Afrique de l’ouest : coups d’États, intervention militaire, panafricanisme radical… Analyses, critiques et propositions

Abdoul Bah

Libre opinion : Avant d’aller loin, il faut rappeler à nos compatriotes africains que pour résoudre un problème, il faut toujours s’attaquer aux causes au lieu de faire des analyses hâtives et émotionnelles sur les conséquences. 

En effet, le scénario est connu de tout le monde. Ce sont les coups d’États constitutionnels, la mauvaise gouvernance, l’oppression du peuple, les détournements des deniers publics… qui engendrent la frustration au sein des populations et des armées, qui sont parfois obligées d’intervenir et prendre leurs responsabilités afin de remettre l’ordre dans la gestion de nos nations. 

Lorsque ces mêmes armées se comportent comme les gouvernements civils précédents qu’elles ont renversés, cela peut aussi engendrer d’autres coups d’États militaires. 

 Alors, si aujourd’hui beaucoup de pays sont gérés par des militaires ou par des civils dictateurs en Afrique francophone, surtout au sein de la CEDEAO, c’est parce que cette organisation et l’Union africaine sont incapables d’agir au moment où les peuples sont en larmes, sont endeuillés, sont en train d’être séquestrés… par ceux qui les gouvernent. 

Pourquoi attendre toujours trop tard pour agir ? 

Les sanctions économiques et diplomatiques ne vont jamais impacter les riches et les gouvernants. Ce sont toujours les pauvres (femmes et enfants surtout) qui souffriront de plus, qui seront négativement impactés et affectés. 

Quand est-il de l’intervention militaire ?

Nous devons impérativement tirer les leçons du passé, avant de revenir verser des larmes de crocodiles sur les réseaux sociaux, avec les images de cadavres d’innocents. 

Nous le savons tous, l’option militaire (bombardements, chars de combats, mitraillettes, grenades…) n’a jamais été la solution pour rétablir la démocratie dans un pays. Les cas de l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Ukraine, la Sierra Leone et le Liberia devraient nous servir d’exemples avec leurs conséquences néfastes (réfugiés, déplacements des populations, handicapés à vie, disparition d’enfants, massacres…) 

Donc, c’est la raison pour laquelle je  ne vais jamais comprendre ceux qui se font appeler patriotes, qui souhaitent qu’il y ait la guerre dans un pays,  ou qu’il soit dans le chaos, sans tenir compte de toutes ces situations désastreuses.  

Je pense qu’une mauvaise négociation est mieux que la déstabilisation complète d’un pays. 

Le panafricanisme radical est il la solution ? 

À ce niveau aussi, on refuse de tirer les leçons du passé. Un  seul discours peut bloquer tout un pays. La diplomatie est basée sur des paroles stratégiques et parfois même sur  l’hypocrisie. 

J’assume mes propos, les panafricanistes anarchistes, qui insultent l’occident et qui tiennent des discours radicalistes envers les blancs font partie des problèmes de l’Afrique francophone. 

L’activisme ne doit pas être basé sur la démagogie, l’incohérence, l’affairisme et l’imposture. Ces activistes sont en majorité financés par des politiciens qui souhaitent déstabiliser nos pays. Beaucoup parmi eux reçoivent des gros montants et se font passer pour des patriotes, en embarquant une grande partie des populations dans leur combat populiste. Cela relève de l’inconscience et de la malhonnêteté. 

Comment peut on fêter son indépendance et demander à être colonisés par un autre ? 

Nous n’avons aucun moyen pour combattre les occidentaux. C’est trop tard. Ils détiennent toute la technologie, nos données personnelles,  contrôlent tous nos mouvements, achètent nos ressources du sous sol et sont plus armées que nous. Soyons intelligents comme les saoudiens et les Qataris. 

Rappelons-nous du sort de ceux qui ont insulté l’occident et qui ont essayé de le combattre, alors qu’ils n’avaient aucun moyen de leur colère (Sékou Touré, Mouammar Kadhafi, Thomas Sankara, Sadam Houssein… ).

La seule solution pour nous aujourd’hui, c’est de négocier avec les occidentaux pour que nos collaborations et partenariats soient gagnants gagnants, au lieu de les chasser et les faire fuir, car nous n’avons pas encore les moyens et la technologie qu’il faut pour transformer nos richesses sur place. 

Enfin, ne perdons pas de vue que ce dont nos pays ont besoin aujourd’hui, ce ne sont pas des discours anti-impérialistes, des paroles d’activistes radicaux, des théoriciens incohérents, mais plutôt des grands ingénieurs et architectes, des grands agronomes avec des machines modernes, une main d’œuvre qualifiée, des grands informaticiens, des médecins bien formés… et une bonne dose de responsabilité et de patriotisme sincère de chacun de nous.

Vive la paix en Afrique, et non à la guerre, car nous ne pourrons jamais développer nos pays dans l’instabilité dans un monde plongé dans des conflits de positionnement. 

Bah Abdoul, analyste et conseiller politique, depuis l’Allemagne

Facebook Comments Box