Aly Badara Touré, rescapé de l’incendie de Kaloum : « la flamme est venue vers nous, elle a tout détruit… »

« il y a eu beaucoup de morts… c’est sur les rails là-bas, derrière le dépôt, qu’habitent les Téminès (les léonais). Sur place là-bas, il y a un premier corps qu’on a fait passer devant moi, puis un deuxième. Le troisième corps, malheureusement, c’était celui d’une dame léonaise que je connaissais bien. Elle et ses enfants, personne n’a pu s’échapper. J’étais désespéré, parce que j’ai vu des gens brûlés au niveau du visage. Moi, j’ai eu une fracture au niveau de la cuisse, des égratignures sur les genoux, et aussi j’ai un peu mal dans la poitrine. J’ai du mal à respirer.… »

Comme annoncé précédemment, un violent incendie s’est déclaré au dépôt central de carburant de Conakry dans la nuit du dimanche au lundi, 18 décembre 2023, à Coronthie. Le bilan officiel fait état de 13 morts et d’une centaine de blessés, selon un communiqué du gouvernement. Croisé à sa sortie de la salle des soins aux urgences de l’hôpital Donka, Aly Badara Touré, marche en claudicant. Cet agent de sécurité posté au port autonome de Conakry se croyait dans un film au moment des faits. À peine libéré par les médecins, ce rescapé de l’incendie, interrogé par un reporter de Guineematin.com, a expliqué ce qui s’est passé.

« C’était vers 00 h que moi j’ai senti de l’essence. Tout de suite, j’ai alerté mes amis (vigiles) avec qui j’étais de garde dans le port, comme quoi cette odeur d’essence persiste. Ils m’ont dit certainement qu’ils sont en train de faire de la vidange. Je leur ai dit que je ne pense pas que cela soit une simple vidange, et je leur ai aussitôt demandé de changer de position. Du coup, j’ai aperçu un nuage de flammes se dégager dans le dépôt. C’est ainsi que le temps pour nous de s’enfuir, la flamme était déjà arrivée à notre niveau (la cour du port autonome).  Mais, je vous assure que c’était tel un film de guerre. On a vu la flamme venir en courant vers nous. Elle a détruit tout ce qu’il y avait sur son chemin dans le port. La flamme a aplati les conteneurs et beaucoup d’autres choses », a expliqué le vigile.

Par ailleurs, notre interlocuteur parle de cas de morts enregistrés. « On a un ami, un agent qui aurait perdu la vie. J’ai appris qu’il a été conduit dans un hôpital aussi. Nous, on a pu au moins récupérer nos effets et sortir du port. Mais, il y a eu beaucoup de morts quand même. Parce que c’est sur les rails là-bas, derrière le dépôt, qu’habitent les Téminès (les léonais). Sur place là-bas, il y a un premier corps qu’on a fait passer devant moi, puis un deuxième. Le troisième corps, malheureusement, c’était celui d’une dame léonaise que je connaissais bien. Elle et ses enfants, personne n’a pu s’échapper. J’étais désespéré, parce que j’ai vu des gens brûlés au niveau du visage. Moi, j’ai eu une fracture au niveau de la cuisse, des égratignures sur les genoux, et aussi j’ai un peu mal dans la poitrine. J’ai du mal à respirer. J’ai reçu quelques soins et je rentre chez moi », a confié la victime.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél : 626-66-29-27

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