148 conflits non résolus à Siguiri dont 79 en justice : les révélations du procureur Kindy Baldé

La préfecture de Siguiri est située à plus de 700 kilomètres de la capitale guinéenne, Conakry. Elle fait frontière avec le Mali et a 20 sous-préfectures. Cette préfecture a actuellement 148 conflits non résolus, parmi lesquels 79 sont en justice. Amadou Kindy Baldé, le procureur de la République près du tribunal de première instance de Siguiri, interrogé par un journaliste de Guineematin.com,  a fait le point sur les conflits récents.

Ces conflits non réglés sont d’ordre domaniaux, administratifs, religieux, syndicaux, miniers, économiques, frontaliers, inter-communautaires, professionnels, sociaux, socio-politiques, entre agriculteurs et éleveurs, de leadership inter jeunes et de compétences. Plusieurs localités, familles… s’affrontent pour des raisons d’intérêts. Ces affrontements ont entraîné des dégâts matériels importants, des morts, des blessés et des arrestations.

La plupart des revendications de propriétés foncières débouchent en affrontements. Elles créèrent des tensions parfois qui dégénèrent. Au micro de Guinematin.com, le procureur Amadou Kindy Baldé, a expliqué la situation des conflits domaniaux de 2022 en 2023 dans certaines localités de Siguiri.

Amadou Kindy Baldé, procureur de la République près du tribunal de première instance de Siguiri

« Parmi ces conflits qui défraient la chronique courant 2022, il y a le conflit domanial qui opposait un certain Bakari Keïta et d’autres citoyens du village Djéya un certain Elhadj Mamoudou Camara, Djoma Sékou Camara, Fodé Moussa Camara et d’autres citoyens de Frenkamaya. Ces citoyens sont opposés pour un domaine. Il y a eu des décisions qui ont été rendues qui n’avaient pas obtenu la satisfaction de toutes les parties, ça a crée des tensions mais nous avons eu à planer la situation. Actuellement le calme est revenu sur le terrain. Il y a un autre conflit domanial qui opposait certains citoyens de Sèkè Mansala à certains citoyens de Fana Fanako tous relevant de la sous-préfecture de Doko. Là aussi, une décision a été rendue ici au Tribunal de première instance de Siguiri. L’affaire a été interjetée et le dossier est allé à la cour d’appel de Kankan. Actuellement les parties sont au niveau de la Cour Suprême. À un moment donné aussi, ça a commencé à créer des tensions mais avec la synergie d’action auprès des autorités administratives nous avons pu calmer la situation. Il y a un troisième litige domanial qui opposait certains citoyens du district de Sèla relevant de la sous-préfecture de Maléah à des citoyens de la sous-préfecture de Didi. Il y avait eu une ordonnance d’arrêt qui a été prise dans les temps qui a fait objet de recours, il y a eu une ordonnance de référé qui a maintenu, par la suite les parties sont allées à la Cour d’Appel.

Il y a d’autres conflits qui ont débouché carrément à des affrontements (en 2023). Il y a les deux villages Bida et Yöröla (au mois de mai). C’est un conflit domanial très ancien qui a abouti tout dernièrement à un affrontement, il y a eu des blessés par balles. De l’autre côté à Naboun et à Bendougou, les citoyens des deux localités sont opposés autour d’un domaine. Ce qui a abouti courant mois de mai (2023) à un incendie de plus de 36 cases, 26 greniers, 6 poulaillers et 4 cuisines. Le lendemain ils ont envoyé les services de maintien d’ordre… malheureusement les jours qui ont suivi, très tôt les gens se sont rendus sur le terrain, ils se sont affrontés à coup de machettes et de fusils, il y a eu de mort d’homme (…). Il y a eu des interpellations de part et d’autre. Actuellement la procédure est pendant et devant le juge d’instruction. Préalablement à cela, dans la sous-préfecture de Niagassola précisément à Sininko, il y a eu des conflits relatifs à l’exploitation artisanale de mine (en janvier 2023) qui ont abouti à un affrontement entre les villageois qui a causé des blessés à coup de machettes et par balles de calibre 12. Là aussi il y a eu des saccages, de destructions de biens, d’incendies volontaires. Il y a eu des interpellations, le dossier est déféré au niveau du cabinet d’instruction », a-t-il expliqué

Les personnes interpellées suite à ces altercations récentes seront situées de leur sort dans un bref de délai. « Actuellement les procédures suivent les cours normaux. Nous sommes presque vers la fin de ces procédures. En ce qui concerne la clôture de l’information, nous sommes presque vers la fin. Bientôt le juge d’instruction va prendre une décision pour pouvoir situer chacun. S’il y a des charges contre tel ou tel ou bien s’il n’ y a pas de charges contre tel ou tel, une décision sera prise. C’est ce qu’on appelle clôture de l’information », a rassuré le procureur Amadou Kindy Baldé.

De Siguiri, Kaïn Traoré pour Guineematin.com

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