Production des poussins en Guinée : les entreprises locales tuées par les importations

C’est une période de vache maigre pour les unités de production de poussins en Guinée. Avec une capacité de production de 18 millions de poussins par an, ces industries sont contraintes de tourner au ralenti à cause de la « concurrence déloyale » à laquelle elles font face actuellement sur le marché national. Un marché inondé de poussins importés d’Europe. Le président de l’association des accouveurs un jour de Guinée, Mamadou Baïlo Baldé, dénonce une « situation catastrophique » pour les industries locales et appelle le gouvernement à prendre des mesures pour protéger les accouveurs nationaux qui ont déjà investi de gros moyens sur le terrain pour la production locale des poussions.

Selon des informations confiées à un journaliste de Guineematin.com, la Guinée dispose à date de cinq (5) unités de production locale de poussin. Ces industries ont une capacité de production largement supérieure au besoin national. Mais, à cause de la concurrence liée à l’importation anarchique des poussins d’Europe, ces industries locales tendent vers la fermeture. Déjà, trois d’elles viennent de mettre la clé sous la porte. Et, ces fermetures ont entraîné la porte de centaines d’emplois. Et, si rien n’est fait, les deux unités de production de poussins qui restent vont fermer sous peu.

« En tant que producteur de poussins d’un jour, nous sommes confrontés à une importation abusive et non réglementée de poussins venant de l’Europe pour le marché guinéen. Cette importation déstabilise les industries guinéennes qui sont ici. Parce qu’aujourd’hui ces industries locales sont obligées de fermer. Le ministère de l’agriculture et de l’élevage est au courant de cette importation à une échelle très grave. C’est une concurrence déloyale qui est faite à ciel ouvert aux industries locales de production de poussins. Parce que les importateurs n’ont pas de charge, ils ne paient pas de taxe, ils ne paient pas de l’énergie et ils n’ont pas d’employés. Aujourd’hui, nous on n’arrive plus à écouler nos produits sur le territoire national, nous sommes obligés d’arrêter. Nous sommes cinq grandes industries d’une capacité de production de 18 millions, alors que le besoin actuel en Guinée est à 5 millions. Vous voyez bien que nous sommes largement capables de couvrir ces besoins de la Guinée. Mais, malheureusement, nous sommes sans protection dans nos activités. C’est vraiment une chose qu’on déplore et on demande aux autorités de faire leurs mieux pour nous sécuriser. Sinon c’est une catastrophe. Parce qu’on ne peut pas parler de la filière avicole sans production et on ne peut développer cette filière avec l’importation. Ça fait des années que nous sommes en train de dénoncer cette importation sauvage. A un moment, il y a eu une interdiction de l’importation, puisqu’il y avait la grippe aviaire en Europe. Malheureusement, cette interdiction a très vite été levée. Et, depuis lors, nos industries ne fonctionnent pas correctement. Certaines de nos industries ont déjà fermé à cause de cette concurrence déloyale. Trois des cinq industries ont fermé. Et, si la situation perdure, les autres aussi vont fermer. On demande aux autorités de protéger les producteurs locaux. Les entreprises fermées ont entraîné des pertes de centaines d’emplois et des milliards de francs guinéens de chiffres d’affaires perdus », a déploré Mamadou Baïlo Baldé, Le président de l’association des accouveurs un jour de Guinée.

Face à ces importations qui menacent le développement des industries de production locale et la filière avicole en Guinée, l’association des accouveurs un jour de Guinée a écrit plusieurs courriers pour alerter les autorités. Mais, pour l’instant, aucune mesure n’a encore été prise pour pallier cette situation.

« On a déjà adressé des courriers au ministre de l’agriculture, au Premier ministre, à la Chambre du commerce et à la présidence de la République, mais on n’a pas eu de suite favorable. Parce qu’il n’y a eu aucun changement et l’importation a connu beaucoup d’ampleur. Et nous, chaque jour qui passe, on perd de l’argent, on perd de l’espoir. C’est déplorable », s’indigné Mamadou Baïlo Baldé.

Mamadou Baïlo Kéita pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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