Les autorités mettent leur énergie dans la lutte contre la corruption notamment dans le secteur éducatif. C’est dans ce cadre que la salle de conférence de la Direction préfectorale de l’éducation de N’Zérékoré a servi de cadre mercredi dernier, 04 octobre 2023, à une réunion avec l’ensemble des acteurs de la préfecture. Une initiative de l’Agence nationale de lutte contre la corruption et la bonne gouvernance à travers son antenne régionale. Elle intervient quelques jours après des soupçons de corruption relative à l’achat de tables-bancs par les Associations de parents d’élèves, à la veille de l’ouverture des classes, rapporte l’équipe de Guineematin.com basé dans la préfecture.
La rencontre a été présidée par le Colonel Alseny Camara, préfet de N’Zérékoré, en présence des directeurs d’écoles, des principaux collèges et proviseurs d’établissement publics. Elle a permis aux participants d’être outillés sur la notion de corruption et sur l’attitude à adopter face à la fixation de certains frais par les Associations des parents d’élèves et amis de l’école (APEAE).
Dans son intervention, Madeleine SOROPOGUI, Directrice régionale de l’Agence nationale de lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance, a expliqué les raisons de la création d’un numéro vert pour alerter sur les cas de corruption.
« Nous connaissons le mal de la Guinée, qui est la mauvaise gouvernance. C’est cette mauvaise gouvernance qui a freiné totalement le développement économique de notre pays. C’est pourquoi le président de la transition a pris la lutte contre la corruption comme sa plus grande priorité pour la nation ; et c’est dans ce cadre que nous sommes ici aujourd’hui. L’année dernière, nous avons pris le numéro vert qui est le 155, fonctionnel à tout moment ».
En outre, Madeleine Soropogui est revenue sur le rôle joué par l’utilisation de ce numéro vert dans la dénonciation de cas de corruption à N’zérékoré. « Le téléphone du numéro vert est à Conakry. En cas de problèmes, quand on appelle le numéro vert, c’est Conakry qui nous appelle et on applique la règle. Nous sommes restés à N’Zérékoré, c’est Conakry qui nous a appelé pour des problèmes qui sont dans plus de 10 écoles à N’Zérékoré, et nous sommes venu pour les résoudre. Après les résolutions, nous sommes allés voir le DPE pour lui expliquer nos constats. Il a demandé d’organiser une réunion d’urgence pour cela. C’est le motif de notre rencontre aujourd’hui. Nous lançons une sensibilisation dans toutes les écoles de la ville de N’Zérékoré pour prévenir tout le monde. Cette année, on ne parle plus de l’APEAE, mais on demande le prix d’un table-banc à 300 000 GNF par élève, et cela est dans les 10 écoles. Mon souhait n’est pas de vous voir à la barre. Alors, je demande à tout le monde de changer de comportement, parce que tout ce que les gens font est au vu de tous. A travers le numéro vert, celui qui voit un cas de corruption, il est libre de le contacter pour qu’on vienne. Aujourd’hui, nous sensibilisons ; mais demain, nous appliquerons la règle », a-t-elle laissé entendre.
De son côté le Directeur préfectoral de l’éducation de N’Zérékoré a salué la tenue de cette rencontre dans sa juridiction. « Je remercie tout un chacun pour l’effort fourni au cours de l’année scolaire 2022-2023, qui a fait de N’Zérékoré un centre de succès. Cela est dû à l’appui du préfet de la ville. Comme il est de coutume chez nous, en cas de problèmes, nous invitons tout le monde pour une réunion d’urgence. C’est dans ce cadre que je vous ai fait appel aujourd’hui. Pendant les vacances, nous avions adressé des demandes aux autorités pour venir en aide devant les problèmes qui se posaient à l’éducation, qui sont entre-autres : l’insuffisance d’enseignants titulaires, la gestion des contractuels, l’insuffisance de tables-bancs. Et les réunions furent faites, mais nous n’avions pas eu de solution jusqu’aujourd’hui. Nous devons harmoniser pour que les activités qu’on a commencées aillent ensemble pour éviter des provocations ou des accusations. Le message de l’agence est tombé dans les bonnes oreilles. Si ce texte n’est pas vulgarisé jusqu’à votre niveau, vous apprenez dans telle école, on demande tel montant et c’est le DPE qui dirige, on va penser qu’on envoie le montant au DPE ou à son préfet. Nous avons toutes ces difficultés », a fait savoir Yozilé Kolamou.
Pour sa part, le Coordinateur communal des Associations des parents d’élèves et amis de l’école (APEAE), Pépé Justin SAGNO, a énuméré les difficultés auxquelles ils font face dans les écoles. « Nous avons des problèmes aujourd’hui par rapport aux tables-bancs. Il y a des écoles qui sont en manque de plus de 150 tables-bancs, tel que Nyenh Daninè. Les enfants s’assoient par terre pour écrire. J’ai constaté cela dans certaines écoles. Moi, je sollicite qu’on me dise un mot pour que j’informe les présidents des APEAE au niveau communal, pour qu’on en discute. Pour éviter des accusations au niveau des présidents des APEAE. Le deuxième problème se situe au niveau des enseignants contractuels, ils ne sont pas pris en charge, leur argent n’est payé, qu’est-ce qu’il faut faire ? », s’est-il interrogé.
Le préfet de N’Zérékoré, le Colonel Alsény Camara a invité les responsables d’écoles à s’écarter de la gestion des APEAE. « Je pense que ce n’est pas difficile à vous apprendre, parce que vous connaissez votre travail. Donc, mettez-vous en rapport et n’exagérez pas la situation, vous finirez par trouver la solution. Écartez-vous du bureau de l’APEAE. Ne pas demander de l’argent à nos pauvres parents. On n’agit pas parce qu’il faut agir, il faut agir dans les bonnes directives et vous savez ce que vous devez faire. Quiconque qui sera pris dans ça, il va répondre devant la justice », a-t-il martelé.
De N’Zérékoré, Foromo Gbouo LAMAH, Joseph GOUMOU et Jean David LOUA pour Gguineematin.com
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