VBG à Conakry : « nous recevons au minimum 3 cas de violences sur le genre féminin par jour »

Oumou Hawa Diallo, membre du Club des jeunes filles leaders de Guinée

Malgré les multiples campagnes de sensibilisation et les nombreuses procédures judiciaires, des violences sont encore exercées sur les femmes et filles. Ces Violences basées sur le genre (VBG), une fois portées devant les autorités compétentes, connaissent une lenteur qui décourage parfois les victimes. Pourtant, le nombre de cas est toujours préoccupant. C’est ce qu’a appris un reporter de Guineematin.com dans la journée de ce mardi 22 août 2023.

Une enquête menée par Amnesty International depuis 2021 révèle, sur les différentes violences qu’elle rencontre, plus de cinq cent (500) plaintes viennent du genre féminin. Cela peut être des agressions sexuelles, des viols, de l’excision, des mariages forcés et précoces.

La réception et l’accompagnement des plaintes des cas d’agressions, de violences, de mutilations sur le genre féminin font partie des programmes du Service central de protection des personnes vulnérables de la République de Guinée. Le lieutenant Sékou 2 Camara, membre dudit service, interrogé par Guineematin.com, est revenu sur les cas enregistrés ces huit derniers mois.

Lieutenant Sékou 2 Camara

« Du 1er janvier au 16 août 2023, nous avons enregistré, dans le cadre des agressions sexuelles et des viols, 53 cas entre 0 et 13 ans. Entre 13 ans à 18 ans, 16 cas ; et entre 18 ans et plus, 4 cas. Au total, nous avons 73 cas d’agressions sexuelles et de viols depuis le 1er janvier 2023 sur le genre féminin. Par rapport aux femmes victimes d’agressions physiques, violences conjugales et domestiques, nous avons entre 0 et 13 ans, 2 cas ; de 13 à 18 ans, 14 cas ; et de 18 ans à plus, nous avons 100 cas. Au total, nous avons enregistré 116 cas. Concernant les violences conjugales, ça concerne ici les femmes mariées âgées de 18 ans et plus. Pour les violences domestiques, nous parlons ici, des jeunes filles confiées pour l’éducation. Ces infractions ont été enregistrées du 1er janvier au 16 août 2023. Concernant l’excision, c’est-à-dire les mutilations génitales féminines, nous avons eu des cas non gérés puisque c’était un fait très distant. Nous n’avons géré qu’un cas. À souligner que dans la journée, nous recevons au minimum trois (3) cas de violences sur le genre féminin », a-t-il fait savoir.

Oumou Hawa Diallo, membre du Club des jeunes filles leaders de Guinée

Selon nos informations, toutes les victimes ne s’adressent pas aux organismes étatiques. Certaines préfèrent se taire ; d’autres par contre, partent vers les ONG pour solliciter un accompagnement judiciaire. « Nous, dans notre club ici, nous pouvons recevoir dans la journée 2 à 3 cas d’agressions et près de 5 cas par semaine. Cela peut être des cas de viols, d’excision ou de mariages d’enfants. Mais il peut y avoir des jours ou on reçoit aucun cas. Ces personnes viennent vers nous, parce qu’elles n’ont pas toujours le courage d’aller vers les offices ou centre de l’État », a révélé Oumou Hawa Diallo, membre du Club des jeunes filles leaders de Guinée.

Malgré les plaintes beaucoup plus nombreuses de victimes, la justice ne fait pas toujours son travail, soutient Oumou Hawa Diallo. « Certaines femmes obtiennent justice, d’autres non. Parfois même, les victimes que nous accompagnons ne reçoivent pas de suite, parce que la gestion des cas de violences sur les femmes prend énormément de temps, soit 2 à 3 ans ici. Nous rencontrons des difficultés lors des différentes procédures. Et comme je le disais tantôt, il y a une lenteur au niveau de la procédure judiciaire, de la négligence sur les dossiers », a laissé entendre Oumou Hawa Diallo.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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