Coyah : l’ONG F2DHG implique les enfants dans la lutte contre les Mutilations génitales féminines (MGF)

L’ONG Femmes, Développement et Droits Humains en Guinée (F2DHG) a organisé ce samedi, 8 juillet 2023, la 2ème édition du concours d’éloquence portant sur le thème « mutilations génitales féminines MGF ». La démarche vise à amener les victimes de MGF elles-mêmes à prendre la parole pour interpeller les autorités. C’est l’amphithéâtre de l’université Ahmadou Dieng de Bentourayah, dans la préfecture de Coyah, qui a servi de cadre à la cérémonie, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters. 

Ce projet intitulé « Les enfants parlent de leurs droits » s’inscrit dans la célébration du mois de l’enfant 2023. Il vise à donner la parole aux enfants eux-mêmes pour parler de leurs droits. La démarche vise également à faire émerger des jeunes leaders capables de défendre les droits des enfants, notamment dans la préfecture de Coyah.

Selon Mme Moussa Yéro Bah, présidente de l’ONG Femmes et Développement pour les Droits Humains (F2DHG), l’essentiel des cas de violences enregistrés, ce sont les enfants qui en sont les victimes. Pour elle, il faut leur donner la chance de parler de leurs droits à travers un concours. « L’objectif, c’est d’amener les victimes elles-mêmes à prendre la parole. Vous savez, tous les cas que nous couvrons généralement, ce sont les enfants qui sont victimes : les cas de violences sexuelles, de traite de personnes, les cas de mariages forcés. Il y a tellement de maux dont souffrent ces enfants-là. C’est pour cela qu’on s’est décidé de leur donner la parole, les amener eux-mêmes à parler de leurs droits à travers un concours d’éloquence. Vous avez vu ce qui s’est passé, les enfants qui ont fait des prestations, les enfants qui traduisent les mots à travers soit de la poésie, soit avec du slam ou de la prose. C’est une façon de les amener à conscientiser leurs parents et les autorités au niveau de la police et de la gendarmerie, mais aussi au niveau des autorités judiciaires pour les amener à prendre en compte les maux dont ils souffrent. On a commencé sur le viol sur mineures l’année dernière ; et cette année, on a décidé de mettre en place un thème qui parle des mutilations génitales féminines. Vous le savez, malgré le combat qui est mené, la Guinée reste toujours deuxième sur le plan mondial derrière la Somalie par rapport à ce fléau qui gangrène nos sociétés. Les activistes sont sur le terrain, mais si ce sont les enfants eux-mêmes qui portent la voix, on se dit que c’est encore mieux », a-t-elle laissé entendre.

Par ailleurs, la présidente de l’ONG Femmes, Développement et Droits Humains en Guinée a rappelé que le combat pour les femmes ne doit pas être porté que par les femmes. Les hommes doivent également s’impliquer pour sa réussite, dit-elle. « C’était très touchant et passionnant de voir les enfants s’exprimer. Vous avez vu le petit garçon de 9 ans qui a remporté le prix au compte de Coyah. Quand c’est eux qui véhiculent le message, vous avez l’émotion qui était dans la salle. Et cela dénote de la masculinité positive. Vous amenez un garçon qui parle des violences faites aux femmes. C’est un futur père de famille, un frère dans une famille qui pourrait protéger ses sœurs, qui pourrait sensibiliser pour changer les mentalités. Voilà pourquoi il est important qu’un garçon remporte ce concours-là. C’est-à-dire que le combat pour les femmes ne doit pas être porté que par les femmes. C’est l’exemple qu’on a donné aujourd’hui parce que le garçon, il l’a emporté parce qu’il l’a largement mérité. Et il faut aller dans ce sens d’amener les futurs pères de famille à savoir ce qui peut attendre leurs femmes et leurs enfants pour qu’eux-mêmes soient prêts mentalement à mener le combat et à barrer la route à ceux qui pensent que c’est une pratique qu’il faut perpétuer alors que parmi les pratiques à perpétuer, il y a les pratiques positives, mais aussi les pratiques négatives telles que les MGF », a dit Moussa Yéro Bah.

Le concours a réuni 5 établissements de la préfecture de Coyah. Au terme de la prestation des candidats dans les disciplines comme la poésie, le slam, la prose… c’est Sâa Maurice Millimouno du groupe scolaire Sory Doumbouya qui s’en est sorti premier. Il invite les parents à éviter d’exciser leurs enfants. « Je suis content, je me sens heureux d’être lauréat de ce concours. Le conseil que je dirais aux parents sur les mutilations génitales féminines, il faut toujours éviter d’exciser les petites filles ou les nouveaux nés du genre féminin pour éviter les conséquences graves sur la vie des jeunes filles », a-t-il lancé.

Pour sa part, Aissata Dramé, étudiante en première année de médecine à l’université Gamal Abdel Nasser, paneliste sur l’utilisation du numérique et les mutilations génitales féminines, porte un message auprès des parents. « Le message que je voudrais faire passer ici s’adresse aux parents d’enfants. Parce qu’aujourd’hui, vous n’êtes pas sans savoir que le numérique occupe une place très importante dans la vie de la jeunesse. Donc, il serait très judicieux que les parents s’impliquent, surtout dans l’utilisation du numérique par ces enfants. Concernant les mutilations génitales féminines, c’est une pratique moribonde. Il est important pour nous aujourd’hui d’éviter ces pratiques-là, parce que ça n’a rien de rentable. Bien au contraire, les jeunes femmes en souffrent à l’accouchement. Il y a d’autres conséquences. Mon message serait de dire aux parents d’éviter ce genre de pratiques qui sont obsolètes. Des pratiques qui ont plus de côtés négatifs que positifs… ».

Le recteur de l’université Ahmadou Dieng remet le prix du premier lauréat

Pour sa part, Dr Aboubacar Koubia Diallo, recteur de l’université Ahmadou Dieng de Bentourayah, s’est réjoui du choix porté sur son université. Il a par ailleurs salué l’initiative portée par l’ONG Femmes, Développement et Droits Humains en Guinée.  « L’Université Ahmadou Dieng, par ma voie, est honorée de vous accueillir aujourd’hui à l’occasion de la célébration du mois de l’enfant 2023. Cette journée est d’autant spéciale car elle met en avant le projet « Les enfants parlent de leurs droits » qui vise à leur donner une voix et à les sensibiliser à leurs droits fondamentaux. À tous les enfants ici présents, je tiens à vous dire que vous êtes des individus précieux, doués de talents uniques et capables de réaliser de grandes choses. Vos droits sont inaliénables et il est de notre devoir collectif de nous assurer qu’ils sont respectés et protégés en tout temps. Je tiens également à féliciter l’ONG Femmes Développement et Droits Humains pour son engagement continu envers les droits des enfants et pour l’organisation de ce concours, car votre travail a un impact réel dans la vie des enfants, et nous vous remercions de votre dévouement et de votre persévérance », a dit le recteur.

Après l’étape de Conakry et de Coyah, l’équipe de Moussa Yéro Bah mettra le cap sur la préfecture de Télimélé. Là, des messages de sensibilisation seront passés auprès des parents et des autorités sur les MGF. L’ONG F2DHG nourri l’ambition d’étendre son combat sur le plan national.

Un agent du service Central de Protection des Personnes Vulnérables remet le prix de la deuxième lauréate

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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