Intervention militaire au Niger ? Édouard Zoutomou « adhère pleinement à la solution proposée par la CEDEAO »

Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, président de l'UDRP

Réunis au sein du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), des militaires de la garde présidentielle nigérienne ont renversé mercredi dernier le président Mohamed Bazoum. Ce coup d’Etat a été vigoureusement et largement condamné par la communauté internationale, y compris la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest). Cette organisation sous-régionale à laquelle le Niger est membre a annoncé un embargo financier contre les putschistes au pouvoir à Niamey.

Elle a aussi promis de mettre en œuvre (y compris l’usage de la force) pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Cet usage de la force implique une intervention militaire. Mais, cette mesure rencontre déjà des oppositions dans la sous-région ouest-africaine et ailleurs sur le continent. La Guinée, le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie et l’Algérie ont vivement exprimé leur opposition à toute intervention militaire au Niger. Mais, pour Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou, homme politique guinéen et président de l’UDRP (Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès), la CEDEAO a fait le choix d’afficher la fermeté contre ce putsch au Niger.

« Aujourd’hui, le Mali et le Burkina Faso optent pour une position plus rigide envers la CEDEAO. De mon côté, je suis convaincu que la CEDEAO a fait le choix juste en s’engageant à éradiquer ces tentatives de prise de pouvoir impulsives. C’est exactement ce qui se joue ici. Lorsqu’un individu prend le pouvoir de façon autoritaire, cela encourage d’autres militaires à suivre le même chemin, laissant parfois une brève accalmie avant qu’un autre coup ne soit tenté. Tant que cette réalité subsiste, il sera extrêmement compliqué de stabiliser nos nations et de mener à bien les programmes de développement essentiels. Pour ma part, j’adhère pleinement à la solution proposée par la CEDEAO. Si ce coup d’État est toléré, nous devrions alors dire adieu aux avancées démocratiques en Afrique de l’Ouest, notamment dans les pays francophones.

Si un tel coup d’État reste impuni, cela signifie qu’il n’y a même plus de raison de faire de la politique. Cela équivaudrait à l’instauration d’une dictature. Dans un pays, rien n’interdit à un militaire d’accéder au pouvoir. Mais, cette accession doit être encadrée par le renoncement à l’uniforme et le respect des règles constitutionnelles à travers la création d’un parti politique, avant de briguer le pouvoir par le biais des urnes. Personne n’oppose de résistance à ce processus. Toutefois, tirer profit de positions privilégiées au sein de structures proches du pouvoir pour comploter des coups d’État n’est pas admissible, et cela ne favorisera en rien le développement de nos nations », a indiqué Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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