Général Rémy Lamah (ex ministre de la Santé) accuse : « une page de la convention a été substituée par la société ZMC »

Comme annoncé précédemment, le Général Rémy Lamah, ancien ministre de Santé et la société SOGUIMAP sont jugés depuis ce mardi, 28 novembre 2023, par la Chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières pour des faits de corruption dans la passation, l’exécution et le contrôle des marchés publics, pour la fourniture de médicaments aux structures sanitaires. Devant cette juridiction, l’ex ministre n’a pas reconnu les charges alléguées contre lui et accuse la société ZMC, une des parties civiles dans cette affaire, d’avoir substitué une page dans le contrat qui la liait au ministère de la Santé, rapporte Guineematin.com à travers son équipe de reportage.

« En 2013 une première convention de 3 ans avait été signée avec la société ZMC. Elle devait finir en décembre 2015, et moi j’ai été nommé dans le gouvernement en 2014. Compte tenu de la situation épidémique liée à Ebola et vu que les vols étaient limités et les frontières étaient fermées, on a préféré pour ne pas qu’il y ait rupture reconduire cette convention de 3 années. C’est-à-dire de 2015 à décembre 2018. Le contrat a été signé par toutes les parties (le ministre des Finances, l’ACGP, la société elle-même plus moi). En 2016, j’ai quitté le gouvernement, j’ai été remplacé par le ministre Abdourahamane. Je suis revenu en novembre 2019 pour succéder au ministre Gnakoye Lamah. Je viens en 2019, je trouve le courrier d’échanges entre le ministre des Finances d’alors et son collègue de la Santé concernant la convention avec ZMC par rapport à la continuation. Elle estimait que la convention était de 3 ans renouvelables 3 fois au maximum. Or, moi qui ai signé le contrat en 2015, je connais ce qui a été conclu. Toutes les pages étaient paraphées, je ne me suis pas retrouvé dans ces documents. Je me rends compte qu’il y a une page de la convention originelle qui a été substituée, notamment la page N°6 qui fait allusion à la durée du contrat. Au lieu de 3 ans, ils ont mis une nouvelle copie, 3 ans renouvelables 3 fois au maximum ce qui fait 9 ans. Or, les conventions précédentes c’était 3 ans. Et dans l’article 4 si j’ai bonne mémoire, le gouvernement s’engageait à prendre dans le BND que 3 ans (2015, 2016, 2017 et décembre 2018). Donc il fallait en 2019 procéder à un nouvel appel d’offres, mais la société ZMC s’obstinait sur la page qui a été substituée par elle pour dire que la convention est pour 9 ans au lieu de 3 ans », a rappelé l’ancien ministre.

À l’époque, M. Lamah dit avoir attiré l’attention de la société mais elle est restée sur sa position. Par la suite, il reçoit les instructions du Premier ministre d’alors pour engager des poursuites judiciaires contre elle, mais à cause de l’intervention de sa maman, il n’a finalement pas agi.

Général Rémy Lamah, ancien ministre de la santé et de l’hygiène publique

« Le samedi j’étais à mon domicile, je me préparais pour sortir. Vers 10h30 je vois une délégation qui était assise devant ma mère. Je descends, je les connaissais tous, je leur serre la main. Ils ont dit qu’ils sont venus rencontrer ma maman mais j’ai dit dans quel cadre. Là je vois le responsable de la passation des marchés M. Condé, Mme Kaké et Dr Nouni Keïta qui se sont tous jetés aux pieds de ma maman pour demander pardon. J’étais étonné ! Ils sont venus dire à la vieille “on a gâté quelque chose, si vous n’intervenez pas auprès de votre fils, on est foutus”. Ils ont expliqué qu’ils ont substitué la copie. J’ai dit maman c’est administratif, c’est un dossier qui est extrêmement difficile à résoudre en famille, j’ai reçu des instructions du Premier ministre. Ils étaient tous à terre, la maman a pris la parole. Elle a dit si c’est toi qui a tété mon sein tu ne peux pas m’humilier devant ces personnes qui sont couchées à terre. Pour l’amour qui te lie à moi pardonne-les! J’ai dit maman ça va être difficile. On a échangé pendant longtemps, j’ai dit que j’ai compris. Je suis venu le lendemain, j’ai réuni le conseille juridique et je leur ai fait le compte rendu. Je n’ai pas agi…). C’est ce qui me suit aujourd’hui », a regretté le militaire avant de se prêter aux questions des avocats de la partie civile et du parquet.

Mme Pauline Kolié, représentante de la SOGUIMAP

Finalement, la Cour ordonne la comparution de Mme Pauline Kolié (représentante de la SOGUIMAP) et Dr Mamadou Pathé Sow (représentant de la société ZMC), et renvoie l’affaire au 05 Décembre 2023 pour la continuation des débats.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com 

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