Évasion de Dadis et Cie : l’OGDH s’inquiète et appelle la justice à « résister aux menaces de déstabilisation »

Alseny Sall, porte parole de l'OGDH

Les organisations de défense des droits de l’homme, préoccupées par les récents événements survenus à la maison centrale de Conakry, n’entendent pas garder le silence. Réagissant à l’attaque contre la maison centrale de Conakry, qui a conduit à l’évasion de 4 accusés dans le procès du massacre du 28 septembre 2009, le porte-parole de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), se dit inquiet. Alsény Sall demande à la justice « à prendre le pas sur l’injustice et sur l’impunité ». Il l’a dit ce lundi 6 novembre 2023 dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le samedi 4 novembre 2023, un commando lourdement armé a attaqué la maison centrale de Conakry, exfiltrant le Capitaine Moussa Dadis Camara, le Colonel Thigboro Camara, le Colonel Blaise Goumou et le Colonel Claude Pivi. Si les trois premiers ont été reconduits en prison, Claude Pivi demeure introuvable.

Cette évasion survient à un moment où de nouvelles inculpations sont enregistrées dans le cadre du procès des événements tragiques du 28 septembre 2009. Les défenseurs des droits de l’homme expriment leur vive préoccupation. Alseny Sall, porte-parole de l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme (OGDH), s’est dit à la fois surpris et inquiet. « C’est une situation qui est à la fois pour nous une surprise et inquiétante dans la mesure où le doyen des juges du tribunal de première instance de Dixinn a pris une nouvelle décision de renvoyer de nouvelles personnes devant ce tribunal pour être jugés pour les mêmes faits. Et comme vous le savez, à l’ouverture du procès, il y a eu de nouvelles dénonciations et suite à cela, des enquêtes ont été menées, de nouvelles personnes ont été arrêtées, inculpées et ont été renvoyées par devant le tribunal de Dixinn par une ordonnance le 30 octobre. Donc subitement, il y a cette situation qui touche quatre personnes, pas des moindres. Nous étions très inquiets parce que la question de sécurité a toujours quelque chose que nous avons redouté. Depuis le début de ce procès, nous l’avons toujours dit aux autorités de créer ce climat qui permet de renforcer la sécurité de tout le monde notamment les victimes, les magistrats, les avocats et tous les acteurs qui interviennent dans le procès », a dit Alseny Sall.

L’ancien ministre de la sécurité présidentielle sous le règne de Moussa Dadis Camara, le Colonel Claude Pivi est toujours en fuite. Pour Alseny Sall, cette situation ne devrait pas entraver le déroulement du procès du massacre du 28 septembre 2009. « Celui qui est dans la nature, c’est un militaire qui a occupé de hautes fonctions dans ce pays et qui a encore des agents qui obéissent à ses ordres. Pour le moment nous, nous suivons de près. Nous osons croire que cela ne va pas impacter négativement la suite du procès… ».

En outre, le porte-parole de l’OGDH a qualifié cette évasion de grave et appelle la justice à rester ferme face aux menaces de déstabilisation. « Il faut reconnaître qu’il y a eu des efforts du côté des autorités. Mais il ne faudrait quand-même pas aussi céder aux agissements des personnes qui ne veulent pas que ce procès ait lieu. La justice doit résister à ces tentatives de déstabilisation. La justice doit faire quand-même que ce procès puisse continuer. Nous demandons que la sécurité soit renforcée même autour de ces accusés qui sont à la maison centrale parce que nous, notre souhait est que tous les accusés soient là jusqu’à la fin de ce procès, pour que le tribunal, après, puisse nous élucider par rapport à ce qui s’est passé dans cette affaire. Si un des accusés n’est pas présent, ça peut faire perdre au procès en tout cas une des substances pour la manifestation de la vérité. Et c’est quelque chose que nous ne souhaitons pas. C’est pourquoi nous souhaitons que la sécurité soit renforcée autour de tout le monde : les accusés, les magistrats, les avocats, les organisations qui travaillent aux côtés des victimes, y compris vous, les journalistes. Il faut que l’Etat guinéen travaille dans ce sens. Nous sommes face à notre histoire. Il faut que la justice prenne le pas sur l’injustice et sur l’impunité », a plaidé le porte-parole de l’OGDH, Alseny Sall.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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