An 2 du CNRD : forte émotion dans la famille de Souleymane Diallo, tué à Sonfonia (Conakry)

Les forces vives de Guinée ont appelé à manifester à l’occasion de l’an 2 du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) au pouvoir en Guinée ce 05 septembre 2023 pour marquer leur désaccord face à la manière dont la transition est menée. Mais, à la veille de cet anniversaire, des accrochages ont été signalés entre des jeunes manifestants et des membres des forces de défense et de sécurité sur le tronçon Sonfonia-T8. En marge de ces heurts, deux jeunes sont morts par balles, selon les informations recueillies par Guineematin.com sur place ce mardi. Il s’agit de Mamadou Pathé Baldé et Souleymane Diallo. Ce dernier aurait reçu deux balles sur la tête, il a succombé à ses blessures à l’entrée du CHU de Donka hier soir.

Souleymane Diallo, tué à Sonfonia

Dans la famille de Souleymane Diallo, âgé de 16 ans, élève et peintre, tristesse et colère sont lisibles sur les visages des personnes que nous avons trouvé dans ce quartier situé non loin de la T8 en direction de la cimenterie à une centaine de mètres de la route nationale du côté gauche. Hommes et femmes sont rassemblés à côté des concessions avoisinantes le domicile du défunt ou encore sous une tente dressée sur la route à l’occasion du décès de l’adolescent. Un des ses amis très remonté n’a pas cessé de tourner autour de nous avec plusieurs autres confrères en préférant des menaces.

Très ému, M. Amadou Tidiane Sow, oncle maternel de Souleymane Diallo est revenu sur les circonstances dans lesquelles il a appris la nouvelle jusqu’au décès de son neveu devant l’hôpital Donka.

Amadou Tidiane Sow, oncle maternel de Souleymane Diallo

« C’est hier à 18 heures, j’étais au carrefour de cimenterie, c’est là-bas qu’on m’a informé. Lorsque le gaz a commencé à nous atteindre là-bas, on s’est dit de rentrer. L’heure de la prière du crépuscule était arrivée, on a voulu aller à la mosquée mais le gaz arrivait à la maison ici, donc on ne pouvait pas sortir. Nous sommes retournés faire la prière à la maison. À peine que je finis de prier, un des mes enfants est entré pour m’informer qu’on a tiré sur Souleymane…J’ai demandé où il a été emmené, il a dit que c’est chez Ifono à côté de la T8. Nous sommes allés le trouver à la clinique là-bas, et c’était vrai qu’on lui a tiré dessus deux balles: l’une au-dessus de l’œil et qui est ressortie sur la nuque, l’autre au milieu du front et qui est ressortie au niveau de la nuque également. J’ai trouvé qu’il était allongé sur les carreaux et qu’il se vidait de son sang, il roulait là-dessus. Dès que je suis arrivé, j’ai dit qu’il ne pouvait pas survivre, mais les médecins ont dit de le prendre pour l’emmener à l’hôpital. On a demandé s’il n’avait pas d’ambulance, ils ont dit qu’elle est venue jusqu’à un certain niveau des hommes en tenue ont tiré sur les pneus, le chauffeur a fui. Alors j’ai appelé mon enfant pour qu’il prenne la voiture et qu’il aille nous trouver à la clinique. On l’a mis dans la voiture pour l’emmener à Ignace Deen, on est allés trouver qu’il y avait un embouteillage à Sonfonia et à Enco5. Nous sommes allés jusqu’au niveau du camp Boiro, on est entrés là-bas, ils nous ont dit d’aller à Donka. Nous sommes allés à Donka mais avant d’arriver au portail, il était décédé. On l’a emmené à la morgue, arrivés là-bas on a décidé de ramener le corps. On l’a mis à la morgue de la mosquée, aujourd’hui matin on a informé le chef secteur qui a informé le chef quartier. Ce dernier a appelé le maire, qui lui a dit d’appeler la gendarmerie tout ce qu’elle dira on va faire ça. On a appelé la gendarmerie qui est à Samatara pour leur dire qu’on a tué un jeune par balle, qu’est-ce qu’il faut faire ? Ils nous ont dit que si la famille dit de l’enterrer, de le faire. On l’a inhumé », a-t-il expliqué parfois en larmes.

Pour sa part, Mme Mariama Diallo, mère de la victime, en pleure a indiqué qu’elle ne pardonne pas aux gens qui lui ont arraché son fils.

Mme Mariama Diallo, mère de Souleymane Diallo, tué à Sonfonia

« Ils ont maintenant tué mon bébé, je ne le leur pardonne pas. Que Dieu les paie puisque c’est Lui qui peut tout », a dit la veuve, qui a perdu son mari militaire après l’élection présidentielle de 2010.

Il faut rappeler que depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir en Guinée, une vingtaine de jeunes ont été tués sur l’axe Hamdallay-Cimenterie en marge des manifestations appelées par le FNDC ou encore les forces vives de Guinée.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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