Procès du 28 septembre 2009 : « On a des femmes qui sont menacées jusqu’à présent », Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA

Un an jour pour jour après l’ouverture du procès du 28 septembre 2009, l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen a animé une conférence de presse à Conakry aux côtés et l’Association des victimes Parents et Amis du massacre du 28 septembre 2009 et la fédération internationale des droits de l’homme. Une conférence au cours de laquelle, ces structures ont fait le bilan de cette première année du procès. Il y a eu beaucoup de satisfaction mais certaines difficultés demeurent. C’est le cas par exemple de la protection des victimes, qui jusqu’à présent se sentent menacées, rapporte Guineematin.com à travers son équipe dépêchée à la maison de la presse de Guinée.

L’ouverture déjà de ce procès historique est un motif de satisfaction pour ces défenseurs des droits de l’homme. Ils ont également salué le déroulement des débats devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à Kaloum. Les audiences devront d’ailleurs reprendre le 03 octobre prochain dans cette juridiction.

Me Alpha Amadou DS Bah, avocat des parties civiles fait savoir que les victimes vont continuer de livrer leurs témoignages à la barre.

Me Alpha Amadou DS Bah, avocat

« À la reprise nous enverrons d’autres parties civiles pour permettre au tribunal d’être éclairé sur un vaste éventail de cas. Puisque les crimes sont atroces, les crimes sont nombreux, malheureusement les accusés se sont tous illustrés dans la négation systématique de leurs responsabilités. Mais nous, nous jouerons notre rôle et participerons activement à la recherche de la manifestation de la vérité. Les parties civiles sont déterminées à aller témoigner à l’audience. Donc aujourd’hui nous sommes satisfaits du déroulement du procès et nous espérons que les auteurs de ces crimes répondront de leurs actes », a-t-il indiqué.

D’autres personnes citées dans cette affaire au cours des audiences sont attendues à la barre.

« Il y également d’autres personnes que nous attendons dans ce procès puisque de personnes ont été citées au cours de l’interrogatoire d’un des accusés qui sont actuellement en détention. Nous attendons ces personnes et nous espérons que très prochainement elles vont être renvoyées devant le tribunal criminel pour que ce soit un seul et même procès », a ajouté l’avocat.

Mais, concernant les victimes, certaines sont toujours menacées selon la présidente de l’Association des victimes Parents et Amis du massacre du 28 septembre 2009. Elle sollicite donc une protection pour elles mais aussi une assistance médicale, psychologique et financière.

Mme Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA

« Actuellement, on a des femmes qui sont menacées jusqu’à présent, qui sont obligées de changer de logement à chaque fois parce qu’elles ne sentent pas en sécurité. Cette sécurité, nous la réclamons. On voudrait qu’il y ait vraiment une grande sécurité pour nous les victimes. Même les organisations qui travaillent avec les victimes on est menacé, de ce fait, cette protection doit être de tous les côtés. Même au niveau des avocats parce qu’il y’en à qui sont menacés. Il faudrait que le gouvernement puisse prendre le temps pour faire le travail correctement pour que tout le monde soit tranquille. Les victimes sont toujours dans le besoin, surtout d’une assistance médicale, psychologique et surtout financière. On a besoin de finances parce qu’il y a des gens qui ont besoin d’accompagnement, il y a des victimes qui ont perdu tout qui sont aujourd’hui dans le besoin. Mais on pas oublie pas aussi l’aide qui est venue des autres partenaires qui ont vraiment pu accompagner les victimes pour qu’elles puissent continuer leur prise en charge pour pouvoir accompagner leurs enfants et leurs familles. Vous savez, beaucoup de femmes ont été refoulées par leurs familles, les maris les ont abandonnés. Il y a des enfants qui sont là, il faut les accompagner, il faut les protéger. Maintenant les femmes victimes du 28 septembre ont d’une loi de réparation parce que la répartition à ce stade où on est. Et même des hommes qui sont aussi dans un besoin terrible: il y a des hommes qui ont tout perdu et qui n’arrivent pas à se remettre aujourd’hui. C’est important d’y faire face. Lorsque le procès va reprendre, il y a des femmes qui sont là et qui voudraient témoigner. Alors le programme de huis clos, je voudrais que ce soit quelque chose de très sérieux et que ça soit pris en compte. Que ces femmes soient protégées parce que cette protection est très importante », a expliqué Mme Asmaou Diallo, qui souhaite la continuité du procès après sa réouverture la semaine prochaine.

De son côté, Me Halimatou Camara, également avocate des parties civiles, demande aux autorités de prendre toutes dispositions pour la protection des victimes.

Me Halimatou Camara, avocate

« Aujourd’hui, il est important d’interpeller nos autorités étatiques pour rendre ce texte fonctionnel (loi sur l’aide juridictionnelle) vis-à-vis des victimes. On est en Guinée, on a quand même la chance d’avoir un tribunal impartial, qui fait un travail remarquable. On est dans un procès où les droits des accusés sont extrêmement respectés. Des accusés qui ont droit à des médecins, qui ont accès à de la nourriture. Connaissant un peu notre chaîne pénale et ses dysfonctionnements, je pense que ce procès devrait véritablement servir à implémenter des nations d’Etat de droit, du respect des droits des accusés. Mais autant on respecte le droit des accusés, autant au cours de cette procédure qui continue, il est utile et important de respecter les droits des victimes. Des victimes qui sont la plupart du temps des personnes vulnérables. La bataille est engagée, je pense que nous allons continuer à mener cette bataille et je pense que le 28 septembre 2024 qu’on aura au moins eu une décision de justice. Nous l’espérons vraiment, je pense que ce sera historique pour la Guinée. Et nous espérons que ce procès va avoir une utilité concrète sur l’Etat de droit dans notre pays », a-t-elle dit.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Mamadou Bailo Diallo pour Guineematin.com 

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