetown. Selon l’opposition, ces violences ont entraîné la mort de plusieurs de ses partisans. Une version contestée par les forces de sécurité. À la veille des élections (présidentielle, législatives, municipales), l’envoyé spécial de Guineematin.com à Freetown a donné la parole à des citoyens sierra-léonais, soulagés de retrouver la quiétude dans leur ville et qui espèrent que les scrutins seront libres et transparents.

Ce sont 3,4 millions d’électeurs qui sont attendus demain dans les urnes. Le pays compte 16 circonscriptions, 3 630 centres de vote à l’échelle nationale et 11 832 bureaux de vote à l’échelle nationale. À Freetown, ils sont nombreux à demander la transparence dans ces élections pour notamment éviter une crise postélectorale.

Au siège du Parti de tout le peuple (ACP), les traces des violences qui ont eu lieu jusqu’au 21 juin sont encore visibles. Plusieurs vitres de fenêtres du bâtiment sont trouées par balles. Mais cela ne semble pas démotiver les partisans de Dr Samura Kamara pour autant car ils sont déterminés à élire l’économiste de 72 ans à la magistrature suprême battue de 4 points en 2018 par le président sortant.

Dans le QG de ce dernier, des militaires et gendarmes armes à la main sont postés à l’entrée. Là également l’on s’active pour réélire Julius Maada Bio, ancien militaire, âgé de 59 ans, pour un second mandat de cinq ans.

Dans les deux camps, nous n’avons pas réussi à échanger avec les responsables car cette veille d’élection est une journée « de silence électorale pour les politiques », a-t-on appris. Les membres de la commission électorale nationale en ont profité pour faire « une marche de paix » à Cotton tree.

Dans la ville, les citoyens vaquent librement à leurs occupations. Les rues sont remplies d’engins, et au Sewa Ground Market, marchands et vendeurs y sont présents. Plusieurs personnes rencontrées sur place ont exprimé leur satisfaction quant à la tenue des élections demain.

James Kamara, inspecteur de la marine de Sierra Leone

« Dieu merci, mais ces derniers jours c’était chaud et tout le monde avait peur des problèmes qui vont arriver mais Dieu merci, il n’ y a aucun problème qui est arrivé. Aujourd’hui, tout le monde est en train de faire son business et les gens partent au travail », a dit James Kamara, inspecteur de la marine de Sierra Leone.

Fatoumata Young, vendeuse de mèches et tissages à Sewa Ground Market

De son côté, Fatoumata Young, vendeuse de mèches et tissages, est satisfaite du retour au calme et promet la victoire de Maada Bio. « Je constate que c’est calme et paisible. Pour moi, Maada Bio va être réélu et c’est ce que je souhaite parce que ces 5 dernières années il a fait du très bon travail. Il a commencé et continué des travaux. Il a fait beaucoup de choses pour ce pays au niveau de l’éducation, de l’électricité, bref beaucoup de choses qui vont dans le sens du développement », a-t-elle soutenu.

Pour sa part, Mohamed Kourouma, cambiste, indique que les gens ont encore peur d’aller voter. Et sollicite l’aide de la communauté internationale pour rendre plus crédibles les élections.

Mohamed Kourouma, cambiste

« Nous avons besoin d’élections crédibles, libres et transparentes. On a pas besoin de violence car elle n’aide pas le peuple. Alors s’il vous plaît, je parle à la communauté internationale, aidez-nous à avoir des élections libres et transparentes parce que le président est brutal, donc on a besoin que la communauté internationale lui parle. Si l’élection est libre et transparente, on va voter et après chacun suivra son business. Nous n’avons besoin de violence, mais beaucoup de gens sont apeurés d’aller voter », a-t-elle fait savoir.

« Colère et frustration »

Beaucoup de sierra-léonais dénoncent la restriction des libertés faite par le pouvoir en place, mais aussi la corruption qui mine son régime. Pour certains, ces élections sont une occasion pour exprimer leur mécontentement.

« Pour l’instant je suis un peu content pour ces élections qui vont avoir lieu demain. La simple raison est que nous les sierra-léonais avons souhaité que ces élections aient lieu parce que vous regardez les statistiques de la Sierra Leone 60 ou 70% des citoyens souhaitent qu’on aille aux urnes pour qu’on puisse sortir notre colère et notre frustration car c’est la seule voie que nous ayons pour dire aux observateurs internationaux que ce peuple est fatigué. On espère des élections transparentes, fiables, crédibles. Celui qui gagne gagne et celui qui perd perd », a confié un fonctionnaire qui a requis l’anonymat car il a peur d’éventuelles représailles.

Depuis la Sierra Leone, Mamadou Yahya Diallo pour Guineematin.com

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