Panziazou (Macenta) : conflit autour de l’abattage de 2 arbres « mystiques » dans le district de Taouléla

L’abattage de deux baobabs jugés mystiques par certains citoyens de la localité de Taouléla, relevant de la sous-préfecture de Panziazou, dans la préfecture de Macenta, oppose deux groupes de citoyens. Malgré la tenue d’un procès et la condamnation des auteurs de l’abattage des deux arbres, la méfiance règne toujours entre les deux camps. Dans un entretien accordé à l’équipe de Guineematin.com basée dans la région, hier jeudi 31 août 2023, Alexis Ilandouno, enseignant de profession et citoyen de Taouléla, dénonce les autorités judiciaires de Macenta et interpelle Alphonse Charles Wright.

C’est une affaire qui défraie la chronique dans le district de Taouléla, situé à 78 km du chef-lieu de la préfecture de Macenta. Alexis Ilandouno, citoyen de cette localité, fait partie des protestataires suite à la condamnation des auteurs de l’abattage des deux arbres.

Alexis Ilandouno, citoyen de Taouléla

 

« C’est la famille du patriarche qui s’en est prise à la population de Taouléla. Mais, ils disent eux-mêmes que ce n’est pas à toute la population, puisque ce n’est pas tout le village. Ils s’en sont pris à six (6) personnes qu’ils ont traitées de rebelles. Ces six (6) personnes sont mes parents, notamment mon papa, et un des leurs. Ces personnes ont procédé à l’abattage de ces arbres en respectant ce que la loi autorise. Elles sont passées par toutes les voies légales pour pouvoir abattre ces arbres. Ce sont des arbres mythiques qui ont causé beaucoup de maux et de torts à cette population bien avant leur abattage. Le jour où ils ont abattu le premier arbre, ils ont trouvé un canari traditionnel, des ‘’guinzés’’ et la liste de sept (7) personnes qui devraient mourir au cours de l’année 2023. Avec le mystère de l’Afrique noire, cette information n’a pas été dévoilée. Ils ont voulu épargner la famille de cette situation. Les arbres abattus étaient sur le terrain de deux (2) personnes dont Dôbô Koïvogui et Jean Paul Guilavogui qui ont donné tout leur accord.  Ces arbres causaient beaucoup de malheur comme des cas de mort précoce qui sont arrivés au jeune frère de mon papa et à un des frères de Dôbô Koïvogui. C’est à la suite de ces malheurs que le village a décidé d’abattre ces arbres », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, notre interlocuteur a exprimé son inquiétude sur ce qui pourrait se produire si des solutions durables ne sont pas trouvées. « C’est à cause de l’abattage de ces arbres que les deux (2) communautés (Toma et Kissis) sont en conflit. C’est eux (les tomas) qui disent que les Kissis veulent s’en prendre à eux. Or tel n’est pas le cas. L’affaire est loin de là. C’est l’accord de presque tout le village pour abattre ces arbres. Pour preuve, les deux propriétaires terriens sur lesquels les deux arbres se trouvaient, et qui ont donné leur accord pour les abattre, sont tous des Tomas : Dôbô Koïvogui et Jean Paul Guilavogui. Dans mes analyses, je peux dire qu’il peut y avoir des dangers si cette situation n’est pas résolue dans son vrai sens. La justice qui a été contactée n’a pas bien joué son rôle, parce qu’elle était vite partie en besogne en prenant une décision qui n’a pas plus aux accusés. Cette justice n’a pas entendu la version des témoins cités dans cette affaire avant de rendre sa décision. Une chose que les prévenus n’acceptent pas. Ces six (6) prévenus sont Dôbô Koïvogui, Lancinet, Augustin Kondô, Daniel Sovogui, Bégna Onivogui et Esaïe. Jusqu’au moment où je parle, cette affaire n’est pas encore résolue parce que la raison n’a pas été donnée à qui de droit. C’est au contraire le fautif qui a eu raison, c’est-à-dire la famille du patriarche. Nous voulons définitivement sortir de cette situation. C’est pourquoi j’interpelle les autorités, particulièrement le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, à se saisir du dossier, puisque nous mettons en doute le jugement rendu par le tribunal de première instance de Macenta. Pour le moment, le conflit n’est pas à son étape de violence, parce que depuis que l’affaire a commencé, aucune violence physique n’a été enregistrée. Mais comprenons que c’est un conflit à partir du moment où il y a déjà un désaccord ou une opposition de deux (2) parties. Moi-même, je suis déjà une victime ou une cible dans ce conflit, dans la mesure où ces gens-là partent consulter des charlatans et féticheurs pour me nuire. Nous ne comptons que sur l’autorité judiciaire et les personnes de bonne foi pour sortir de cette situation », a laissé entendre Alexis Ilandouno.

Mamadou Bhoye Diallo, procureur de la République près le tribunal de première instance de Macenta

Une accusation balayée d’un revers de main par le procureur de la République près le tribunal de première instance de Macenta, Mamadou Bhoye Diallo. « A Taouléla, les anciens avaient entouré le village des baobabs pour empêcher le vent de faire des dégâts sur leur territoire. Selon eux, ils se sont réunis et demandent à ce qu’on abatte deux (2) baobabs sous prétexte qu’il y a des sorciers dans ces baobabs. Que dans ces baobabs, il y a un serpent, et à cause de ces baobabs-là, les gens tombent malades et ils n’avancent pas. Avant de les abattre, ils sont venus voir le cantonnement à Panziazou, même jusqu’au niveau de la préfecture à Macenta. Selon eux, ceux-ci leur ont dit qu’ils leur donnent l’autorisation de couper, mais qu’ils ne peuvent pas leur donner un papier. C’est ce qui s’est passé. Et finalement, ils sont retournés pour couper. Pendant ce temps, le président des sages qui était sous traitement à Conakry leur a dit de l’attendre avant toute chose ; qu’à son arrivée, ils allaient en parler.  Mais, ils ont coupé les deux arbres. Quand ils les ont coupés, il y a des citoyens qui n’étaient pas d’accord, et ceux-ci ont aussi porté plainte contre eux pour abattage d’arbre après quelques mois. Ils ont été interpellés. Ils ont tous reconnu avoir coupé ces arbres. Ils ont été jugés. Au fur et à mesure que le dossier évoluait, on a compris qu’ils violaient le code forestier et celui de l’environnement. Alors, ils ont été jugés et reconnus coupables. Mais on les a jugés avec sursis et le paiement d’une amende de 500 000 GNF chacun. C’est ainsi qu’Alexis Ilandouno est venu me voir, pour dire qu’ils ne sont pas d’accord du jugement rendu. Je lui ai dit que tu ne peux pas être d’accord, mais ce n’est pas toi qui es dans le procès. Ce sont ceux qui sont concernés qui vont relever appel pour dire qu’ils ne sont pas d’accord de la décision rendue par le juge. Je crois que c’est ce qu’ils ont fait, en relevant appel contre la décision du juge. C’est là où nous sommes et c’est ce qui s’est passé.  Mais à cause du débrayage, je ne sais plus maintenant si leur procès est parti à Kankan », a expliqué Mamadou Bhoye Diallo, procureur de la République près le tribunal de première instance de Macenta.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo LAMAH, Jean David LOUA et Joseph GOUMOU pour Guineematin.com

Tel : +224620166816/666898077 

Facebook Comments Box