Conakry : Stéphane Assi, un Ivoirien poursuivi pour le meurtre de sa femme

Ressortissant ivoirien et footballeur de professeur, Stéphane Assi comparait devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma) pour le meurtre de sa femme, Fatoumata Bangoura, de nationalité guinéenne. Il a été trimbalé devant cette juridiction de première instance par Alseny Bangoura, un des oncles de son épouse. Stéphane Assi a toujours réfuté les accusations portées contre lui dans cette affaire. Et, à l’audience de ce lundi, 24 juillet 2023, c’est la partie civile (l’oncle et la mère de la défunte) qui a été entendue par le tribunal. Mais, ces deux personnes ont eu à faire des déclarations contradictoires à la barre, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Appelé à la barre, Alseny Bangoura s’est prononcé sur le « véritable’’ motif de sa plainte à l’encontre de Stéphane Assi, mari de sa défunte nièce Fatoumata Bangoura. Il a mis l’accent sur la photo du corps de la défunte qu’il aurait reçu.

« C’est l’affaire de photo que je n’ai pas parlé ici. Quand j’ai parlé de l’affaire de photo l’autre jour, je n’ai pas été compris par le Tribunal. Stéphane nous a envoyé une première photo, mais lorsqu’on a visionné les photos dans son téléphone, on a vu une autre photo où le corps était posé sur une table couverte d’un drap. Ça, ce n’était pas à la morgue. Une partie de son corps n’était pas couverte et la partie était déchirée… Stéphane et moi, on était opposés. Il est venu demander ma nièce en mariage. Après le décès, il devrait nous appeler », a dit Alseny Bangoura.

Face aux déclarations d’Alseny Bangoura, le président Sekou Ibrahima Soumah a fait lecture de sa déclaration devant le juge d’instruction.

« Notre fille s’est mariée avec Stéphane. Bien avant le mariage, nous avons posé des conditions à Monsieur Stéphane Assi que notre fille va résider en Guinée et non en Côte d’Ivoire. Il a accepté. Après une semaine de mariage, nous avons décidé de rendre visite aux mariés, mais notre défunte fille a refusé l’invitation sous les menaces de son mari, selon nos informations. Trois jours après, on a entendu que notre fille était malade. On a envoyé Abdoulaye Bangoura à Dubréka pour s’enquérir de son état de santé », a lu le président Sekou Ibrahima Soumah.

Sur la même déclaration, l’oncle de la défunte Fatoumata Bangoura explique avoir été informée du décès par la famille maternelle de la défunte.

« Le 29 août 2022, on est informé par la famille maternelle que notre fille est décédée en Côte d’Ivoire. Nous l’avions demandé d’envoyer le corps à Conakry pour l’enterrement, il a refusé sous prétexte qu’il s’agissait de sa femme. Nous lui avons demandé d’envoyer du transport pour un membre de la famille pour le décès. Nous avons demandé la photo de notre fille. C’est là que nous avons remarqué des sutures sur le corps de notre fille Fatoumata Bangoura. C’est pour cela que nous nous sommes intéressés sur la cause de sa mort. La maman de Stéphane nous a dit qu’ils étaient tous à table en train de manger quand notre fille a fait un malaise. Par contre, son mari nous dit qu’ils étaient deux et que sa femme mettait de la crème sur son corps et c’est là qu’elle aurait fait sa crise. C’est cette incohérence qui nous a poussés à porter plainte contre Stéphane Assi », a indiqué Alseny Bangoura.

La mère de Fatoumata Bangoura a été également entendue. Appelée à la barre, M’Mah Camara a dit ce qu’elle sait dans cette affaire.

« Quand mon mari est décédé, ma fille Fatoumata Bangoura a été adoptée par son grand-père. Elle a grandi dans ses mains. Quand elle a grandi des mains de cette famille-là, c’est là que Monsieur Stéphane a demandé la main de Fatoumata. Moi j’ai dit : si c’est bon, acceptez. Le mariage a été célébré, le couple est parti à Dubréka. Ma fille m’appelait au téléphone, on parlait. Même à la date de son départ pour la Côte d’Ivoire elle m’a appelée. Et, quand elle est partie en Côte d’Ivoire, elle m’a aussi appelée. Ce jour-là, le téléphone a beaucoup sonné, je me suis dit est-ce que quelque chose n’est pas arrivé à ma fille, parce que j’appelle ma fille, elle ne décroche pas… Il (Stéphane Assi) est revenu trois fois [en Guinée] après le mariage. La première fois, il est venu et m’a apporté des cadeaux. La deuxième et la troisième fois aussi. Un jour, il a effectué un appel vidéo, dès que j’ai vu ma fille, j’ai pris mon gendre entre mes bras pour lui dire qu’il s’est bien occupé de ma fille. Il m’a dit : maman, ta fille c’est moi… Après une semaine de mariage, je me suis rendue au domicile de ma fille, mais elle était bien portante et on s’est même amusé. Ce jour-là, on m’a dit que toute la famille était d’accord pour que j’envoie les présents à ma fille. Aucun membre de la famille paternelle ne m’a accompagné. Ce jour, j’ai trouvé ma fille en bon état, elle n’était pas malade. La façon dont Stéphane aimait ma fille, je ne pense pas qu’il peut faire du mal à ma fille. Je ne sais pas si c’est lui qui a tué ma fille. Seul Dieu le sait. J’ai appris que le cou de ma fille était déchiré, je n’ai pas osé regarder la photo », a déclaré M’Mah Camara.

Mais, pour l’accusé Stéphane Assi, cette déchirure dont parle la partie civile a été faite sur le corps de son épouse à cause du formol.

« C’est lors du formol que cette suture-là a été faite. Lors de l’enquête préliminaire, le spécialiste a été appelé pour confirmer que la suture a été faite dans le cadre du formol. Il fallait mettre le formol pour conserver le corps. Avec les téléphones iPhone, dès que tu prends une photo, le lieu est indiqué. Et, sur cette photo, l’hôpital Houphouët Boigny est bien mentionné en haut de la photo », a expliqué l’accusé.

A la suite de cette déposition, le président du tribunal, Sekou Ibrahima Soumah, a demandé à la partie civile de ce qu’elle attendait du tribunal en terme de réparation.

« Je maintiens ma plainte. Je veux savoir les circonstances dans lesquelles ma fille a trouvé la mort. Si vous pouviez condamner l’accusé au paiement de 3 millions de francs guinéens, ça serait bon », a-t-il demandé.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

Tel : 628 28 61 19

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