Conakry : la bonne gouvernance juridique et judiciaire au centre du colloque panafricain des Huissiers de justice

La capitale guinéenne abrite du 27 au 29 septembre 2023, pour la première fois, le colloque panafricain des Huissiers de justice et Officiers Judiciaires. Une rencontre organisée par la Chambre Nationale des Huissiers de Justice de Guinée (CNHJG), destinée à renforcer la bonne gouvernance et un accès équitable des citoyens à la justice par le biais de huissiers de justice respectueux de l’éthique et de la déontologie. Elle est organisée en collaboration avec l’Union Africaine des Huissiers de Justice et Officiers Judiciaires (UAHJ), et l’appui de l’École Régionale Supérieure de la Magistrature (ERSUMA), et l’Organisation pour l’harmonisation du Droit des affaires en Afrique (OHADA).

C’est sous le thème « l’Huissier de Justice et la bonne gouvernance juridique et judiciaire » que la cérémonie a été officiellement lancée par le Premier ministre. Dans sa communication, Dr Bernard Gomou a fait savoir que les huissiers de justice jouent un rôle déterminant dans l’assurance d’équité, de transparence et d’efficacité.

Docteur Bernard Gomou, Premier ministre, chef du gouvernement

« Les huissiers de justice jouent un rôle déterminant dans l’assurance de l’équité, de la transparence et de l’efficacité de leur système légal. La bonne gouvernance est un impératif pour le développement durable de notre nation. La Guinée, depuis le 5 septembre 2021, a fait de la justice la boussole de la refondation. Nous devons travailler de concert pour renforcer l’intégrité de notre système judiciaire. Et les huissiers de justice ont la responsabilité de garantir que chaque citoyen accède à la justice de manière équitable », a laissé entendre le Premier ministre.

Me Sory Daouda Camara, président de la Chambre nationale des huissiers de justice de Guinée

De son côté Me Sory Daouda Camara, président de la Chambre nationale des huissiers de justice de Guinée, a indiqué que la tenue de cette session répond à un double impératif. « Il n’est pas superflu de rappeler que la profession d’huissier de justice était exercée en République de Guinée depuis la période coloniale. La notion d’huissier est plus ancienne que la justice elle-même. C’est le seul corps qui se trouve au début, au milieu et à la fin de chaque procédure judiciaire. Cela signifie qu’il n’y a pas de justice sans huissiers de justice. La tenue de la présente session répond à un double impératif. Un, celui de la facilitation à l’accès à la justice ; deux, celui du renforcement des capacités des acteurs de l’exécution en matière de gouvernance juridique et judiciaire à travers les bonnes pratiques. Car nul n’est sans le savoir que tout n’est pas parfait dans les actes que nous posons au quotidien. Autant qu’il est aisé de rencontrer dans nos juridictions des magistrats ayant des pratiques peu orthodoxes, autant il n’est non plus rare de rencontrer d’autres professionnels de Droit, avocats, huissiers, notaires, commissaires-priseurs qui, au-delà parfois de l’insuffisance professionnelle, trahissent aussi la confiance de nos paisibles justiciables dont ils ont pourtant l’obligation morale de défendre les intérêts. La présente rencontre est donc une occasion à jamais à nous remettre en cause afin qu’au sortir des travaux, nous soyons des modèles en matière de gouvernance juridique et judiciaires, débarrassés des fléaux qui, hélas, gangrènent encore notre appareil judiciaire. Il s’agit notamment de la corruption, du non-respect des textes, du non-respect de l’éthique et de la déontologie, de l’abus d’autorité, du non-respect du droit des justiciables et surtout l’entrave et l’ingérence dans l’exécution des décisions de justice. C’est pourquoi, chaque acteur de la justice a une fonction. Au juge de rendre la décision, à l’avocat d’assister ou de représenter son client, et à l’huissier de justice d’exécuter les décisions de justice », a conseillé Me Sory Daouda Camara.

Pour sa part, Alain Ngongang Simé, président de l’Union Africaine des Huissiers de Justice et Officiers Judiciaires (UAHJ), a fait savoir que l’huissier de justice doit bénéficier d’une protection sociale et d’une indépendance économique, notamment financière, qui le met à l’abris de la précarité du besoin et de la tentation.

Alain Ngongang Simé, président de l’Union Africaine des Huissiers de Justice et Officiers Judiciaires

« Nous saisissons cette tribune qui nous est offerte pour remercier officiellement les autorités guinéennes, et plus spécifiquement le gouvernement dont vous avez la conduite d’avoir accepté d’abriter ce colloque panafricain et surtout d’apporter un soutien multiforme à la Chambre nationale des huissiers pour sa parfaite organisation. Que dire de la constance sollicitée du ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des sceaux, à l’endroit des professions judiciaires en général et plus spécialement celle des huissiers de justice en particulier qui démontre, s’il en était encore besoin, que votre gouvernement a la pleine mesure d’une part de la place que les professionnels de l’exécution occupent au sein de la grande famille judiciaires, et d’autre part de l’important rôle que ceux-ci sont appelés à jouer aussi bien pour la paix sociale que pour la sécurisation des investissements, et par ricochet le développement économique de nos jeunes  Etats… L’huissier de justice doit pouvoir apporter une contribution significative dans cet important chantier de refondation. Mais, ce professionnel de l’exécution ne peut le faire efficacement que s’il jouit d’un texte organique qui lui assure le monopole de ses missions régaliennes tout en lui ouvrant bien entendu d’autres domaines de compétences au demeurant concurrentiels. Par ailleurs, primordial est que ce professionnel de l’exécution bénéficie d’une protection à la fois sociale et une indépendance économique, notamment financière, qui le mette à l’abri de la précarité du besoin et de tentations de toutes sortes, qui l’amènera à s’éloigner de l’éthique et de la déontologie professionnelle », a-t-il martelé.

Alphonse Charles Wright, ministre de la justice garde de sceaux

Pour sa part, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright, a mis un accent particulier sur la corruption et la bonne gouvernance qui minent le secteur. « Cette corruption dont on parle tant, cette bonne gouvernance dont on parle tant, qu’est-ce qu’on doit faire ? Nous connaissons le mal. Nous savons la mal gouvernance de l’huissier de justice, c’est lorsqu’il tente de se substituer à son client. Pour dire que je vais exécuter de facto cette décision qui est rendue au nom du peuple. La décision est rendue pour le justiciable, mais pas à son nom. La décision est rendue au nom du peuple de Guinée. Ce qui veut dire, lorsque vous vous substituez à votre client pour lui dire ça va exécuter sans autant avoir la latitude de respecter l’éthique et la déontologie pour laquelle vous avez prêté serment, cela amènera toujours des difficultés de mal gouvernance », a laissé entendre le Garde des Sceaux.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/664 413 227

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