Kindia : après 5 ans de travaux, des employés de la société CRBC de la route Linsan- Mamou réclament leurs droits

Des chauffeurs, mécaniciens et manœuvres, recrutés par CAPRIGUI, pour la société CRBC de la zone Linsan-Mamou, réclament le règlement de leurs droits après 5 ans de prestation. Ils ont été recrutés dans le cadre de la réalisation des travaux de la route nationale Coyah-Mamou-Dabola. Mais, à la fin des travaux, 49 d’entre eux se retrouvent abandonnés, sans le moindre sou, après avoir passé près de 5 ans d’activités sur le terrain. Rencontrés par un journaliste de Guineematin.com basé dans la préfecture de Kindia, ils ont exprimé leur colère.

Au total, 49 travailleurs de la société CRBC, chargés des travaux de la route nationale numéro 1 Linsan-Mamou, ont été exclus du paiement de leurs droits à la fin du contrat. Ces travailleurs, composés de chauffeurs, de mécaniciens et de manœuvres, sont en colère contre la Société CAPRIGUI qui doit effectuer le paiement de leurs droits.

Abdoul Karim Diallo, porte-parole des travailleurs à la société CRBC de Linsan

Abdoul Karim Diallo, porte-parole des travailleurs de la société CRBC-TP de Linsan, parle d’une exclusion arbitraire de 49 travailleurs. « Nous avons été recrutés par la société chinoise CRBC. Mais parmi nous, 49 travailleurs ont leur liste qui a été publiée et affichée. Nous étions chargés de réaliser le tronçon de la route Yombokhouré- Bowal Wanoun, dans Mamou. Cette liste est composée des chauffeurs, des mécaniciens et des manœuvres. Au départ, on a été envoyé pour travailler la route de la mine de Boffa durant trois mois de souffrance et de mauvais traitement. Nous avons grevé là-bas, tout le monde a quitté pour me laisser avec les machines et rien n’a été volé. Après, le directeur de la société CAPRIGUI, Mr Diawara, chargé de recruter les travailleurs est venu. Nous avons eu un tête-à-tête avec les chinois pour nous parler de contrat. Par la suite, nous sommes revenus à Linsan et on a travaillé durant 5 ans. Nous avons demandé nos règlements. Contre toute attente, on voit une liste de publication de nos noms au bloc administratif de la sous-préfecture de Linsan pour affaire de vol. Lorsque j’ai demandé, le chinois m’a répondu, en disant ‘’moi, tout payé’’. C’est pourquoi je demande au maire, au sous-préfet de Linsan, à l’inspecteur du travail, au préfet et à monsieur le gouverneur de Kindia de s’impliquer pour qu’on paye notre argent. On ne peut pas faire des travaux de dur labeur pendant 5 ans et on nous refuse nos droits », a déclaré Abdoul Karim Diallo, porte-parole des travailleurs de Linsan.

Mamadi Camara, chauffeur à la société CRBC de Linsan

Pour sa part, Mamadi Camara, chauffeur de camion-benne de la société CRBC Linsan, dit être surpris de la décision prise par la société CAPRIGUI pour le refus du paiement de leur règlement en montrant les papiers de son contrat. « Ils nous ont recrutés pour travailler. Et j’ai passé plus de trois ans de contrat. Après, ils nous disent que le travail est fini. On a garé, rendu les clés et tout. A notre tour, nous avons réclamé nos droits. Mais la société CAPRIGUI ne voulait pas. Nous avons mené des démarches, nous sommes allés voir le sous-préfet de Linsan qui, à son tour, à convoquer le directeur de la société CAPRIGUI, Mr Diawara chargé des opérations de paiement. Sur le coup, on s’est entendu. Mr Diawara nous a dit qu’il va chercher l’argent et venir payer nos règlements. On était dans l’attente. A ma grande surprise, je vois une liste affichée à la sous-préfecture où figure mon nom. C’est quelque chose qu’on ne croit pas. L’affaire de vol dont il fait allusion, nous voulons qu’ils exhibent les preuves. En tout cas, nous n’avons pas volé. Tous ceux qui ont volé se connaissent, car ils ont les preuves avec images à l’appui. Ils veulent seulement ternir notre image. Si tu exerces un travail durant 3 à 5 ans sans règlement, c’est de l’injustice. Nous avons fait le bitumage de la route Kindia-Mamou. Durant le travail, ils nous ont établi des papiers de contrat dont je détiens copie. Je pense que si quelqu’un est dans l’illégalité, il ne reçoit pas un papier de contrat. Il y a des travailleurs qui ont fait des accidents, qui sont morts dans leurs camions, qui sont parmi les 49 travailleurs exclus. C’est une complicité de Mr Diawara. Nous avons des enfants et des familles. Nous demandons au président de la République, le Colonel Mamadi Doumbouya, à travers le ministre des Infrastructures et des TP, de nous aider à avoir notre argent. Nous avons fait d’énormes sacrifices pour notre pays. On ne mérite pas cela », a déclaré Mamadi Camara, chauffeur à la société CRBC de Linsan.

