Coups d’État en Afrique de l’Ouest : « la CEDEAO doit mettre en place un contingent pour réprimer… »

Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le progrès et le changement (PPC)

Les coups d’Etat se multiplient en Afrique de l’ouest, notamment dans l’espace francophone. En l’espace de deux ans, quatre coups d’Etat militaires ont été enregistrés dans la zone, mettant en danger la démocratie et l’Etat de Droit. Le dernier en date a été perpétré au Niger où le président Mohamed Bazoum, démocratiquement élu, a été renversé par l’armée.

Cette situation ne laisse pas indifférents les acteurs sociopolitiques de la Guinée, à l’image d’Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le Progrès et le Changement (PPC). A l’occasion de l’assemblée générale de son parti, tenue ce samedi, 29 juillet 2023, il a proposé la mise en place d’un contingent de la CEDEAO pour réprimer les auteurs de coups d’Etat, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Après le coup d’Etat du Mali au mois de mai 2021, la Guinée en septembre 2021, le Burkina Faso en janvier 2022, c’est le Niger qui est rentré dans la danse le mercredi 26 juillet 2023. Là, le président Mohamed Bazoum a été renversé par des militaires. Pour le président du PPC, les énormes budgets alloués aux armées font que les militaires sont aux aguets et prêts à tout pour conserver leurs privilèges.

« Au sein des pays francophones, où il y a toujours des coups d’Etat militaires, quand les chefs d’Etat, les civils, veulent faire un 3ème mandat, ils mettent beaucoup d’argent au compte de l’armée. Parce que le budget de l’armée de ces pays-là ne sont jamais contrôlés. Quand vous demandez, on vous dit que c’est un budget secret qu’on ne peut pas dévoiler. Vous voyez des officiers militaires qui prennent des millions par mois, qui sont ravitaillés et qui ont tout. Quand vous mettez des militaires dans les conditions afin qu’ils protègent votre pouvoir, à la fin, ce sont les mêmes militaires qui vont se retourner contre vous », pense Biro Soumah.

Pour le président du PPC, ces coups d’Etat constituent un recul majeur de la démocratie en Afrique de l’Ouest. « Avec cette situation, on ne sait plus sur quel pied danser. Je me demande pourquoi jusqu’à présent on continue de perpétrer des coups d’Etat constitutionnels et des coups d’Etat militaires dans la sous-région. En tout cas, la démocratie est en train d’être tuée en Afrique de l’Ouest, surtout dans les pays francophones. C’est un recul majeur de la démocratie. Et cela est un danger. Ça, c’est un recul démocratique à 10 000 %. C’est-à-dire qu’à cette allure, on veut mettre la démocratie dans un cercueil et aller l’enterrer dans un tombeau pour dire qu’il n’y a pas de démocratie, alors que nous vivons au 21ème siècle », a-t-il déploré.

Pour remédier ces coups d’Etat, Aboubacar Biro Soumah émet l’idée de modifier la charte de la CEDEAO en infligeant des sanctions contre toute prise du pouvoir par la force. Il propose également à la CEDEAO de mettre en place un contingent pour réprimer tout coup de force.

« Aujourd’hui, la CEDEAO a perdu beaucoup de ses atouts. Il faut qu’elle s’organise, qu’elle réfléchisse pour mettre en place des mécanismes afin de respecter la démocratie dans les différents pays de la sous-région. Pour éviter ce genre de coups de force, il faudrait réviser la charte de la CEDEAO. La charte actuelle de la CEDEAO ne prévoit pas la sanction des présidents qui modifient la constitution.

Donc, la première mesure que la CEDEAO doit prendre, c’est d’amender la charte pour qu’à l’intérieur des pays qu’on puisse avoir la garantie de la démocratie. Puis, interdire formellement la modification de la constitution des pays, interdire l’idée de 3ème mandat et interdire la prise du pouvoir par la force. Préparer et mettre en place un contingent pour réprimer toute prise du pouvoir par la force. Tous ces mécanismes-là doivent figurer dans la charte de la CEDEAO pour éviter ces coups de force », préconise-t-il.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
Tel :620 589 527/664 413 227

 

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