Prévention et gestion des crises en Guinée

Alpha Oumar Telico Baldé, enseignant-chercheur, Politologue, Consultant en gestion de crise

Par Alpha Oumar Telico Baldé, enseignant-chercheur, Politologue, Consultant  en gestion  de crise : Le processus de gestion des crises repose sur des différentes étapes résumées généralement en six étapes importantes qui ne  se sont pas assez appliquées dans la politique publique guinéenne. Quelle que soit la nature de la  crise, elle répond au processus de gestion de crise et presque le même qui se décompose en six  étapes, chacune ayant des spécificités particulières.

Phase 1 : survenue d’une crise majeure

Tout d’abord, une crise est un blocage dans le fonctionnement normal d’une organisation ou  d’une société, qui est le fruit d’un incident agressif et soudain , qui représente une grave menace  sur la stabilité , ou même sur leur existence en raison de son caractère violent et soudain, l’élément déclencheur appelle une manifestation immédiate.

Phase 2 : création d’une Cellule Interministérielle de Gestion de Crise (CIGC) par des réunions  interministérielles.

Lorsqu’une crise devient intense et fréquente , elle affecterait forcément l’ensemble des  départements ministériels directement ou indirectement, pour éviter un tel fait, il serait  nécessaire de prévoir une réponse générale à toute forme de crise par l’État. Dans le but  d’amender la coordination des activités des ministères , le premier ministre devra créer et faire  fonctionner une CIGC et devra confier l’accomplissement des opérations à un ministre ou une personne ressource qu’il  désignera en fonction de ces compétences dans la gestion des crises ou en fonction de la nature  et du degré de la crise. Dans les conditions normales , cette opération sera pilotée par le ministre  de l’intérieur lorsque la crise concerne l’intérieur du territoire national et le ministre des affaires  étrangères si la crise se produit en dehors des frontières nationales.

Phase 3 : Organisation et fonctionnement de la CIGC

La CIGC devra être composée des représentants des ministères concernés ainsi que d’experts ou d’opérateurs.

La CIGC devra être constitué de 4 cellules :

➢ La cellule « situation » qui sera chargée de dresser l’état des lieux de la crise en  s’intéressant aux causes profondes (lointaines et actuelles), à ses effets matériels et  humains ainsi que potentielles.

➢ En complément, la Cellule « anticipation » est chargée d’identifier tout phénomène pouvant compliquer la gestion de la crise et proposer un plan d’action pouvant être mise  en œuvre pour éliminer la menace ou la crise elle-même.

➢ Une fois le diagnostic réalisé, la Cellule « décision » aura pour mission d’examiner les  propositions d’actions produites par les cellules « situation » et « anticipation » et  prendra les décisions pour la conduite de la crise. Elle donne également les directives  nécessaires à la mise en œuvre des décisions prises et s’assure de leur exécution.

➢ La cellule « communication » chargée d’élaborer un plan de communication et  d’orientation du discours qui devra être cohérent avec l’ensemble des membres de la  CIGC. Ce plan consisterait à informer la population sur la situation de la crise et les  mesures prises pour arrêter son évolution. Par ailleurs , elle favorise la diffusion des  recommandations nécessaires pour une sortie de crise.

Phase 4 : gestion des opérations

Sur le territoire national, la gestion des crises dépend de l’aptitude des préfets, des  gouverneurs et des élus locaux des différentes circonscriptions géographiques ou  administratives.

Phase 5 : synthèse et fin de la crise

Sortir d’une crise est la plus grande difficulté que nous pouvons imager. A première vue, on croirait que la sortie d’une crise commencera dès la première baisse d’intensité de  celle-ci. Cependant , certaines crises peuvent apparemment baisser en intensité, mais  parfois connaissent un rebondissement lorsqu’elles sont mal gérer. En d’autres termes , une  sortie de crise supposerait de mettre un terme aux mesures spécifiques liées à la gestion de  crise. En bref, au terme d’une crise, il serait important de dresser un bilan de sortie de  crise de par sa gestion et de prendre en compte les nouvelles expériences acquises afin  d’améliorer les pratiques de diffuser la culture de risques de crise.

Phase 6 : prophylaxie aux prochaines crises :

Pour mieux contrôler les crises , le gouvernement devra se préparer en amont. Pour y arriver, il devra disposer de plusieurs moyens.

Pour cet objectif , il serait important d’avoir un plan adapté à chaque zone de crise

➢ Les plans :

Planifier la disposition à préparer la prise de décision des autorités pour faire face à une  crise.

