Clôture des débats dans l’affaire Damaro Camara et Cie à la CRIEF : les réactions des avocats de la défense et de la partie civile

Honorable Amadou Damaro Camara, ex président de l'Assemblée nationale

Comme annoncé précédemment, les débats ont été clôturés ce jeudi, 11 janvier 2024, dans le procès de Amadou Damaro Camara (ex président de l’Assemblée nationale) et Cie devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Ce qui ouvrir désormais la voie à la phase des réquisitions et plaidoiries dans cette procédure où les prévenus (Amadou Damaro CAMARA, Michel KAMANO, Zeinab CAMARA et Jin Sun CHENG) sont poursuivis pour « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans les secteurs public et privé, prise illégale d’intérêts et complicité ». Ces faits portent sur un montant de 15 milliards de francs guinéens destinés à l’aménagement du site pour la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma, dans la commune de Ratoma.

Au sortir de l’audience de ce jour, les avocats constitués dans cette affaire ont livré leur sentiment au micro d’un reporter de Guineematin.com qui était sur place. Maître Santiba Kouyaté, membre du collectif des avocats de la défense d’Amadou Damaro Camara, s’est réjoui de la clôture des débats. Il assure que ce dossier contre son client est « vide » et il va le démontrer devant cette juridiction.

Me Santiba Kouyaté, avocat

« C’est sur la demande de la défense de Monsieur Amadou Damaro Camara que la Cour a ordonné les réquisitions et plaidoiries. Depuis l’entame de cette procédure jusqu’à date, nous avons toujours dit et répété que le dossier Amadou Damaro Camara est un dossier vide. Vous avez pu comprendre cela à travers les débats. Toutes les questions posées ici par les parties poursuivantes, je veux parler de Monsieur le procureur spécial, l’agent judiciaire de l’État, aucun élément factuel n’a été produit aux débats pour dire que Monsieur Amadou Damaro Camara a détourné le montant de 15 milliards. Bien au contraire, il a renoncé à son budget de souveraineté pour faire face à cette urgence relative à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma. Il l’a dit. Il ne peut pas renoncer à son budget de fonctionnement, à coup de plusieurs milliards et prétendre percevoir encore des commissions du gouvernement sur ce montant. Donc, quand la cour ordonne aujourd’hui l’avancée de la phase finale, c’est-à-dire les réquisitions et plaidoiries, monsieur Amadou Damaro Camara à travers sa défense ne peut que se réjouir. Nous sommes prêts à plaider ce dossier. Vous l’avez entendu. Même si c’était aujourd’hui qu’il fallait le faire, nous sommes prêts. La défense de Monsieur Amadou Damaro Camara était prête à plaider le dossier aujourd’hui. C’est ce que nous avons appelé de tout notre vœu. Quelle que soit la date, la défense de Monsieur Amadou Damaro Camara est prête à plaider le dossier. Les mots me manquent pour dire combien de fois ce dossier est vide. Il a produit tous ces titres de propriétés. Ces titres sont antérieurs à son entrée en fonction en tant que président de l’Assemblée nationale. Tenez bien, Monsieur Amadou Damaro Camara a fait près de 38 ans sans travailler au sein de l’administration guinéenne. Toute la fortune qu’il a faite, c’était dans le privé. Donc, sur ce plan d’enrichissement illicite, ce point n’a pas lieu d’être », a dit Me Santiba Kouyaté.

De son côté, Maître Amadou Baben Camara, avocat de l’État guinéen constitué partie civile dans cette procédure, a dit être prêt pour les réquisitions et plaidoiries. Il soutient les réponses fournies par Amadou Damaro Camara sur les 15 milliards et l’origine de son patrimoine sont insatisfaisantes et il promet de présenter des pièces lors de la prochaine étape pour étayer ces points.

Me Amadou Baben Camara, avocat

« L’État est enfin prêt pour les réquisitions et plaidoiries. C’est pourquoi il ne s’est pas opposé à la demande du ministère public tendant au renvoi de cette affaire pour les réquisitions et plaidoiries. Les réponses données par Monsieur Amadou Damaro Camara laissent à désirer. Ce sont des réponses qui ne sont pas convaincantes. Non seulement elles ne sont pas convaincantes sur les 15 milliards, mais aussi sur l’origine de son patrimoine. Mais, au moment venu, nous allons le démonter. Par rapport au 15 milliards, nous aurons des pièces à soumettre lors de la prochaine étape. En ce qui concerne l’origine de son patrimoine, c’est à Monsieur Amadou Damaro Camara de fournir des pièces. Il n’a nullement démontré comment il a pu acquérir plus de 75 parcelles avec ses propres fonds, il n’a pas pu démontré avec quelle somme il est venu des Etats Unis. Il a parlé d’une entreprise ici, mais c’est une entreprise fantôme puisqu’il n’a aucune documentation la concernant, ni sa liquidation. Au moment opportun, nous allons mettre tout sur la table. Ce dossier comme d’autres a connu des reports… Mais à ce jour, je suis vraiment content de la sagacité de la Cour, de sa sagesse à prendre tout ce temps pour qu’il y ait de la lumière dans cette affaire. Je suis vraiment satisfait que cette affaire ait eu une avancée significative », a déclaré Me Amadou Baben Camara, avocat de la partie civile.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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