Le gouvernement guinéen a présenté la Loi de finances rectificative (LFR) 2023 devant les conseillers nationaux de la transition dans la journée du lundi, 11 septembre 2023. La démarche vise à corriger les prévisions initiales à travers la prise en compte de l’évolution conjoncturelle et l’évaluation révisée des ressources de l’État. La séance plénière a mobilisé à l’hémicycle des membres du CNRD, des membres du gouvernement et des acteurs socio-politiques, a constaté sur place Guineematin.com à travers ses reporters.
Selon nos informations, la présentation du projet de Loi de finances rectificative (LFR) vise à ajuster les écarts constatés entre les prévisions et les recettes encaissées. L’examen et l’adoption de ce projet devrait appuyer l’exécutif dans ses efforts de stabilisation du cadrage macro-économique et d’amélioration du climat des affaires.
Dr Lancinet Condé, ministre du Budget, est revenu sur les raisons de cette initiative. « Comme le dit l’article 50 de la Loi organique relative à la loi de finances, lorsqu’en année, les hypothèses qui sous-tendent l’élaboration du projet de loi des finances initiale se modifie, il y a lieu de présenter devant la représentation nationale un nouveau projet qui tient compte de cette réalité mais aussi qui entérine les modifications qui sont intervenues depuis le vote. La principale modification, c’est cette augmentation de 4,07% des recettes et des dépenses par rapport à la loi initiale. Et les raisons, nous les avons expliquées par le fait que nous avons dû embarquer certaines dépenses qui étaient dans la loi de finances initiale de l’année 2022, et qui avait des soldes de ressources qu’il fallait prendre en compte. Nous l’avons expliqué par le fait qu’il avait également des demandes de rallonge qui ont été demandées par les départements ministériels et que ces demandes de rallonge leur ont été accordées, et qu’il faut entériner la prise en compte de cela. Nous l’avons aussi expliqué par le fait que nous avions, au niveau des secteurs de l’éducation, un certain nombre de ressources dont il aurait fallu tenir compte dans l’exécution de la Loi de finances parce qu’il s’agissait des soldes de l’année précédente et qui pouvaient encore être utilisées pour atteindre les objectifs. Donc, l’ensemble de ces modifications nécessitées par rapport aux conditions d’exécution du budget nous ont amené à ce nouveau projet de loi de finances rectificative », a expliqué le ministre du budget
Pour sa part Karamo Kaba, Gouvernement de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), a expliqué les grands changements intervenus dans la Loi de finances initiale.
« Les changements qui sont intervenus sont de plusieurs ordres : vous avez les séquelles de la crise du COVID qui sont toujours là et qui vont continuer à peser. Ce qu’on a vu ici, c’est que les conditions monétaires et financières se sont beaucoup dégradées dans la plupart des pays. On s’attendait à ce que l’inflation galopante et les hausses du taux d’intérêt passé qu’ils aient un impact sur la croissance au niveau mondial. Dans ce qu’on a vu, c’était une bonne surprise. La croissance a mieux résisté que ce qu’on a anticipé. Alors, le problème maintenant c’est qu’on regarde les fondamentaux de cette croissance, on s’aperçoit que c’est parce que les ménages ont puisé dans leurs épargnes. Cette épargne-là n’est pas infinie. Il va arriver à un moment donné où il va commencer à avoir des problèmes à propos de cela. Au cours des prochains mois ou du second semestre, on s’attend à avoir une décélération de la croissance mondiale. Malgré ce changement-là qu’on voit cette dégradation du portail global, on s’aperçoit que l’économie guinéenne va plutôt bien résister. Donc, le ministre de l’Economie et le ministre du Budget ont tablé sur une prévision de 6,1% pour cette année. Mais je pense que le meilleur est devant nous. Nous avons signé récemment la mise en place d’un mégaprojet qui s’appelle le Simandou, qui va doubler notre PIB au cours des prochaines années. À partir de 2024-2025, des impacts considérables au niveau de l’investissement, des impacts au niveau des recettes de l’Etat en termes additionnel ; juste l’année prochaine, 300 millions de dollars additionnels, et donc en croisière, on serait aux alentours de 2 milliards de dollars par an pour l’Etat, en additionnel. Nous pensons qu’au niveau de la politique monétaire, nous devons faire en sorte que cette appréciation, cette amélioration de la croissance ne se transforme pas en une espèce de malédiction des matières premières au niveau des concitoyens », a expliqué le gouverneur de la BCRG.
De son côté, Dr Dansa Kourouma, président du Conseil national de la transition, a expliqué ce à quoi consistera l’examen de ce projet, avant de réitérer son engagement et celui des conseillers nationaux à œuvrer pour le développement économique de notre pays.
« L’examen portera sur trois points majeurs. Tout d’abord, une analyse de l’exécution budgétaire du 31 juin 2023. Ensuite, les éléments du projet de loi de finances rectificative 2023, et enfin, les grandes masses budgétaires du projet de loi de finances rectificative 2023. Les éléments justificatifs du projet de loi rectificative 2023 abordent des changements notables survenus depuis l’adoption de la loi de finances initiale (LFI) 2022, notamment une légère augmentation du taux de croissance de 0,4% passant de 5,7% à 6,1% selon la revue du cadrage macro-économique d’avril 2023. Je réaffirme, au nom des honorables conseillers nationaux, notre détermination à faire progresser notre nation vers de nouveaux chemins économiques, tout en restant fidèle à nos principes de justice sociale et de transparence budgétaire, de responsabilité en matière de politique publique et d’inclusion », a dit Dr Dansa Kourouma.
Les conseillers nationaux ont deux semaines pour passer en revue toutes les prévisions indiquées dans le projet de loi de finances rectificative avant son éventuelle adoption.
Malick DIAKITE et Oumou Lamarana Bah pour Guineematin.com
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