Assiatou Camara, sage-femme et Aboubacar Camara, gendarme, sont jugés au tribunal de première instance de Mafanco. Ils sont poursuivis dans cette juridiction de première instance pour « avortement et complicité de coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner » sur mademoiselle Sadio Diallo, dont le père Mamadou Saliou Diallo s’est constituée partie civile dans cette affaire. Au cours de l’audience d’hier, mercredi 12 juillet 2023, la prévenue a réfuté les faits allégués contre elle et dit avoir agi pour sauver la victime qui saignait beaucoup.
Selon des informations recueillies par un journaliste de Guineematin.com qui suit ce dossier, Mlle Sadio Diallo et Aboubacar Camara sortaient ensemble contre la volonté des parents de la fille. Finalement, elle est tombée enceinte, alors qu’elle devait se marier avec un autre homme. C’est dans ce cadre que Sadio et son copain sont allés chez Assiatou Camara à Yimbaya (dans la commune de Matoto) pour faire l’avortement.
« Ils sont venus le matin, j’ai refusé, ils sont revenus le soir mais elle saignait beaucoup. J’ai utilisé simplement l’aspirateur pour nettoyer les saletés. Elle saignait beaucoup, je ne pouvais pas la laisser comme ça, on est amies. Elle a dit qu’elle voulait se marier, elle ne pouvait pas garder le bébé à cause de ses parents. Vu la distance entre Yimbaya et Matam, je ne pouvais pas la laisser comme ça », a notamment expliqué Assiatou Camara, qui dit avoir travaillé depuis 2007 sans jamais avoir de problème.
Dans la soirée du lendemain, Sadio Diallo a appelé la sage femme pour se plaindre de douleurs. Selon la prévenue, elle l’a référée au centre médical communal de Matam, qui a recommandé qu’elle soit transférée à Ignace Deen où elle a perdu la vie.
Aboubacar Camara pour sa part dit avoir accompagné sa petite amie après son coup de fil chez la prévenue, mais il a juré ne rien savoir sur ce que les deux ont fait dans la chambre puisqu’il n’y est pas allé. Il assure l’avoir accompagné juste parce qu’il l’aimait et ne pouvait donc supporter la voir pleurer.
« Elle m’a appelé quand elle était à la Tannerie pour dire qu’elle m’a informé qu’elle était enceinte et que je n’ai rien dit. Elle a demandé que j’aille avec elle chez Assiatou Camara. La première fois, elles sont entrées dans la chambre ; après, elle est sortie pour dire « allons-y, c’est fini’’ », a indiqué celui qui a vécu en concubinage avec la défunte Sadio Diallo durant 5 ans.
De son côté, la maman de la victime estime que le copain de sa défunte fille est en train de « mentir » au tribunal. « Il avait promis de gâter l’avenir de mon enfant. Il la frappait ! », a-t-elle rappelé. Parlant du montant qu’elle souhaite comme réparation après la mort de sa fille, la maman a demandé huit cent millions de francs guinéens (800 000 000 GNF). Ce qui a provoqué l’étonnement d’une bonne partie de la salle d’audience…
Le tribunal a finalement déclaré les débats clos avant de renvoyer l’affaire au 18 juillet pour réquisitions et plaidoiries.
Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com
