Evasion de Dadis et Cie de la maison centrale : « ça va impacter le procès du 28 septembre 2009 », estime le juriste Fayimba Mara

Avant-hier samedi un groupe de commandos lourdement armé a attaqué la maison centrale de Conakry pour exfiltrer des détenus accusés dans le massacre du 28 septembre 2009. Les assaillants ont réussi à faire évader le capitaine Moussa Dadis Camara (ex président de la Transition guinéenne en 2009) et trois de ses coaccusés. La plupart des évadés ont été repris quelques heures après leur sortie de prison (seul Claude Pivi), mais cette évasion spectaculaire suscite encore des interrogations et des commentaires en Guinée.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce lundi, 6 novembre 2023, Fayimba Mara, juriste et professeur de Droit à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, a soutenu que cette évasion va impacter le cours normal du procès du 28 septembre 2009. Il estime que « le problème de sécurité est devenu entier » en Guinée et qu’il y a lieu de craindre pour la sécurité des autres accusés dans le dossier du massacre du 28 septembre et des personnalités détenues à la maison centrale de Conakry pour des crimes économiques.

Fayimba Mara, juriste

« Ça (cette évasion) va impacter le cours normal du procès [du massacre du 28 septembre 2009]. Déjà, avec le départ du colonel Pivi, qui est toujours introuvable, ça va changer l’ordre des choses… Le fait pour les autres évadés d’être rattrapés, est-ce que ça ne va pas compliquer la procédure ? C’est-à-dire que parallèlement au procès du 28 septembre, il y a une autre infraction qui vient se greffer au cours normal de la tenue du procès. On a suivi le décret de radiation de ces personnalités des rangs de l’armée guinéenne, mais on peut aussi se poser la question de savoir si ça ne va pas retarder le déroulement normal du procès. Donc, il y a tout un ensemble de facteurs qui vont intervenir dans ce procès et qui vont impacter sur la diligence de la tenue de ce procès. Donc, d’une manière ou d’une autre, il faut conclure en disant que l’évasion va bel et bien avoir un effet négatif sur le bon déroulement du procès… Je pense qu’il faut craindre pour leur sécurité… La crainte va continuer, parce que le problème de sécurité est devenu aujourd’hui entier. On peut se poser la question de savoir est-ce qu’on peut parler de sécurité aujourd’hui en Guinée, que ça soit du côté des simples citoyens, et même des autorités de la Transition. Parce qu’avec ce qu’on a vu, naturellement ça peut faire peur. Avec tout le dispositif qui est là-bas (autour de la maison centrale de Conakry), quelques commandos quittent de je ne sais où et viennent neutraliser tout ce dispositif-là, imaginons maintenant que si d’autres choses étaient envisagées. Donc, la crainte est bel et bien justifiée. Il ne faut pas se voiler la face, le problème de sécurité aujourd’hui est entier et c’est même un défi pour le gouvernement de la Transition… Cela préoccupe aujourd’hui plus d’un Guinéen… Ces évasions que nous avons connues font peur. Vous savez que les victimes constituées parties civiles étaient très réticentes et n’avaient le courage de venir s’exposer à la barre, devant les caméras, pour témoigner. Ils ont mis du temps, difficilement ils sont venus. Maintenant qu’ils ont eu le courage de venir témoigner, aujourd’hui on peut se poser la question : est-ce que d’autres qui s’apprêtaient à venir vont finalement venir ? Parce que quand des personnalités aussi craintes hier se retrouvent dans la nature comme ça, si elles ne sont pas rattrapées, pour les victimes c’est un risque potentiel », a expliqué Fayimba Mara.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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