Deguerpissement à Dixinn : inquiets, des citoyens expriment leur ras-le-bol

Les autorités de la commune de Dixinn, une équipe de la direction générale du patrimoine bâti public (…) ont informé des citoyens de Dixinn vivants au bord des artères de reculer à quelques mètres. Impuissants, les occupants s’en remettent à la loi pour éviter de voir les machines démolir leurs locaux. Au micro de Guinematin.com, ces populations riveraines disent être surprises de cette décision. Car, dit-elles, elles n’ont jamais reçu une note d’avertissement de la part des autorités.

Mamoudou Ben Camara, domicilié à Dixinn

Mamoudou Ben Camara, est domicilié à Dixinn. « Ils sont venus le lundi pour mettre des croix tout en signifiant en bas de ces croix « 24 heures ». Moi je suis allé à la commune pour leur dire que vous avez mis des croix sur nos maisons mais nous avons respecté les 15 mètres qu’on demande. Déjà la route a pris les 15 mètres là, ils ont exploité. Donc vous venez encore pour une deuxième fois pour couper encore ce qui nous reste ? Ils sont venus aujourd’hui, on a mesuré, l’ancienne route qui tenait compte les 15 mètres n’existe plus. Cette nouvelle route là maintenant, ils tiennent compte de ça maintenant pour faire tomber nos maisons. On ne peut que se remettre à Dieu. Celui qui fait du mal à son prochain dans l’injustice, Dieu va le payer. C’est clair et net. Tous nos parents ont respecté ça. On a un titre foncier. Et nous aussi, nous sommes des héritiers, on a toujours respecté les 15 mètres là parce que nous savons tôt ou tard l’État va venir. Donc nous avons une culture de ça. On ne va jamais dépasser les limites. Vous voyez, nous sommes derrière les poteaux ».

Abdourahmane Kaba, marchand à Dixinn

Abdourahmane Kaba, marchand de profession, interpelle l’État. « C’est les familles qui sont victimes (…). L’État doit vraiment penser à cela puisque nous sommes là, on ne sait quoi faire. C’est là où nous vivons. Ils ont dit 24 heures. Il y a 72 heures nous sommes en train d’enlever nos matériels  et autres. Je ne dirai pas que ce n’est pas bon parce que ça rentre dans le développement du pays, je pense. Le souhait c’est quoi ? Une fois casser que les travaux commencent parce que nous ne vivons que de ça. C’est triste mais on peut prendre ça. C’est Dieu qui a décidé. On ne sait pas après ça, quel est le bonheur qui nous attend (…). Nous sommes à l’approche de la fin d’année. Et c’est en fin d’année que nous vendons des habits. C’est en fin d’année que les activités marchent. Si en ce moment ces choses arrivent, comme c’est Dieu qui a voulu, personne ne peut ».

Ousmane Sylla, alias planteur, autochtone de Dixinn
Ousmane Sylla, alias Planteur, autochtone de Dixinn. « Je n’arrive pas à comprendre parce que Dixinn est un ancien. Nous sommes des autochtones. La route avait passé depuis en 1985 avec le schéma directeur Bana Sidibé au temps de Conté (…). Moi qui vous parle, j’ai mon titre foncier depuis 1969. Et à un beau matin le lundi, qu’est-ce que je vois, je n’étais même pas à la maison, les frères m’ont appelé que le gouvernorat est venu pour démolir nos maisons. J’ai dit pourquoi, ils ont dit qu’ils ne savent pas. Qui nous a donné le titre foncier ? C’est l’État. Ça me surprend. Pourquoi prendre le titre foncier maintenant ? Quelle est la valeur du titre foncier ? C’est aberrant, c’est difficile. Si l’État veut dire, il doit voir d’abord les personnes concernées. Tout appartient à l’État. Nous n’avons pas de force mais il doit comprendre que nous sommes des autochtones. Avec la conjoncture actuelle on a rien. On s’en remet à Dieu ».
Alpha Amadou Barry, marchand au rond-point de Dixinn
Alpha Amadou Barry, marchand au rond-point de Dixinn. « À notre fort étonnement, à notre grande surprise, le lundi on a reçu une mission, que nous devons reculer de 2 mètres. Ils sont venus mesurer la route demandant de nous éloigner de la route à 7 mètres 50. Eux-mêmes, ils ont fait les mesures. Là là nous sommes en train de déguerpir. Ils nous ont donné 24 heures. Les 24 heures sont passées ils ne sont pas venus. Mais nous n’allons pas les attendre, on a anticipé parce que quand ils viennent, ils vont tout cassé. On ne s’attendait pas, on n’en a pas entendu parler. Nous supposons que la route est déjà faite. Dans ma boutique l’espace qui va me rester ne va même pas dépasser 3 mètres. Si L’État a un projet comme ça, il doit informer les populations à temps. Il ne faut pas venir comme dire à un père de famille où des gens qui se débrouillent de quitter dans 24 heures, ça nous a paniqué ».
Propos recueillis par Kaïn Naboun TRAORÉ pour Guineematin.com 
Tel : 00224 621144891 
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