Le gouvernement doit disposer d’un ensemble de plans sectoriels , étendus au niveau local  ou national, en anticipant les crises de grande ampleur et de catastrophe. Chacun devra  correspondre à un risque ou une crise probablement identifiés ou non. Tous ces plans  devront faire l’objet d’une mise à jour selon les temps et les circonstances à chaque fois que  cela est nécessaire et lorsque des nouveaux risques sont identifiés , des nouveaux plans  devront être raffinés.

Ces plans devront avoir pour vocation :

  • Anticiper le développement et les conséquences d’un événement désastreux , • Renforcer la sécurité et la résilience de la population, des opérateurs et des infrastructures face à une crise majeure.
  • Enfin à favoriser la qualité de la rédaction face à une crise en proposant des mesures et des plans d’actions, en facilitant la prise de décision par les autorités publiques ainsi qu’en maximisant la mobilisation et la coordination de l’ensemble des acteurs .

Il existe une vingtaine de plans et autant de déclinaisons spécifiques. Ils se distinguent en  deux grandes catégories : les plans nationaux et les plans territoriaux.

  1. Plans nationaux :

Les plans gouvernementaux ont pour objectif d’organiser la mise en œuvre des actions de l’Etat  face à des risques et menaces d’envergure nationale en liaison avec les collectivités territoriales  , les opérateurs et les citoyens.

Ces plans devront être élaborés sous le patronage du secrétariat général de la Présidence ou le ministre de la défense et de la  sécurité , ils seront des outils d’aide à la décision pour les plus hautes autorités de l’Etat.  En cas de crise majeure, ils facilitent la coordination de l’action des différents ministères concernés avec les partenaires extérieurs. Ainsi que la centralisation et de la conduite de la crise  sous l’égide de la CIGC. Cette organisation permettra au premier ministre d’exercer, en étroite  collaboration avec le président de la république , sa responsabilité de diriger la conduite du  processus de sortie de crise.

Ces plans pourront servir sur le niveau de la menace terroriste. Un ensemble de plans  fonctionnants en complémentarité , les plans des familles pirates , doivent être élaborés dans la  mesure d’améliorer les capacités de l’État et de ses partenaires. Par ailleurs, les plans spécifiques répondent à des risques sanitaires , naturels ou technologiques identifiés , tels que  les pandémies, les épidémies etc…

  1. Les plans territoriaux :

Lorsque ces plans sont destinés au niveau territorial , les plans nationaux font d’une désinence ajustée aux caractéristiques locales , au niveau de la zone de défense et de sécurité , voire du  département. Il existe plusieurs dispositions à mettre en place au niveau local sous l’auspice des  différents ministères à gérer des situations d’urgence et les risques du quotidien.

❖ La veille :

Les crises n’apparaissent jamais sans présenter des signes observables et devront être anticipés. Pour y arriver des moyens humains et techniques devront être déployés pour  effectuer une mission de veille. Les autorités locales et les opérateurs devront être équipés  d’outils de veille performants et adaptés à chaque type de risque.

En outre, la diffusion d’une culture de risque , grâce à des campagnes nationales de  sensibilisation , permet de renforcer la vigilance collective et de détecter des signes précurseurs de crise.

  1. Les exercices :

Les exercices permettront de tester les modalités de réparation et d’intervention des pouvoirs  publics et de tirer les enseignements nécessaires à l’amélioration du dispositif. Des exercices  de crise sont organisés par l’Etat sur les risques les plus probables. Les participants qui devront venir de tous les horizons seront placés dans une configuration la plus réaliste possible dans le  but d’apprendre à travailler ensemble, de s’approprier des procédures, les outils et d’identifier les besoins éventuels. L’exercice s’étend en général au moins sur une demi-journée.

Cette pratique consiste à rapprocher des personnes de cultures et d’ethnies différentes autour de la lutte contre l’ethnocentrisme en Guinée.

L’analyse de l’exercice permettra d’apporter des corrections là où des faiblesses seront  constatés.

Je me mets à la disposition du gouvernement pour toutes les informations  complémentaires et pour tout plan que le gouvernement voudrait ajuster à ces  présentes idées. Contribution d’un citoyen épris de paix et de justice car sans paix pas de  développement. Par cette occasion, je présente toutes mes condoléances aux familles des victimes de ces incendies à Kaloum.

Par Alpha Oumar Telico Baldé, enseignant-chercheur, Politologue, Consultant en gestion de crise

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Tel: +224 628616089

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