Calvaire des usagers du tronçon Kérouané-Beyla : « cette route n’a jamais été la priorité de l’Etat »

Long de cent cinq (105) kilomètres, le tronçon Kérouané-Beyla, à cheval entre la Haute Guinée et la Forêt, se trouve de nos jours dans un état très délabré. Relier ces deux préfectures relève d’un véritable parcours du combattant, surtout à cette période de saison pluvieuse. De nombreux véhicules, enfoncés dans la boue, y créent de longues files d’attente au grand dam des usagers qui ne savent plus à quel saint se vouer. Tel est le constat fait sur place par Guineematin.com à travers un de ses reporters qui y a fait un tour.

Depuis le début de la saison des pluies, le trajet Kérouané-Beyla est devenu un bourbier impraticable. Les usagers du tronçon, pour la plupart des commerçants qui transportent des produits agricoles vers la Haute-Guinée, subissent les conséquences fâcheuses de cette situation. Au-delà des pannes récurrentes et des accidents dus au mauvais état de la route, les produits agricoles tels que les bananes, les tomates et autres, pourrissent en cours de route.

Fanta Camara, usager

Le véhicule transportant les tomates de Fanta Camara s’est renversé il y a deux jours sur ce tronçon. Au micro de notre reporter, elle a exprimé son inquiétude. « La route est très mauvaise, ça fait 4 jours que nous sommes en route. Notre camion s’est renversé à cause de la boue et les tomates que nous transportons se sont retrouvées dedans. J’ai vraiment peur que mes tomates ne pourrissent, car cela pourrait me causer des pertes énormes », a-t-elle lancé.

Moriba Camara, chauffeur

Moriba Camara, conducteur de véhicule sur ce tronçon depuis plusieurs années, revient sur le calvaire auquel ils sont confrontés à chaque voyage. « Nous avons vraiment souffert et ça continue sur cette route. Chaque fois, ce sont des nouvelles promesses, mais nous ne voyons rien. Pendant la saison des pluies, il n’est pas du tout facile de circuler ici. Vous-même vous voyez comment les bourbiers et les flaques d’eau ont envahi la route. Des véhicules peuvent passer 4 ou 5 jours enfoncés dans la boue. Et cela joue beaucoup sur les passants, par ce que quand il n’y a pas de passage, les autres sont obligés d’attendre jusqu’à ce que le passage soit libre. Moi et mes apprentis, nous sommes là depuis hier samedi pour aider le propriétaire du camion renversé pour que nous puissions aussi passer. Depuis le temps de Sékou Touré, cette route n’a jamais été la priorité de l’Etat, alors que la Guinée forestière est considérée comme l’un des greniers du pays », a-t-il indiqué.

Aly Touré, apprenti

A quelques kilomètres de là, notre reporter a rencontré Aly Touré, un apprenti chauffeur, en train de desserrer le pneu d’un camion. Il dit avoir passé près d’une semaine en panne sur cet axe routier qui relie la Haute-Guinée à la Guinée Forestière. « Nous sommes ici depuis maintenant 6 jours. C’est notre véhicule qui est tombé en panne. Nous avons débarqué les marchandises que nous transportons pour réparer le véhicule. Hier, nous avons pu démarrer le véhicule ; mais très malheureusement, il s’est encore enfoncé dans la boue. Nous cherchons à le sortir de là. Il faut que l’Etat nous vienne au secours.  Nous souffrons beaucoup, et cela depuis l’indépendance », a-t-il lancé.

De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

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