Les membres de l’Association guinéenne pour l’autonomisation des aveugles (AGAA) ont organisé une marche pacifique à N’zérékoré dans la matinée de ce lundi, 23 octobre 2023. La démarche visait à interpeller les autorités sur leur situation, notamment pour leur prise en charge et leur insertion socioéconomique et professionnelle, rapporte la rédaction de Guineematin.com basée dans cette ville.
Tôt ce matin, ces aveugles se sont mobilisés à la maison des jeunes de N’Zérékoré, point de départ de leur marche. Ils sont partis jusqu’au gouvernorat où ils ont tenu un discours devant l’inspection régionale de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables. Là, ils ont interpellé les autorités.
Sény Béatrice Kölömou, fille du président de l’Association guinéenne pour l’autonomisation des aveugles (AGAA) à N’Zérékoré, a sollicité un soutien et une aide financière des autorités. « Nous, enfants des membres de l’association guinéenne pour l’autonomisation des aveugles, nous sollicitons des autorités notre prise en charge. En effet, il n’est pas facile d’être enfant d’une personne aveugle, dans la mesure où elle n’a pas les moyens pour satisfaire vos besoins. Pourtant, nous voulons être comme les enfants des personnes valides. Car, nous sommes souvent victimes de moqueries de nos camarades qui considèrent que nous avons des parents aveugles. Donc, nous ne pouvons rien et nous ne ferons rien. Cependant, nous n’avons pas choisi d’être enfants de personnes aveugles, et non plus nos parents n’ont pas choisi d’être aveugles. C’est pourquoi nous sommes toujours à leurs côtés en voulant étudier pour les prendre en charge dans l’avenir. C’est dans cet ordre d’idées que nous demandons une assistance auprès des autorités », a dit Sény Béatrice Kölömou, fille du président de l’AGAA à N’Zérékoré.
Présent à cette marche, Amedé Pierre Kölömou, président de l’Association guinéenne pour l’autonomisation des aveugles (AGAA) à N’Zérékoré, a expliqué ce qu’ils sont capables de faire avant de déplorer le manque de financement de leurs projets. « Cette association est une association qui a fait plus de 10 ans à N’Zérékoré. Nous travaillons dans l’artisanat, dans la musique, dans le maraîchage, dans l’élevage de la volaille. Mais depuis que nous sommes là à N’Zérékoré, on a invité des autorités pour qu’elles viennent chez nous, quelques-unes sont venues. Nous avons des projets et aucun de ces projets n’a jamais été financé. Pourtant, nos amis de Conakry et d’autres localités sont soutenus dans leurs activités. Alors, nous nous posons des questions, notamment si nous aussi, nous ne sommes pas des guinéens. Le gouverneur vient de nous déclarer que notre lettre d’invitation avait été bloquée au secrétariat, Et nous ne savons pas qu’est-ce qu’il a dit à son secrétaire. Toutes les autorités ont eu des correspondances. Nous voulons que nos projets soient financés, nous avons besoin d’équipements orchestraux, un véhicule pour nous permettre de nous soutenir. Nous n’avons pas de centres où on peut apprendre nos métiers. Les aveugles sont dispersés à travers la ville. Nos enfants souffrent, ils ne sont pas soutenus », a déploré le président de l’AGAA, Amedé Pierre Kölömou.
Mohamed Keïta, inspecteur régional de la promotion féminine, de l’enfance et personnes vulnérables, dit être surpris de cette marche des aveugles avant d’apporter quelques précisions. « L’Association guinéenne pour l’autonomisation des aveugles (AGAA) est une association qui est effectivement enregistrée au sein de l’inspection. Mais c’est surprenant que cette association fasse une telle marche. Je me souviens que la semaine surpassée, ils ont adressé une demande à l’inspection, en invitant l’inspection pour assister à la célébration de la journée des personnes handicapées de vue. Le jour de la cérémonie, on était présent. Mais le problème est situé au niveau de la population, vu qu’il n’y avait que les membres de l’AGAA. C’est ainsi que j’avais demandé à un membre, et il m’avait dit qu’ils ont invité le préfet, le gouverneur et d’autres autorités. Mais malheureusement, ces autorités n’étaient pas venues. Mais moi, en tant qu’inspecteur, j’étais venu représenter le gouvernorat. C’est ainsi qu’ils ont reporté le jour. Je suis surpris aujourd’hui de les voir faire une manifestation en disant qu’ils ne sont pas soutenus par les autorités. Je suis allé avec le gouverneur à leur siège pour les écouter, les encourager dans leurs activités, parce qu’ils avaient bénéficié d’un financement auprès de l’OCPH pour l’élevage qu’ils ont mis en œuvre. Ces aveugles font cette marche, sans nous adresser un courrier. Alors, je demanderai à tout le monde d’arrêter la pagaille dans ce pays. Le courrier qu’ils ont envoyé, c’était pour répondre à leur invitation et j’étais parti. C’est la population qui n’a pas répondu à leur invitation, sinon je suis allé. Nous ne savons pas s’il y a un problème dans leur siège. Je veux leur faire comprendre que la Guinée célèbre une journée internationale des handicapés. Alors, pourquoi ils viennent aujourd’hui alors que ce n’est pas leur journée. S’ils ont monté des projets, je pense que ce n’est pas notre problème. Pour le projet de l’agriculture, je les ai mis en contact avec l’inspecteur de l’agriculture et de l’élevage. Alors, si le projet n’a pas été financé, est-ce que c’est la faute à l’inspection ? », s’est interrogé Mohamed Keïta, inspecteur régional de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables.
De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah, Jean David Loua et Joseph Goumou pour guineematin.com
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