An 2 du CNRD : Mme Serra Bangoura raconte ce qui est arrivé à son fils, tué suite à la bataille pour déloger Alpha Condé

Serra Bangoura, mère d'une victime du coup d'État du CNRD

Comme indiqué dans nos précédentes dépêches, la junte militaire du Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD) a célébré hier, mardi 5 septembre 2023, l’an 2 de son coup d’État qui a renversé, par les armes, le Président Alpha Condé. Pendant ce temps, les familles des victimes continuent de souffrir en silence. C’est le cas de la mère du jeune Fodé Soumah, tué par balle lors des échanges de tirs à Boulbinet entre les forces loyalistes de la garde présidentielle et les assaillants du Groupement des forces spéciales, lorsqu’ils cherchaient à prendre le contrôle de la présidence de la République.

Interrogée par un reporter de Guineematin.com, Mme Serra Bangoura dit s’en être déjà remise à la volonté de Dieu par rapport à ce qui est arrivé à son enfant.

Dans la bataille entre la garde présidentielle d’Alpha Condé et les éléments des Forces spéciales, Fodé Soumah, âgé de 20 ans, a été mortellement fauché par balle dans les alentours de l’hôtel Kaloum, au quartier Boulbinet, dans la commune de Kaloum.

A l’occasion de l’an 2 de la disparition de son fils cadet, madame Serra Bangoura revient sur ce qui s’est passé ce jour fatidique. « Ce jour, mon fils partait acheter du pain à la boutique le matin quand il a été fauché par une balle dans notre quartier à Boulbinet, près de chez le chef de quartier. Après, il a été conduit chez le chef de quartier puis à l’hôpital Ignace Deen. Son grand frère m’a appelé pour m’informer de la situation. Quand je suis arrivée à l’hôpital, les médecins m’ont fait comprendre que mon fils venait de subir une intervention chirurgicale, de rester au dehors et qu’ils allaient nous appeler à son réveil. Entre-temps, on l’a fait passer devant moi en direction d’une salle, il était à moitié recouvert d’un drap. C’est ainsi que quelques temps après, son grand frère m’a appelé pour m’annoncer son décès. Suite à la démarche menée par mon feu mari et le chef de quartier, on a pu obtenir le corps 9 jours après sa mort. Et le 10ème jour, on a fait son enterrement. Mais avant, on avait reçu une aide composée de denrées alimentaires et une enveloppe de la part des autorités militaires pour que nous puissions organiser les obsèques. Après son enterrement, mon mari a décidé de faire tous les sacrifices en même temps », a expliqué madame Serra Bangoura.

Serra Bangoura, mère d’une victime du coup d’État du CNRD

Deux ans après cet acte, la mère de Fodé Soumah, en tant que musulmane, estime que c’est la volonté de Dieu qui s’est faite avec la mort de son fils. « Après son enterrement, personne d’autre n’est venu nous voir de la part des autorités pour faire quoi que ce soit. Ce n’est que pendant les assises nationales qu’on nous a fait appel à la mairie de Kaloum avec notre chef de quartier. Là-bas, ils ont donné la parole à toutes les victimes et parents de victimes. Moi, je leur ai dit que même si c’est pendant le coup d’État que mon fils a trouvé la mort, je ne peux pas dire que c’est le président qui l’a tué ce jour. Pour moi, c’était la volonté de Dieu, Celui qui nous a créé et qui a voulu notre venue dans ce monde et à qui nous serons tous rappelés. J’estime que cela n’émane pas des autorités, c’est la volonté de Dieu. Son image ne me quitte jamais. Dieu seul sait ce qu’il représentait pour moi », a laissé entendre la mère du défunt collégien.

En outre, madame Serra Bangoura regrette n’avoir pas eu, cette année, les moyens d’organiser une cérémonie de lecture du saint Coran pour le repos de l’âme de son fils. Pour cela, elle dit s’en remettre à Dieu et ne demande rien à l’Etat. « Le 5 septembre 2022, c’est-à-dire à l’an un de son décès, j’ai organisé un Fidawou (lecture du saint Coran) pour lui. Cette année, je voulais faire la même chose, mais les moyens me manquent. Son papa est décédé et moi-même je ne travaille pas. Mais, je compte jeûner le lundi 4 et le mardi 5 septembre 2023 pour implorer la grâce d’Allah afin qu’il puisse accueillir mon fils dans son paradis céleste. Je ne demande pas au gouvernement de ressusciter mon fils encore moins de faire quoi que ce soit à la place de l’âme de mon fils. C’est à Dieu que je me suis confiée parce que c’est Lui qui me l’a donné et qui l’a repris », a déclaré la maman.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27

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