Manque d’essence à Conakry : désemparés, des conducteurs de tricycles tirent la sonnette d’alarme

L’incendie du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum a causé d’énormes difficultés dans le secteur des transports en Guinée. La mesure de fermeture des stations-services, prise par le gouvernement, a sérieusement secoué les transporteurs, notamment les conducteurs de tricycles qui tirent le diable par la queue. Aujourd’hui, leurs activités tournent au ralenti et nombre d’entre eux ont garé leurs engins en attendant des jours meilleurs. Tel est le constat fait à Conakry par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Depuis le drame survenu à Kaloum, avec 18 morts et de très nombreux blessés, la circulation est morose dans la capitale guinéenne avec le manque de carburant. Plusieurs chauffeurs ont garé leurs véhicules, exceptés ceux qui ont des véhicules diesel. C’est le cas des tricycles qui n’utilisent pas le gasoil.

Alpha Mamoudou Sow, chauffeur tricycle

Alpha Mamoudou Sow, chauffeur de tricycle, explique le calvaire auquel il est confronté. « Nous sommes dans une situation difficile. Vous avez constaté que nous sommes tous assis là parce qu’il n’y a pas d’essence. Depuis lundi, nous ne travaillons pas. Chaque jour, nous nous levons tôt le matin pour nous arrêter à la station dans l’espoir de gagner du carburant. Mais en vain. Ils ne servent pas d’essence, c’est juste du gasoil. Nous sommes là, sans travail. C’est très difficile pour nous actuellement. Ce sont nos économies qu’on dépense, pour ceux qui en ont. Nous aussi, que les autorités nous aident à avoir du carburant pour que nous puissions nous débrouiller aussi. Nous souffrons. Ce sont les autres seulement qui travaillent, ceux qui utilisent le gasoil », a-t-il lancé.

Ousmane, chauffeur de tricycle

Même son de cloche chez Ousmane, qui souffre au même titre que les autres. Sa moto se trouve à la station depuis quelques jours par manque de carburant. « Les gens souffrent ici. Beaucoup de chauffeurs sont assis, beaucoup de motos (tricycles) se trouvent à la station. Actuellement, c’est seulement les véhicules à gasoil qui circulent. Beaucoup d’entre nous, leurs motos sont à la station. Vous avez constaté qu’il n’y a pas beaucoup de passagers qui sont arrêtés ici et il n’y a pas de véhicules. Les tricycles ne carburent pas du gasoil, juste de l’essence. Moi personnellement, ma moto a fait cinq (5) jours à la station », a-t-il indiqué.

Abdourahamane Diallo, chauffeur de Tricycle

Pour sa part, Abdourahmane Diallo, un autre chauffeur de tricycle, déplore la situation. Contrairement aux autres, il a pu se débrouiller ce jeudi avec un peu d’essence. Mais, le litre coute les yeux de la tête. « J’ai été surpris par cette situation. Le lendemain matin, je n’avais pas d’essence dans ma moto. Depuis le lundi, je n’ai pas travaillé. C’est hier nuit que quelqu’un m’a aidé à avoir un peu d’essence pour me débrouiller au moins la matinée. L’essence est vraiment chère. J’ai acheté le litre à 40 000 GNF. Si tu restes à la maison sans travailler du lundi au jeudi alors que tu dois manger, payer du transport pour chercher de l’essence, c’est difficile. Là, il faut que les autorités nous aident en libérant l’essence pour que les gens puissent travailler. Sinon, ce n’est pas bon. Quand les passagers disent que le prix fixé est cher, c’est vrai, mais ce qu’ils n’ont pas compris, c’est le prix de l’essence qui coûte cher. Tu ne peux acheter un litre à 40 000 francs guinéens et tu fais payer aux passagers 2 500 GNF. Sinon, ce n’est pas la peine de travailler parce que nous ne savons jusqu’où iront les choses », a laissé entendre Abdourahmane Diallo, chauffeur de tricycle.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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