Centre de fumage de poissons de Koba : le calvaire des braves femmes de Boffa

Mamia Bangoura, Présidente du groupement Mangué Gadri de Koba

« C’est grâce à ce métier que je prends en charge mes six (6) enfants et ma famille toute entière, malgré les difficultés que nous traversons. Heureusement, il y a la sécurité, même si nous manquons de soutien des autorités. Il faut aussi savoir que dans ce métier nous sommes exposées à des problèmes de santé. Nous souffrons beaucoup de maux de tête, de la méningite, de la gastrite et d’autres maladies à cause de la fumée que nous respirons »…

Principalement, deux activités dominent le quotidien des populations de la sous-préfecture de Koba (préfecture de Boffa) : c’est l’agriculture et la pêche. Sous le régime du Général Lansana Conté (deuxième président de la République de Guinée), les femmes avaient été organisées en groupement et avaient donc bénéficié d’un soutien de l’Etat avec la construction au bord de la mer d’un centre de fumage de poissons, en 1998.

C’est là qu’un journaliste de Guineematin.com s’est rendu le 11 novembre 2023 pour rencontrer des femmes qui ont comme activité principale le fumage de poissons. En pleine activité et dans un centre gouverné par la fumée, Mamia Bangoura, en sa qualité de présidente des femmes fumeuses de Koba Taboria (ou du groupement Mangué Gadri) s’active au milieu de ses collègues pour fumer le poisson, totalement résignée.

« Nous sommes là et nous nous portons bien. Mais nous traversons d’énormes difficultés dans notre métier. Nous faisons le fumage de poissons ici avec les fagots de bois, dont l’obtention pose de véritables difficultés pour nous. Nous avons tellement dénoncé notre calvaire dans les médias sans avoir un retour ou suite favorable de la part des autorités, que, maintenant nous nous résignons à parler dans les médias. Nous achetons un fagot de bois à dix mille francs (10 000 GNF), alors qu’auparavant on pouvait l’avoir à 2 000 ou 5 000 GNF et nous pouvons utiliser plus de 5 tas de bois pour le fumage de poissons. Nous achetons le poisson au port, et pendant le repos biologique nous sommes confrontés aux crises de poissons », Mamia Bangoura.

Apparemment pessimiste, la présidente de ce groupement de fumeuses de 20 femmes, dit avoir sollicité la bienveillance des autorités, en vain.

« Vous savez, nous ne pouvons pas énumérer toutes les difficultés que nous rencontrons, car ça ne sert à rien d’en parler. Parce qu’après la conception de ce groupement de femmes au nombre de 20 dont je suis la présidente, nous avons tout fait pour solliciter de l’Etat un appui. Mais, nous n’avons eu aucun accompagnement des autorités ».

Malgré cet état de fait, ce métier permet à ces dames de valeur de faire face à l’éducation et l’entretien de leurs enfants.

« C’est grâce à ce métier que je prends en charge mes six (6) enfants et ma famille toute entière, malgré les difficultés que nous traversons. Heureusement, il y a la sécurité, même si nous manquons de soutien des autorités. Il faut aussi savoir que dans ce métier nous sommes exposées à des problèmes de santé. Nous souffrons beaucoup de maux de tête, de la méningite, de la gastrite et d’autres maladies à cause de la fumée que nous respirons », a indiqué Mamia Bangoura.

Pour maintenir l’unité du groupement, une tontine est mise en place et chaque membre est aidé en cas de nécessité.

« Nous collectons de l’argent que nous partageons entre nous pendant les moments difficiles de repos biologique pour que nous puissions subvenir  aux charges familiales », a fait savoir la Présidente du groupement Mangué Gadri.

De retour de Koba, Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

Facebook Comments Box