N’Zérékoré : les ateliers de couture entre le marteau des fortes pluies et l’enclume des clients

Exif_JPEG_420

Des gérants d’ateliers de couture de la ville de N’zérékoré sont confrontés à une rareté de la clientèle qui ne dit pas son nom. A cette période grandes pluies, doublée d’une conjoncture économique compliquée, ces ateliers sont de moins en moins fréquentés. Au grand dam de leurs gérants, réduits à constater les dégâts.

Interrogés par l’équipe de Guineeematin.com basé dans la préfecture, certains d’entre eux ont exprimé leur désarroi, faisant contre mauvaise fortune bon cœur.

Delphine Loua, coiffeuse à N’Zérékoré

Trouvée assise au salon de son atelier de coiffure au quartier Mohomou-Scierie, Delphine LOUA, déplore cette rareté de la clientèle et invite ses collègues à la patience. « Nous savons que c’est la saison des pluies actuellement ; et généralement, c’est un moment difficile pour beaucoup de personnes. A l’heure-là, la clientèle n’est pas fluide comme on peut le constater pendant les moments de fêtes, comme les fins d’années ou pendant les grandes fêtes religieuses. Les clients viennent rarement. Ça fait très mal de venir passer toute une journée à l’atelier sans avoir un seul client. Mais DIEU merci, les samedis et dimanches, on reçoit certaines clientes fonctionnaires qui, après le service, viennent se faire tresser pour les autres jours de service. Parce que celles-ci n’ont pas généralement le temps à cause de leur boulot. Pour moi, cette rareté des clients s’explique par le fait que la vie est généralement difficile à cette période. C’est pourquoi je demande aux autres maîtresses comme moi de garder patience et d’accepter cette situation. C’est un temps qui va passer », a indiqué la maîtresse Delphine LOUA.

Zao BILIVOGUI, maître couturier

Même son de cloche chez Zao BILIVOGUI, maître couturier rencontré dans son atelier ‘’Zaly couture’’, assis derrière sa machine à coudre. « Je vous avoue que la fluidité de la clientèle pendant les moments de fêtes et cette période hivernale est très différente. A cette période-là, les clients sont de plus en plus rares. Ceux qui viennent encore veulent nous donner leur propre prix. Et dans la négociation des prix, ils veulent se retourner. A cette réalité, on est parfois obligé d’accepter au risque de passer la journée sans client, parce que c’est à partir de ce qu’on fait qu’on se prend en charge pour subvenir à nos besoins. Pendant les périodes de fêtes, il arrive même qu’on passe la nuit à l’atelier à cause des contrats des clients. Mais à l’heure-là, c’est tout à fait le contraire. La rareté des clients actuellement est due aux difficultés financières et à la cherté de la vie », a laissé entendre Zao BILIVOGUI.

Marie Delamou, couturière

Marie DELAMOU, trouvée à son atelier au grand marché ‘’Yomou-gare’’ : « à l’heure-là, les gens se plaignent et se lamentent pour cause d’argent et de la cherté de la vie. Ce n’est pas du tout facile. Quand quelqu’un vient pour faire coudre son habit, une fois que le prix du travail atteint un certain niveau, il va se lamenter jusqu’au point de repartir avec son habit. C’est vraiment difficile à l’heure-là. Cette situation de rareté des clients peut s’expliquer de par le fait que les ateliers s’ouvrent abondamment du jour au lendemain. Et à chaque fois, nombreux sont les apprentis qui finissent l’apprentissage et qui vont eux aussi avec leurs clients ou connaissances. Malgré cette situation, on remercie DIEU du fait qu’on parvient à avoir notre pain quotidien. Passer une journée à son lieu de travail sans avoir le moindre client est très difficile. Economiquement, ça agit sur nous, mais aussi sur l’apprentissage de nos apprentis, parce que les apprentis ne viennent pas à l’atelier pour dormir ou jouer, mais pour apprendre. Je profite de votre micro pour lancer un appel aux parents des apprentis pour le suivi et la prise en charge de leurs enfants, surtout le cas des filles. Dire également à ces apprentis dans ces différents ateliers de prendre à bras le corps leur métier, car leur avenir en dépend. Je lance également un appel de soutien et d’assistance au gouvernement et aux autorités à tous les niveaux pour nous aider à avoir les matériels et équipements de travail », a-t-elle lancé.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo LAMAH et Jean David LOUA pour Guineematin.com    

Facebook Comments Box