Saörö (Yomou) : « nous souffrons de l’injustice de la SOGUPAH et de l’ancien président Alpha Condé »

Douze (12) ans après les évènements de Saöro, dans la préfecture de Yomou, des victimes d’expropriation qui accusent la Société guinéenne de palmiers à huile (SOGUIPAH) d’avoir pris leurs terres cultivables attendent toujours d’être rétablis dans leurs droits. Dans un entretien accordé au correspondant de Guineematin.com dans la région ce mardi 27 juin 2023, la présidente des femmes de l’Association des victimes de Saöro, Martine Saoromou, attire l’attention du Colonel Doumbouya sur cette situation qui tarde à être jugée.

Le district de Saörö, relevant de la commune rurale de Diécké, situé à 50 km du chef-lieu de la préfecture de Yomou, avait été le théâtre de scènes de violences en 2011 suite à ce qu’ils avaient qualifié d’expropriation de leurs terres cultivables de la part de la SOGUIPAH. Depuis, les victimes se plaignent de cette situation qui a bouleversé leurs conditions d’existence. « Bien avant l’arrivée de la SOGUIPAH, nous étions libres et nous faisions des champs de manioc, de banane, de riz, d’ananas, de taro… pour pouvoir répondre à nos besoins. On vivait heureux. Depuis l’arrivée de la SOGUIPAH, nous traversons un vrai calvaire. Nous souffrons concernant le pillage de nos biens par la SOGUIPAH. Quand tu pénètres dans la zone que la SOGUIPAH nous a retirée pour faire des plantations, ils te considèrent comme un voleur, te demandent une somme d’un à deux millions de francs guinéens. Quand tu refuses de leur donner cette somme, ils t’amènent à Diécké et de là, à Yomou. Ils nous ont donné le titre de voleur à Saöro, qualifiant toutes les femmes de voleuses, oubliant que le vol n’était jamais arrivé sur notre territoire avant leur venue », a lancé Martine Saoromou.

Selon la présidente des femmes de l’Association des victimes de Saörö, certaines victimes ont été arrêtées après avoir dénoncé cette expropriation. Martine Saoromou raconte la mort tragique de son père qui a été emprisonné à N’Zérékoré. « Quand nos parents sont intervenus, ils les ont tous emprisonnés. Et juste après la libération de mon père, il est mort sous l’effet des soucis qu’il avait. Nous souffrons bien sûr, mais nos enfants vont-ils toujours continuer à souffrir ? La SOGUIPAH a tout pris et a tout détruit chez nous. Nous n’avons même plus une seule parcelle cultivable. Ces terres étaient occupées par des plantations de café, d’hévéa, de cacao, de palmiers, de kolatiers, etc. C’est à travers ces plantations que nous parvenions à soutenir l’éducation de nos enfants et leurs besoins », a fait remarquer la pauvre dame.

Aux dires de dame Martine Saoromou, les promesses de la SOGUIPAH à leur endroit n’ont jamais été respectées. « La SOGUIPAH a pris des hectares avec nos parents en leur promettant de trouver un bon endroit où elle allait les héberger en récompense des terres prises. La SOGUIPAH n’a même pas respecté l’une de ses promesses et par la force des armes, elle est venue piller les biens de nos parents et les maltraiter… ».

Pour terminer, dame Martine Saoromou interpelle l’Etat pour que justice soit faite dans cette affaire. « Je demande humblement au Président de la transition de faire un tour à Saörö pour constater les faits afin que justice soit rendue. Parce que nous souffrons depuis 2011 de l’injustice de la part des responsables de la SOGUPAH et de l’ancien président Alpha Condé », a-t-elle déclaré.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah et Roger Loulé Blémou pour Guineematin.com

Tel : +224620166816/666890877

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