En dépit de leur interdiction en Guinée, la maltraitance et l’exploitation des enfants sont des pratiques qui persistent encore dans la société guinéenne. En tout cas, de nombreux enfants sur le territoire national subissent ces pratiques néfastes qui les éloignent souvent de l’éducation et empiètent sur leur épanouissement. Mais, pour le président de l’ONG ‘’Mêmes droits pour les enfants (une structure qui œuvre pour la promotion et la protection des enfants en Guinée)’’, « les enfants qui subissent les maltraitances dans les ménages [en Guinée] sont des enfants adoptés ».
Dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, mercredi 13 septembre 2023, Mamadou Oury Bah a évoqué une enquête réalisée par son ONG sur cette problématique et a plaidé pour plus de sensibilisation des parents pour l’abandon de ces pratiques qui nuisent aux enfants.
« Il faut noter l’exploitation des enfants est un phénomène aussi condamnable par toutes les institutions internationales et qui est condamnable chez nous aussi. Nous, en tant qu’acteur et activiste de la société civile, nous condamnons l’exploitation des enfants. Nous avons constaté également que les enfants qui subissent les maltraitances dans les ménages sont des enfants adoptés. Car, nous avons fait des journées d’enquêtes sur la situation des enfants dans les marchés et dans les ménages dans la commune urbaine de Dubréka, notamment dans le quartier Kagbelen. Nous avons constaté que les enfants victimes d’exploitation sont adoptés. Car, sur les 200 enfants que nous avons enquêtés au quartier de Kagbelen, 180 enfants venaient du village et subissaient de l’exploitation des parents qui les hébergeaient. Donc, c’est un phénomène que nous avons déploré et condamné… Pour lutter contre ce phénomène, nous avons des perspectives en cours : faire des journées de sensibilisation, de plaidoyer dans l’optique de conscientiser les parents afin qu’ils abandonnent ce phénomène d’exploitations et de maltraitance des enfants. Qu’ils sachent que ces enfants ont besoin d’aller à l’école, faire des métiers et avoir une bonne éducation pour un meilleur avenir. Car, cette mauvaise pratique met la vie des enfants en retard et les empêche de se développer », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, le président de l’ONG ‘’Mêmes droits pour les enfants’’ a énuméré des difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leurs activités en faveur des enfants.
« Nous rencontrons des problèmes sur les situations que nous essayons de défendre. Parce que quand tu décides de défendre un enfant face à ses parents ou sa famille devant une juridiction, tu vas voir un membre de la famille venir retirer ce dossier en disant qu’ils vont régler ça en famille. Et, c’est toute une entité qui vous fait la morale. Nous travaillons avec d’autres structures, telles que la maison des associations de l’ONG de Guinée, la jeunesse solidaire pour l’emploi (JSPE), et nous comptons aller vers l’OPROGEM dans ce sens également. Vu que nous n’avons qu’une année d’existence, nous avons aussi envisagé d’aller rencontrer madame la ministre, Aïcha Nanette Conté, pour parler de cette structure et ce que nous comptons mener. Car, c’est un combat pour tous… Nous avons en perspectives pour lutter contre cette pratique de maltraitance, organiser des séries de sensibilisation à Conakry et à l’intérieur du pays pour conscientiser les parents afin qu’ils arrêtent cette pratique. Nous avons des séances d’enquêtes qui sont prévues en Guinée et à l’extérieur du pays, parce que nous avons des partenaires au Cameroun, Congo, Haïti et France. Il y a également une journée de conférence qui prévu dans quelques mois », a dit Mamadou Oury Bah.
Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com