Thierno Hamidou Bah, secrétaire général de transport mécanique générale de Linsan

Thierno Hamidou Bah, Secrétaire général de Syndicat des transports et mécanique générale de Linsan, accuse également CAPRIGUI de mauvaise gestion de cette affaire. « Je commencerai d’abord par les actes posés par Mr le sous-préfet, nouvellement muté dans notre localité, avec le président de la délégation spéciale de Linsan, qui n’ont ménagé aucun effort pour que ces travailleurs-là soient en possession de leurs droits. Au début, ils ne voulaient pas régler les travailleurs qui sont au terme des contrats. Le projet est en finition. Les engins lourds et les véhicules ne travaillent plus. Je pense qu’il faut régler les employés maintenant. Mais je vais vous dire ; la première des choses, il n’y a pas eu d’embauche. La majeure partie n’ont pas été embauchés. Deuxième chose ; le pire, il n’y a pas eu de contrat de travail. La loi guinéenne, sur le code de travail, au maximum c’est trois mois d’essai. Dès après cela, c’est l’embauche. Ils avaient envoyé des papiers d’embauche, de contrat, les employés ont signé. Mais je précise qu’ils sont rares à recevoir ces contrats-là. A la fin des travaux, ils ne voulaient pas régler les travailleurs. Suite à la manifestation qui s’est passée dans la zone de Kindia-Kolenté, il y a eu gain de cause. C’est pourquoi les chauffeurs se sont mobilisés pour aller rencontrer les autorités locales de Linsan qui ont tout fait pour convoquer Mr Diawara de CAPRIGUI, qui est l’employeur des travailleurs. Entretemps, ils se sont donnés rendez-vous le 6 août dernier pour venir régler les travailleurs. Il y a un contrat minutieusement signé entre la société chinoise et la CAPRIGUI. Donc, les chinois probablement s’acquittent de leurs droits. Effectivement, il y a eu des travailleurs qui ont volé du carburant. Mais parmi ceux qui ont volé du carburant, et qui ont été pris, ils ne figurent pas sur la liste des 46 chauffeurs qui ne doivent pas avoir leur règlement. Ceux qui ont volé ont été pris et même photographiés. Parmi ces 46, il y en a qui ont travaillé pendant 3 à 5 ans avec les chinois. Ils ont même leurs carnets de caisse de sécurité sociale. Comment se fait-il que ceux-ci soient écartés de la liste de règlements ? Quelqu’un qui a travaillé pendant 5 ans, vous lui donnez un carnet de caisse de sécurité sociale et pour son règlement, vous dites qu’il a volé. Et même parmi ceux qui ont volé, quand ils sont arrêtés, on les photographie et on les laisse travailler. Le mois qui vient, on lui coupe carrément le salaire pour combler ce qui a été volé. Pourquoi ne pas régler ceux-là encore ? Parce que tu l’as maintenu. Si tu l’avais renvoyé, il n’y a pas de règlement. Mais si tu le maintiens et que tu le fais travailler un mois, tu lui bloques son salaire, tu le fais travailler un an, deux ans. Pourquoi le garder sans règlement ? En se posant toutes ces questions, on a jugé nécessaire de porter plainte parce qu’ils n’ont aucune preuve… Nous allons formuler la plainte en passant par le maire et le sous-préfet. Du coup, ces responsables nous ont dit d’aller à Kindia porter plainte. Pour terminer, je veux m’adresser à l’ensemble des autorités guinéennes. Les chinois sont venus chez nous pour avoir un intérêt. C’est du gagnant-gagnant. Mais, il ne faut pas que les sociétés de prestation de service qui emploient nos jeunes les arnaquent. Les chinois s’acquittent de tout », a conclu Thierno Hamidou Bah, le syndicaliste.

De retour de Linsan, Amadou Baïlo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 00224 628 516 796 

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