Pollution du fleuve Koliba (Gaoual) : les responsables de la Commune Urbaine poursuivis en justice

Alors que l’exploitation même artisanale de l’or est jusqu’ici interdite par le gouvernement dans la préfecture de Gaoual (Kounsitel et commune urbaine), des individus, qui n’ont cure de cette interdiction, se sont permis de déployer de gros moyens sur certains sites aurifères pour trouver le métal jaune.

Ce qui a eu pour conséquence, en plus de la destruction du couvert végétal, de polluer l’eau du fleuve Komba dont le prolongement continue en Guinée Bissau à travers le fleuve Koliba.

Ainsi, la justice de paix de la préfecture, au vu de l’ampleur des dégâts, s’est auto-saisie pour poursuivre dix présumés auteurs composés du Président de la délégation spéciale, son vice-président, quelques membres de la délégation de la Commune urbaine de Gaoual, le Secrétaire général de la commune et des tombolomans, a appris un journaliste de Guineematin.com ce jeudi, 30 novembre 2023, de sources proches du dossier.

Le Colonel Ibrahima Sabou Camara, le Président de la délégation, Elhadj Bafodé Dramé, le Vice-président, Mamadou Baïlo Diallo, le Secrétaire général de la commune,  Aguibou Diallo, Mamadou Oury Baldé, Fara Julien Tonguino, Gnouma Solano, Abdoul Aziz Sow, Fodé Moussa Camara, sont entre autres les personnes poursuivies par la justice pour pollution du lit du fleuve de Komba. Depuis le début de la semaine, ils continuent de répondre aux questions des enquêteurs.

Contacté au téléphone ce 23 novembre, dans l’après-midi, Elhadj Bafodé Dramé, le Vice-président de la délégation spéciale, sans détour, a reconnu les faits. D’entrée, il reconnaît avoir été auditionné par les officiers de la police judiciaire.

« Je ne suis pas en prison. Je n’ai passé qu’une seule nuit. C’est avant-hier (ndlr : mardi). Mais au moment où nous échangeons, je suis à la mairie, à mon bureau où j’ai des documents à signer. J’ai été appelé sur instruction du juge qui a observé la pollution de l’eau. Comme chacun doit protéger l’eau de la pollution, des mesures ont été prises mais la situation est calmée maintenant », a expliqué laconiquement Elhadj Bafodé Dramé.

Le Vice-président de la délégation spéciale accuse les détenteurs de concasseurs de polluer l’eau du fleuve Komba.

« Ils ne creusent pas dans le lit du fleuve mais en amont. Ils utilisent des machines concasseuses pour creuser. Et ce sont les eaux de pluies qui ont drainé la boue dans le fleuve rendant l’eau complètement rouge. Nous même, quand on a vu, on était inquiet », a-il-dit, avant de soutenir qu’au moins 15 machines concasseurs ont été saisies par les autorités et envoyées au camp militaire.

Ce responsable local souhaite, pour arrêter ce drame écologique, que l’Etat interdise officiellement et définitivement l’exploitation artisanale de l’or, du moins pour le moment.

Le juge de paix de Gaoual, Oumar Doumbouya, joint au téléphone, a expliqué poursuivre les personnes citées ci-haut pour pollution du fleuve Komba, qui est un cours d’eau sous-régional. « Nous avons ouvert des enquêtes et le dossier suit son cours normal », a fait savoir le juge.

Faut-il rappeler que depuis l’apparition de l’or à Gaoual en avril 2021, l’exploitation artisanale a été interdite, au moins deux fois par le gouvernement. Mais ces interdictions ont toujours souffert d’application sur le terrain. Et depuis, ce sont plusieurs personnes qui ont perdu la vie, soit dans des accidents de circulation ou de l’éboulement. A cela s’ajoute la destruction de la nature ; notamment le couvert végétal et les cours d’eau qui ont été sérieusement endommagés par les orpailleurs clandestins.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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